jeudi 13 janvier 2022

MARAUDERS #27, de Gerry Duggan, Matteo Lolli et Phil Noto


Le run de Gerry Duggan s'achève avec ce vingt-septième numéro de Marauders, qui sera aussi très certainement le dernier épisode que je critiquerai. Série profondément inégale mais étrangement attachante aussi, elle va être relancée au n°1 avec une nouvelle équipe artistique. Pour ce baisser de rideau, Matteo Lolli revient et Phil Noto l'accompagne. 



Krakoa. Kitty Pryde questionne Forge sur l'avancée de ses travaux pour qu'elle puisse utiliser les portails de l'île. Il a encore besoin de temps et cela ne la satisfait pas. Elle va donc se tourner vers quelqu'un d'extérieur.


Ailleurs. Pyro et Bishop usurpent les identités de deux marchands d'armes pour vendre des héliporteurs du SHIELD aux Homines Verendi. Mais le deal, une fois conclu, dégénère avec l'arrivée des vrais trafiquants. Lors de la bataille qui suit, Kitty enregistre les prochains départs de plusieurs membres.


Madripoor. Wilhelmina Kensington est en cavale après avoir quitté les Homines Verendi. Traquée par les Reavers, elle est sauvée par Callisto qui la conduit jusqu'à Masque. Ainsi, Mina a un nouveau visage et peut partir pour commencer une nouvelle vie.


Krakoa. Lourdes Chantel annonce à Sebastian Shaw qu'elle prend sa place au sein de la Hellfire Trading Company, tandis que Emma Frost donne la sienne aux Stepford Cuckoos. Le conseil de l'île se réunit après cette redistribution des cartes.

Gerry Duggan est un bien curieux scénariste qui écrit des séries parfois avec rigueur, quand il s'en tient à une idée précise (Cable où il a orchestré durant un an le remplacement de la version jeune de Nathan Summeurs par sa version plus âgée et connue - et appréciée). Parfois aussi avec une irritante nonchalance, quand il mène sa barque au gré d'intrigues lâches, dont on a du mal à retenir un vrai fil conducteur.

Marauders appartient à la seconde catégorie. En vingt-sept épisodes, Duggan aura fait un peu tout et n'importe quoi, sauf s'en tenir au programme du titre - pour rappel, il devait s'agir d'une série sur le commerce de la médecine krakoane et le sauvetage de mutants dans des pays où ils étaient persécutés. Ces deux thèmes n'ont été, la plupart du temps, que survolés, comme si Duggan s'en fichait.

La série partait qui plus est avec un handicap : le nom Marauders renvoie à une bande de vilains qui ont commis un abominable massacre dans les années 80 et personne n'a jamais compris l'idée de Marvel d'attribuer de nom à une équipe de mutants héroïques. Pire : on pouvait penser qu'avec Destiny of X en vue, la série changerait de nom (comme Excalibur qui devient Knights of X). Mais non.

A présent que Gerry Duggan écrit X-Men, il a choisi (ou on lui a demandé de choisir) entre continuer à animer Marauders ou passer le flambeau. Là encore, c'est la deuxième option qui a été retenue. Comment allait-il quitter la série étant donné qu'il l'avait si mal commencé et poursuivi cahin-caha ?

Hé bien, comme à son habitude, Duggan passe d'un sujet à l'autre, sans vraiment en creuser aucun, il déplace des pions, évacue des personnages. Peut-être avec la complicité de son successeur (Steve Orlando), pour lui permettre de démarrer sans avoir à se soucier de replacer son casting. La solution a au moins le mérite d'être élégante, même si, en définitive, Marauders s'achève avec le sentiment de n'avoir jamais complètement débuté, comme si 27 épisodes n'avaient pas servi à grand-chose.

Car au fond ce qui se joue ici n'inspirera rien au lecteur. Il ne sera jamais ému, amusé, étonné, choqué d'assister aux mouvements des personnages, parce que Duggan ne s'est jamais investi pour nous les rendre attachants. Il a parfois fait n'importe quoi (rebaptiser Kitty Pryde Kate et l'affubler d'un costume grotesque, faire de Pyro un sombre crétin), parfois il a voulu bien faire mais trop tard (montrer la véritable puissance de mutant oméga de Iceberg), parfois il a insisté inutilement sur le caractère d'un personnage (Shaw dépeint comme une ordure - sans blague ?). D'autres ont été sous-exploité (Callisto, Bishop, Tornade - depuis partie sous d'autres cieux, dans les mains d'un auteur plus doué), d'autres sont revenus de nulle part ( Lourdes Chantel, Christian Frost, Shinobi Shaw), d'autres n'ont fait que passer (le Hurleur).

C'est dommage. Comme il est dommage que la série n'ait jamais bénéficié d'un artiste régulier. Matteo Lolli, qui a ouvert le bal d'un long défilé, revient pour l'occasion et livre, contre toute attente, son meilleur boulot. Phil Noto, qui aurait été parfait (et aurait tenu la barre sans faillir), l'accompagne, et j'enrage que ce dessinateur si compétent ait perdu son temps sur la série Cable au lieu d'être titularisé sur Marauders. Encore un rendez-vous manqué.

C'est terriblement frustrant au final. 27 épisodes pour ça ? Mais que vraiment retenir en dehors de ce sentiment d'une série qui vous glisse en permanence entre les doigts ? Sur le papier, il y avait de quoi en faire un titre majeur, avec un programme précis et intéressant. En fin de compte, Gerry Duggan aura sans cesse tout fait pourse défiler, et le staff éditorial aura été incapable d'attribuer un desssinateur de bon niveau et régulier (en dehors des trop rares épisodes signés par Stefano Caselli).

Au fond, Marauders marque bien la fin d'une époque. Je ne prendrai pas le prochain volume, et je constate que le nombre de mensuels X que je suivais va diminuer conséquemment (à part X-Men Red, rien n'est attirant, et X-Men est en ballotage). 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire