jeudi 17 mars 2022

CATWOMAN #41, de Tini Howard et Nico Leon


Ce quarante-et-unième épisode de Catwoman est... Bof, dirons-nous. Bien que Tini Howard soit connue pour ne pas abattre ses cartes rapidement, on est bien en peine de savoir où elle veut en venir au bout de trois numéros, sachant que le mois prochain s'achèvera son premier arc narratif sur la série. Nico Leon, quant à lui, fait des choix graphiques très discutables, avec une nouvelle coloriste.


Choquée par les meurtres de Valmont, Catwoman s'interroge sur ce qu'il va faire des corps des sbires de Noah Goddard. Lorsqu'elle l'apprend, elle fuit et sème Valmont qui est attaqué par Onyx Adams, une ancienne tueuse de la Ligue des Assassins, désormais alliée de Batman.
 

Onyx est au courant des mouvements récents de la pègre gothamite. Catwoman la convainc de l'aider en utilisant Dario Tomassi. Elles le surprennent sur le point de faire sauter l'hôtel Trixie, qui appartient à son père, qui vient de lui préférer Noah Goddard pour diriger ses affaires.


Catwoman veut monter Finbar Sullivan contre le reste des parrains de la pègre. Pour cela, elle s'en prend à ses hommes de main avec le renfort de Onyx. En difficulté, les deux femmes peuvent s'éclipser grâce à l'aide de Dario.


Au courant de cette attaque, Sullivan accuse Don Tomassi puisque son fils a été identifié. Black Mask met fin à cette querelle en persuadant les caïds d'éliminer Catwoman. Celle-ci offre un refuge à Dario tandis qu'Onyx se retire. Mais Eiko Hasigawa avance ses propres pions...

Une chose m'a profondément troublé - et même dérangé à la lecture de cet épisode. Outre que Tini Howard finisse son arc le mois prochain, elle produit un chapitre qui m'a fait penser à ce que Ram V écrivit quand il oeuvrait sur Catwoman.

En effet, Ram V avait montré Catwoman dans Alleytown cherchant à intimider un des cadres de la pègre de ce quartier pour prendre l'avantage sur les autres. Une manoeuvre qui établissait Selina Kyle comme une stratège similaire à Batman, possédant toujours un coup d'avance. Mais la différence entre Ram V et ce que propose pour l'heure Tini Howard, c'est l'objectif.

En effet, Ram V posait comme but à Catwoman la (re)conquête d'un titre de "reine de Alleytown". Elle voulait ainsi symboliquement mais aussi concrètement succéder à la femme qui l'avait formée, Mama Fortuna. Mais maintenant qu'elle évolue dans les beaux quartiers de Gotham, sa haute ville, que cherche vraiment Catwoman ? Si ce sont les ennuis, elle les a déjà trouvés. Mais sinon ?

En vérité, au bout de trois épisodes sur les quatre que comptera cet arc, je ne sais toujours pas ce que Catwoman fiche dans Gotham uptown. Quelle est son ambition ? Son objectif ? Au début du run de Tini Howard, elle donnait l'impression de profiter de l'absence de Batman pour regoûter à l'ivresse des sommets, observer les forces en présence dans la pègre, constater le retour de Black Mask, puis déplorer le meurtre de Kristi son amie danseuse. Mais à part ça ? 

Que veut nous dire, nous raconter Tini Howard ? Ce n'est vraiment pas clair. Catwoman se pose-t-elle en justicière, qui veut venger Kristi, affronter Black Mask, démanteler la pègre ? Ou cherche-t-elle à se faire une place au soleil dans ce milieu de bandits ? Cette seconde option colle avec la note d'intention de la scénariste qui affirmait vouloir à nouveau mettre en scène Selina Kyle comme une cambrioleuse... sauf qu'elle n'a rien volé. Et qu'elle s'est mise à dos de redoutables gangsters, puis doit composer avec ce mystérieux Valmont qui, lui aussi, semble vouloir débarrasser Gotham de ces crapules (sans rechigner à les tuer), et cette fois avec Onyx Adams.

J'avoue, je ne connaissais pas ce personnage, et j'ai donc dû me renseigner à son sujet pour découvrir qui elle était (même si Tini Howard résume son c.v. en voix off). Toutefois, on n'est guère plus avancé car Onyx Adams traverse cet épisode de manière bien bizarre, méfiante devant les intentions de Catwoman, puis s'éclipsant aussi subitement qu'elle est apparue en la laissant dans la mélasse avec Dario Tomassi. La couverture (de Jeff Dekal) promettait quelque chose d'épicé entre les deux femmes, il n'en est rien. A l'image de l'épisode entier. C'est très déroutant.

Côté visuel, ce n'est pas mieux car Nico Leon... Comment dire ?... Bon, allons-y carrément, c'est un escroc. S'il avait fait illusion sur les deux épisodes précédents, cette fois, c'est une telle déception que ça frise le foutage de gueule.

Sans qu'on l'ait vu venir, Jordie Bellaire a quitté la série (j'ignore pourquoi, et on ne le saura jamais. Elle travaille beaucoup, sans doute a-t-elle dû renoncer). Elle est remplacée par Veronica Gandini. Parfois un changement de cet ordre n'est rien. Parfois il agit comme un révélateur terrible. Gandini n'est pas mauvaise dans sa partie et elle fait d'ailleurs un bon boulot.

Mais elle participe aussi à montrer les procédés jusque-là dissimulés visiblement par Bellaire. Nico Leon ne dessine pas de décors, en vérité il se sert de fichiers photonumériques et y plaque les dessins de ses personnages. La colorisation de Gandini, plus claire que celle de Bellaire, révèle ce procédé dans toute sa laideur, on croirait lire un mauvais roman-photo avec uniquement des personnages dessinés. 

Cette technique est employée par d'autres dessinateurs, de la même manière, comem Salvador Larroca ou Greg Land (qui, eux, en plus, décalquent souvent carrément des photos pour les personnages aussi). Je n'ai rien contre le dessin numérique, c'est une pratique aujourd'hui répandu, et comme tout outil, s'il est bien manié, il peut donner de belles choses. Mais encore faut-il justement bien le manier. Et Nico Leon fait le strict minimum. Pour un résultat franchement déplorable. Les effets infographiques sont trop voyants pour être agréables, en tout cas pour moi. Je trouve ça paresseux et moche.

Dans ces conditions, à moins d'un quatrième chapitre vraiment accrocheur pour la suite, il est plus que probable que l'aventure Catwoman by Tini Howard s'achève précocèment. Je préfère trop les comics avec un programme clair pour perdre mon temps avec un premier arc trop nébuleux, et lesté de dessins aussi maladroits.

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