Hé bien, on peut dire qu'il s'en est passé des choses durant la semaine écoulée ! Au fait, êtes-vous (primo)vaccinés ? Moi oui, première dose de Moderno reçu Mercredi dernier, et ça va. Prochain rendez-vous le 25 Août ! Et maintenant, passons aux news du monde des comics.
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KURT BUSIEK / IMAGE COMICS :
Ces dernières années ont été plutôt mouvementées pour le scénariste Kurt Busiek : problèmes de santé (graves), publication chaotique de Batman : Creature of the Night (dessiné par le regretté John Paul Leon, lui aussi malade), projets télé annulés... Et enfin, cette semaine, une bonne nouvelle : Kurt Busiek revient chez Image Comics dans le cadre d'un deal bien cool.
En effet, Image Comics (re)devient la maison d'édition des titres en creator-owned écrits par Kurt Busiek. Avec, au premier rang, les séries Astro City et Arrowsmith : le scénariste a annoncé que le premier titre allait être réédité mais surtout que de nouveaux épisodes allaient être produits, peut-être sous un nouveau format (plus proches de graphic novels). Quant à Arrowsmith, Carlos Pacheco, le co-auteur et dessinateur, serait depuis plusieurs mois à l'oeuvre pour mettre en images le script d'une suite (ce qui expliquerait sa discrétion chez Marvel, où il ne réalise plus que des couvertures).
Si Busiek a vraiment retrouvé la forme, alors à n'en pas douter, de nouvelles productions devraient voir le jour chez Image.
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DC COMICS :
Je vous parle souvent de la mini-série Infinite Frontier même si je n'en rédige pas de critiques : je la lis car on me prête les numéros au fur et à mesure, mais je n'ai pas estimé avoir assez de temps pour écrire à ce sujet. C'est Joshua Williamson qui s'en occupe avec plusieurs dessinateurs (Xermanico, Paul Pelletier, Jesus Merino, Tom Derenick) et le résultat est souvent touffu, pour ne pas dire brouillon, comme si DC avait mal calibré le projet (une série hebdomadaire genre 52 aurait sans doute été meilleure, mais là, six épisodes pour parler de l'Omnivers - c'est-à-dire un Multivers composé de plusieurs Multivers.... Rien que de le dire, ça donne mal à la tête - , c'est too much).
Malgré tout, Williamson a du mérite car il embrasse le projet bravement, sans de démonter, peut-être aussi motivé par le fait d'être l'architecte du futur de DC (une tâche qui a déjà vidé pas mal de ses collègues comme Geoff Johns, Scott Snyder... Dont les plans n'étaient pas toujours appréciés de l'éditeur). Le scénariste, ici, s'évertue à remettre de l'ordre dans l'après-Snyder, en redisposant des héros, en en faisant revenir d'autres. Et dans Infinite Frontier #3, il réintroduit l'équipe de Infinity, Inc., c'est-à-dire les héritiers (biologiques ou spirituels) de la JSA de la Terre-2. Et comme trois des protagonistes de Infinite Frontier sont Alan Scott et ses enfants Jade et Obsidian, que Geoff Johns a précédemment teasé son retour sur une série JSA, tout ça ressemble fort à un revival.
La seule question qui subsiste, c'est : qu'est-ce que DC a en tête avec tous ces personnages ? Auront-ils droit à des séries ? Et les fans ont-ils envie de tous les revoir ? Beaucoup de fans se languissent de relire JSA (même si celle annoncée par Johns ressemble beaucoup - trop - à celle de la série télé Stargirl), mais Infinity, Inc. ?
Il faudra moins de temps pour savoir quand DC ajoutera un comic-book consacré à Batman puisque, en Décembre prochain, sur le Black Label, l'éditeur proposera une saga en trois parties écrite et dessinée par Jock intitulée Batman One Dark Knight. Le pitch est simple mais accrocheur : Batman se trouve, à la suite d'une bataille qui a dégénéré, dans un quartier chaud de Gotham, poursuivi par une horde de méchants prêts à s'allier pour lui faire la peau. Il lui faudra donc semer ses poursuivants et sortir de cet endroit en une nuit.
Jock signera dessin et script donc, ce qui promet une expérience forte. Sauf pour ceux qui saturent déjà avec la chauve-souris...
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MARVEL COMICS :
Pendant ce temps, ça chauffe chez Marvel. The Punisher s'apprêterait à faire son retour dans les comics, mais le conditionnel est de rigueur car le personnage est devenu très embarrassant pour l'éditeur depuis que des miliciens pro-Trump ont récupéré son symbole. Ce qui a provoqué le courroux, légitime, de son créateur, Gerry Conway, expliquant que ceux qui s'étaient appropriés l'emblême de Frank Castle n'avaient rien compris au personnage, à son histoire, à sa tragédie.
Il n'empêche que les auteurs qui exploitaient le Punisher dans leurs histoires ont été discrétement sommés de l'en retirer, comme Gerry Duggan dans Savage Avengers. L'anti-héros n'a plus de série à son nom depuis Octobre 2019.
Son salut viendra-t-il de Jason Aaron ? C'est la rumeur qui court. Le scénariste actuel de Avengers apprécie Frank Castle (dont il a écrit les aventures pour le label adulte Max) et il est un des rares auteurs Marvel à qui l'éditeur accorderait sa confiance pour un projet aussi délicat. Plusieurs journalistes ont réagi, ces derniers mois, sur le cas Punisher, certains suggérant qu'il faudrait redesigner son costume pour commencer, d'autres qu'il serait opportun de le mettre en scène dans une histoire où il évolue en tirant les leçons de son passé. On verra quelle option sera conservée, mais assurément, que l'on soit fan ou non, ça risque de faire encore parler longtemps.
Black Widow a quelquefois croisé le Punisher et elle n'est pas contente ! Ou plutôt c'est son interprète au cinéma qui est furax : en effet, on a appris par ses avocats que Scarlett Johansson a décidé de poursuivre Disney en justice car elle reproche au studio de ne pas avoir respecté le contrat qui les liait au sujet de l'exploitation du film Black Widow.
D'après l'actrice et ses conseils, le long métrage ne devait être distribué que dans les salles de cinéma. Or Disney a choisi de proposer, aux Etats-Unis, Black Widow dans les salles mais aussi, simultanément sur la plateforme de streaming Disney +. Résultat : Scarlett Johansson qui devait toucher un pourcentage substantiel sur les recettes en salles s'estime flouée.
Le studio a réagi avec un communiqué maladroit, mais pas forcément hors de propos, en expliquant qu'il y avait une pandémie mondiale et que les conditions d'exploitation des films étaient bouleversées, donc que le plainte de l'actrice était un peu déplacée dans ce contexte.
A vrai dire, pour moi, tout cela ressemble à un caprice de star car, quoi qu'en dise Johansson, le film a bien été exploité en salles, mais n'a pas rencontré le succès escompté, d'où un manque à gagner évident pour elle mais aussi pour Disney. Compte tenu du salaire certainement très confortable qu'elle a reçu, disons que pleurer pour quelques millions de plus a quelque chose d'un peu indécent. Et quand ses avocats jurent qu'elle a apprécié de travailler sur le film mais aussi avec Disney sur neuf films en dix ans, qu'elle n'en gardera que des bons souvenirs, ça ne paraît pas très adroit ni sincère.
Si Disney peut être accusé de pingrerie (payer Johansson et boucler ce dossier tout de suite ne ruinera pas la compagnie), je suis plus gêné par le comportement de Johansson qui a quand même complètement changé de statut en travaillant pour la major. Avant d'incarner Black Widow dans Iron Man 2, c'était une actrice prometteuse, remarquée, mais elle est devenue bankable grâce au MCU et a dû bénéficier d'une renégociation de son contrat au fur et à mesure (on se souvient que Kevin Feige avait sorti le chéquier pour s'assurer que Robert Downey Jr. reste jusqu'Avengers : Endgame). Sans oublier qu'elle n'était pas le premier choix pour jouer Black Widow (le rôle avait été offert à Emily Blunt qui l'a déclinée à l'époque car elle était enceinte).
La situation actuelle reste floue et il parait que Emma Stone (à l'affiche de Cruella, production Disney) et Emily Blunt (à l'affiche de Jungle Cruise, autre prod Disney) réfléchiraient elles aussi à traîner le studio en justice pour la même raison. Des exploitants de salles sont également mécontents que Disney choisissement d'exploiter simultanément leurs films en salles et en streaming. Mais qui se demande si Black Widow méritait un meilleur box office étant donné sa médiocrité ? Je ne crois pas que ça aurait changé les chiffres si le film n'était que sorti en salles : les spectateurs ne l'ont pas aimé, le bouche-à-oreille a été mauvais, le score correspond à tout ça.
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FRANK MILLER :
Cette affiche ci-dessus est celle de la Thought Buble Comic Convention, qui se déroulera en Novembre en Angleterre. Ou plutôt : devait être, car Frank Miller n'y interviendra pas. Les organisateurs l'ont déclaré persona non grata suite à une pathétique polémique en relation avec la parution d'une de ses BD en 2011 et de propos controversés tenus par l'auteur à l'époque.
Cette BD, c'est Holy Terror, une variation autour de Batman (d'ailleurs, à l'origine, il s'agissait d'une histoire mettant en scène le dark knight), dans lequel le Fixer, un justicier costumé, traque des terroristes islamiques après un attentat spectaculaire. Je n'ai jamais lu ce livre que Miller a défendu par des propos virulents contre les musulmans qu'ils assimilaient tous à des assassins : il voulait à l'époque réagir aux attentats du 11-Septembre 2001 et le résultat a provoqué une vague de réactions outragées dans le milieu (et au-delà).
Depuis, Miller traîne (encore plus) cette réputation de type infréquentable, intolérant. C'est oublier qu'il n'a jamais été quelqu'un de très consensuel et mesuré dans ses prises de position (souvenez-vous de sa colère contre le mouvement Occupy Wall Street). C'est l'éternel question de la distinction entre l'homme et l'artiste : pour ma part, je pense que la frontière est franchie et l'indulgence n'est plus de mise quand l'oeuvre exprime des opinions indéfendables. Et Holy Terror est le livre noir de Frank Miller.
Mais je suis aussi un ardent défenseur de la liberté d'expression et je ne crois pas que bannir un auteur pour un de ses livres qui a fait polémique résoud le problème de ce livre et explique la démarche de son auteur. Je suis pour le dialogue. Contrairement aux organisateurs de Thought Bubble.
Pourquoi ont-ils annulé la venue de Miller ? Parce qu'une autre de leurs invitées, Zainab Akhtar, a prévenu qu'elle refuserait d'être présente au même endroit que Miller dont elle condamnait l'oeuvre et les propos. Il ne s'agit pas d'opposer une personne à une autre, de dire qui est cette jeune femme pour réclamer l'annulation de Miller. Mais plutôt de s'interroger sur la solution adoptée par les organisateurs.
En effet, imaginons que si, au lieu de jouer les vierges effarouchées en publiant un communiqué comme celui ci-dessus où ils expliquent préférer être solidaire de Zainab Akhtar et donc annuler Frank Miller, les organisateurs avaient proposé un dialogue en public entre les deux pour discuter de l'art, des comics, de l'Islam. Ou alors, si vraiment Zainab Akhtar ne voulait pas parler avec Miller, mettre en place un panel avec Miller pour qu'il parle de son point de vue actuelle sur l'Islam, Holy Terror. Tout plutôt que cette censure qui ne dit pas son nom, cette méprisable "cancel culture".
Je ne défends pas Miller pas plus que je n'accable Akhtar, mais on ne s'en sortira pas comme ça, en refusant de parler, de dialoguer, en pratiquant la politique de l'autruche.
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SCOTT SNYDER / AMAZON'S COMIXOLOGY/ DARK HORSE COMICS :
Mais en vérité la grosse actu de la semaine ne vient ni d'Image, ni de DC, ni de Marvel : elle vient de cet homme ci-dessus, Scott Snyder. Scénariste star, Snyder a été consacré par son run sur Batman durant les New 52, succès critique et commercial du reboot contesté de l'éditeur en 2011. Il est aussi l'homme derrière une franchise, American Vampire, née sous le défunt label Vertigo, un titre co-créé avec Stephen King et le dessinateur Rafael Albuquerque, dont la dernière série s'achève ce mois-ci.
Snyder, qu'on l'aime ou pas (et j'avoue ne jamais avoir été vraiment client de sa production) est une star au même titre qu'un Mark Millar, un auteur libre, ambitieux, et que les éditeurs s'arrachent. Quand après avoir conclu sa trilogie Metal chez DC (avec Death Metal et la fin de son run sur Justice League) Snyder a annoncé vouloir prendre du recul, il y a quelques mois, tout le monde s'est demandé ce qu'il allait faire. Au moins en dehors des cours d'écriture qu'il donne pour les aspirants scénaristes de comics.
Et le bonhomme a frappé un grand coup en dévoilant le contenu d'un contrat passé avec le site Comixology (qui appartient à Amazon) et l'éditeur Dark Horse Comics : pas moins de huit séries originales lancées cet Automne, avec des dessinateurs de premier plan !
Découvrons ça :
Barnstormers est une romance sur fond d'aviation et de seconde guerre mondiale, écrite pour Tula Lotay. Ce genre peut surprendre de la part de Snyder, mais il donne surtout une indication intéressante sur la suite car ses nouvelles séries évoquent souvent le passé et des genres emblématiques de diverses époques.
Pour Tula Lotay, qui avait collaboré avec Snyder sur un arc de All-Star Batman, c'est l'occasion de s'imposer vraiment auprès du grand public qui ne la connaît pas autrement que pour des posters ou des variant covers (même si elle dessiné Supreme Blue : Rose, écrit par Warren Ellis).
Book of Evil réunit Snyder et Jock, qui avaient oeuvré sur Detective Comics (avant le début du run de Snyder sur Batman). L'histoire s'intéresse à une bande d'ados qui vit dans une société majoritairement composée de psychopathes. La forme de cette série reste floue puisqu'elle pourrait selon les sources être en prose illustrée.
Canary va aussi offrir une exposition à Dan Panosian comme il n'en a jamais vraiment connu. Longtemps encreur, ce dessinateur formidable (et très sympa) se chargera des dessins de ce western horrifique pour lequel il est taillé.
Encore une fois, l'épouvante est au rendez-vous, la marque de fabrique de Snyder, et conjuguée à un autre genre pop (ici le western), ce qui garantit un produit atypique.
Clear est un récit de SF où le héros ne distingue plus la réalité du monde virtuel dans une chasse aux monstres en milieu urbain. Visiblement inspiré par Philip K. Dick, Snyder bénéficiera des dessins de Francis Manapul pour ce projet.
Manapul a illustré des épisodes de la Justice League de Snyder et semblait ne plus trouver sa place chez DC depuis - son projet de Aquaman : Earth One a sans cesse été repoussé au point de devenir une arlésienne.
Avec Dick and Cover, on est en terrain connu puisque Snyder retrouve Rafael Albuquerque, son complice d'American Vampire, pour une histoire située dans les 50's sur fond de guerre nucléaire, avec des héros ados.
Pas de planches visibles pour l'instant, mais des characters designs alléchants. De toute façon, Albuquerque est un fabuleux artiste, pas toujours inspiré pour choisir ses projets, mais dont le style visuel est implacable.
Dudley Datson and the Time Machine : tout est dans le titre, pour cette autre série dessinée par Jamal Igle, peut-être le partenaire le moins ronflant de la liste. Pourtant, c'est un dessinateur solide et expérimenté, qui a beaucoup travaillé pour DC.
Night of the Ghoul racontera la malédiction qui entoure un vieux film d'horreur pourtant convoîté par plusieurs personnes. Snyder est dans sa zone de confort avec de pitch à base de complot, d'épouvante.
Il est soutenu par Francesco Francavilla, qui avait déjà dessiné des épisodes de son passage sur Detective Comics, et qui, ces derniers temps, délaissant sa propre série Black Beetle, collaborait surtout avec le studio Mondo comme affichiste.
Enfin, We Have Demons marque le grand retour de la dream team Scott Snyder-Greg Capullo, qui ont signé ensemble Batman, Metal et Death Metal. Autant dire que les deux hommes se connaissent parfaitement.
Avoir entraîné Capullo dans cette aventure, donc l'avoir arraché à DC, est une sacrée prise pour Snyder, dans ce qui est décrit comme un pur hommage aux productions Creepy/Eerie Comics des années 50
Toutes ces séries seront d'abord disponibles sur Comixology en format numérique puis en version physique chez Dark Horse, même si Snyder n'a pas communiqué précisément sur la périodicité de ses publications (en floppies mensuels ? En graphic novels ?). Pour Dark Horse, c'est en tout cas une belle opération après avoir vu partir les licences Star Wars, Alien, Predator chez Marvel, et même si Hellboy n'en finit pas de finir ou que Jeff Lemire développe Black Hammer.
On sait en revanche que certaines de ces histoires sont déjà complétées depuis un moment (il semble que Snyder les ait développées depuis des mois, voire des années avec les artistes), ce qui pourrait expliquer qu'on voit quelques-uns des dessinateurs sur d'autres comics chez d'autres éditeurs entretemps (comme Capullo dans le Millarworld pour la suite de Reborn ?).
Je vous laisse avec tout ça à lire. En attendant de vous retrouver très vite pour de nouvelles critiques, allez vous faire vacciner et prenez soin de vous !
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