vendredi 21 janvier 2022

SUPERGIRL : WOMAN OF TOMORROW #7, de Tom King et Bilquis Evely


C'est déjà l'avant-dernier épisode de Supergirl : Woman of Tomorrow et je regrette déjà que la fin soit proche tant Tom King et Bilquis Evely ont superbement réussi à réaliser une histoire originale avec la cousine de Kal-El. C'est un chapitre spectaculaire et intense que signent les deux acolytes, qui explorent les notions de vengeance, de revanche de manière poignante et percutante. D'ores et déjà un classique.
 

Supergirl se tient, dans l'espace, face au navire des brigands. Ceux-ci, mus par la solidarité entre membres de leur milieu, savent que Krem des collines jaunes a été appréhendé et veulent le libérer. La kryptonienne veut les en dissuader et mettre fin à leurs mauvaises actions définitivement.


Sur une plage de la planète la plus proche, Comète, le cheval de Supergirl, veille. Krem des collines jaunes est ligoté et bâillonné à un arbre et Ruthye aimerait profiter de la situation pour venger son père. Pourtant elle a juré à Supergirl de se tenir tranquille.


Dans l'espace, après avoir été une première fois repoussée par les tirs de canons des brigands, Supergirl revient à la charge et endommage leur navire. Sur le pont, elle engage le combat contre ses adversaires qui parviennent à la maîtriser. Leur chef est prêt à la tuer avec une balle de kryptonite.


Sur la plage, Ruthye a débâillonné Krem qui ne cesse dès lors de la provoquer en affirmant que les brigands vont tuer Supergirl, puis le libérer, et alors il la tuera. Comète entend la bataille dans l'espace et s'affole. Ruthye l'encourage à partir aider sa maîtresse en lui jurant qu'elle ne tuera pas Krem...

C'est, encore une fois, un épisode magnifique, aussi flamboyant visuellement que poignant narrativement. De ces épisodes dont on sait qu'ils assurent à la série entière un statut de classique, dans lequel scénariste et artiste communiquent si parfaitement que chaque page semble le produit d'un seul effort.

Supergirl : Woman of Tomorrow aura montré qu'il est possible d'écrire une aventure de la cousine de Superman sans en faire un personnage au rabais, une simple copie féminine du Man of Steel. Bien entendu, ça ne signifie pas que, auparavant, d'autres n'ont pas aussi bien traité Kara Zor-el, mais Tom King a entraîné l'héroïne ailleurs et l'a comme pour ainsi dire montré sous un jour plus intense.

On n'en attendait pas moins d'un auteur qui n'aime rien tant que s'emparer d'un personnage un peu déconsidéré ou complètement relégué pour lui donner une histoire qui en fait à nouveau une figure importante. Mais, là, il a fait très fort.

En fait, on peut dire que King a compris que la kryptonienne n'est intéressante que si on montre ses failles. Au début de la série, Supergirl se tapait une cuite dans un bistrot immonde au bout de la galaxie pour son vingt-et-unième anniversaire. Elle n'était pas à la fête, loin de chez elle, de ses amis. A moins qu'en vérité Supergirl n'ait pas vraiment d'amis, et plus de chez elle. On a pris l'habitude de l'associer à tout le monde et n'importe qui, la Légion des Super-Héros, son cousin, Batgirl (avec qui elle pourrait former un équivalent féminin du World's Finest). Mais qui est vraiment Supergirl si on lui enlève ces associations de circonstance ?

Tom King propose un portrait mélancolique (forcèment mélancolique, on ne le refera pas), celle d'une orpheline qui a vraiment vécu la fin de Krypton, la mort de ses parents, qui n'en a jamais fait le deuil et se traîne un sérieux spleen quand, arrivée à l'âge de la majorité terrienne, elle se bourre la gueule dans un bar paumé sans personne, car personne n'a jamais comblé ce qu'elle a perdu. Et puis voilà que le destin met sur sa route une gamine, orpheline aussi, qui veut se venger. Krypto, le brave toutou de Supergirl, blessé par l'assassin du père de cette fillette, fournira à la Kara la motivation pour l'aider.

Après des péripéties multiples qui, à la manière d'un récit initiatique, permettent à Ruthye et Supergirl d'apprendre à se connaître (entre elles et elles-même), l'heure de vérité approche. Krem des collines jaunes, l'assassin, est capturé, mais il peut encore compter sur ses frères d'armes, les brigands, des pirates de l'espace sans foi ni loi, pour le sortir de là. L'épisode va et vient ainsi d'une plage où la gamine tient compagnie au tueur de son père sous la surveillance du cheval Comète à l'espace où Supergirl se bat contre les pirates.

Les planches de Bilquis Evely, sublimes, avec les couleurs, magiques, de Matheus Lopes, rendent plus que justice au script et à ses situations. L'âpreté du combat dans l'espace est terrifiante, uniquement accompagné par la voix-off de Ruthye qui parle sans l'avoir vu. Supergirl est malmenée mais elle se bat avec la détermination de celles qui bravent le danger, quel qu'en soit le prix. Le trait à la plume est absolument magistral, il possède une texture, une fébrilité incomparables qui rend les images plus vibrantes et qui lavent les yeux après avoir lu des comics entièrement dessinés sur tablette.

En parallèle, le face-à-face entre Ruthye et Krem joue une autre partition et fait apprécier le talent extraordinaire de Evely et Lopes pour poser les dialogues, jouer sur les expressions des visages, les attitudes. L'envie de la fillette de zigouiller cette crapule est palpable, et la présence du cheval Comète est admirablement exploitée pour que le lecteur comprenne à la fois le désir de Ruthye tout ne priant pour qu'elle ne cède pas à ses pulsions vengeresses, car cela en ferait une tueuse aussi détestable que son ennemi et condamnerait Krypto (car Supergirl compte sur Krem pour trouver un antidote).

Le cliffhanger est terrible et le final promet énormément. Comme Tom King sait conclure ses histoires en beauté, on est confiant. Soutenu par Bilquis Evely, ce devrait être un nouveau ravissement. 

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