jeudi 24 février 2022

ELEKTRA : BLACK, WHITE & BLOOD #1, de Charles Soule et Mark Bagley, Leonardo Romero, Declan Shalvey et Simone d'Armini


Je me suis procuré les deux premiers numéros de cette anthologie alors que je ne prévoyais que d'acheter le deuxième (qui comporte une histoire par Greg Smallwood). Suivant le même principe que pour d'autres projets (impliquant Wolverine, Deadpool, et chez DC Superman ou Wonder Woman), il s'agit pour des auteurs de produire de courts récits illustrés en utilisant seulement trois couleurs. Cette fois, c'est Elektra qui a inspiré les scénaristes et dessinateurs.


- Red Dawn. (Ecrit par Charles Soule, dessiné par Mark Bagley.) - Dans cette histoire, Elektra est vaincue par un groupe de vampires et désormais contaminée, elle doit consentir à l'ultime sacrifice...


- Not The Devil. (Ecrit et dessiné par Leonardo Romero.) - Dans cette histoire, Elektra traque un membre de la pègre, Shigeru Ono, qui tente de fuir New York. Mais elle découvre qu'il emmène avec lui sa fille, qu'elle se refuse à exécuter...


- The Crimson Path. (Ecrit par Declan Shalvey, dessiné par Simone d'Armini.) - Elektra vient au secours d'une jeune fille poursuivie par des tueurs. Au terme de la bataille, elle comprend qu'elle a hérité du titre de la cible comme assassin ultime...

Or, donc, j'étais parti pour acquérir le n°2 de Elektra : Black, White & Blood pour lire l'histoire qu'a écrite et dessinée Greg Smallwood (et dont j'avais parlé dans ma rubrique Des Nouvelles Nouvelles Toutes Fraîches). Et je suis revenu avec le n°1 en plus parce que Leonardo Romero était au générique...

D'habitude, je suis pas client de ces anthologies trichromatiques, que ce soit chez DC ou Marvel. Je n'ai rien contre, et même au contraire, ça peut être intéressant de voir comment des auteurs se débrouillent avec un format court et des contraintes graphiques. Mais en revanche je suis beaucoup plus perplexe sur le fond de l'affaire qui consiste surtout à mettre en avant des personnages réputés pour leur violence (en tout cas chez Marvel) sous couvert d'exercices esthétiques (tandis que chez DC, pour Superman et Wonder Woman, le spectre des histoires est plus large, même si la forme est gadget).

Mais, donc, Greg Smallwood et Leonardo Romero, deux artistes dont je suis fan, et qui m'ont convaincu de débourser quelques Euros. Pour quel résultat ?

Dans ce premier numéro, on a droit à trois récits. L'héroïne est donc Elektra. Noir, blanc et sang sont des couleurs qui lui correspondent sans problème. La création de Frank Miller reste un personnage qui conserve un pouvoir de fascination intacte, comme si rien ne pouvait l'abîmer. Pourtant Marvel semble souvent ne pas savoir quoi faire d'elle : véritable méchante, ou créature plus équivoque, éternelle femme fatale dans le sillage de Daredevil, elle fut même un temps membre des Thunderbolts (durant le bref run de Daniel Way et Steve Dillon) ! Elle a subi des relookings souvent hasardeux puis on lui a rendu son look d'origine, indépassable. Et si en fait Elektra résistait à tout ?

Partant de là, quel risque court-on de l'animer dans une anthologie consacrée à ses "exploits" ? Au moins, cela présente l'avantage de l'écrire et de la dessienr hors de toute continuité et au gré de la fantaisie de chacun. Si elle tombe entre de mauvaises mains, ce sera vite oublié. Si elle est bien dirigée, ce sera un bon point de plus à son palmarès.

On a une bonne idée avec ce premier numéro de ce à quoi peuvent ressembler ces expérimentations. Prenez Charles Soule et Mark Bagley : le premier a scénarisé Daredevil mais, curieusement, sans s'être vraiment servi d'Elektra (sinon dans un très bref arc), et le deuxième n'a, à ma connaissance, ajmais dessiné la tueuse au cours de sa longue carrière. Leur récit est étrange, funèbre, et pourtant envoûtant. Bagley est étonnamment bon sur ce coup et Soule très sobre. Ce n'est pas renversant mais intéressant.

Leonardo Romero leur succède et se montre très inspiré. Il puise à la source de Frank Miller en évoquant la période où le personnage d'Elektra est apparu et où le lecteur ne la situait pas du tout. Elle assassine plusieurs membres de la pègre et traque un asiatique qui veut fuir New York à la suite de ces carnages. En s'apercevant qu'il emmène avec lui sa fille, Elektra ne se résoud pas à la tuer mais complètera quand même son contrat. C'est cruel, hyper dynamique, et visuellement magnifique. Romero mériterait vraiment une seconde chance, lui qui m'avait ravi sur le run de Kelly Thompson avec Hawkeye et qui, depuis, vivote d'éditeur en éditeur.

Enfin, Declan Shalvey raconte un dernier segment métaphorique sur le thème de l'assassin ultime. C'est violent, sanglant, et étrangement beau malgré tout. Dommage qu'il n'ait pas dessiné également (mais il est fort occupé par ailleurs). C'est donc à Simone d'Armini, un artiste italien encore méconnu, qu'échoît la partie visuelle. Le résultat ne manque pas de style mais souffre parfois d'un manque de lisibilité, ce qui ne pardonne pas quand on travaille avec seulement trois couleurs. Toutefois, belle idée de colorer la tenue d'abord virginale d'Elektra avec le sang de ses adversaires pour qu'elle soit écarlate telle qu'on la connaît.

L'ensemble se lit donc bien, même si, sans surprise pour ma part, Leonardo Romero domine les débats. Un constat qui se confirmera avec le deuxième numéro. Mais ça, je vous en parlerai demain...

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