C'est le quatrième épisode de Jonna and the Unpossible Monsters et déjà la fin du premier arc narratif. Laura et Chris Samnee vont vite, et du coup ils n'évitent pas une certaine frustration chez les lecteur, qui espérait un peu plus pour cette série.
Mais Gor prend des risques insensés pour éviter à Nomi d'être blessée alors qu'elle se montre aussi bonne combattante que lui. Ce qui devait arriver arrive : le monstre coince sous une de ses pattes Gor et s'apprête à le tuer.
C'est sans compter sur Jonna qui, son assiette vidée, s'avance tranquillement vers le monstre. Tous les réfugiés la suivent du regard, terrifiés. Mais la fillette décoche alors un fantastique uppercut contre la créature et l'expulse très loin de la grotte.
Applaudie par les réfugiés, Jonna savoure ce moment tandis que Nomi houspille Gor pour sa témérité. Un des réfugiés, Sora, plie bagages pour rejoindre un camp proche. Rainbow veut le suivre avec l'espoir d'y trouver son père, même si Jonna observe cet étranger avec méfiance...
D'abord, pour ceux que mes critiques auront mis en appétit, Jonna and the Unpossible Monsters connaîtra bien une version française puisque la série sera publiée chez nous par l'éditeur 404 comics (une vidéo retweetée par Chris Samnee a récemment montré que le recueil des premiers épisodes était déjà en cours de fabrication).
Mais il faut aussi savoir que ce premier album ne comptera donc que quatre petits épisodes. C'est peu, c'est maigre. Et c'est frustrant. En vérité, même si je défends le projet de Chris et Laura Samnee, j'en arrive là avec un sentiment partagé. Car il faut admettre qu'on n'a pas eu grand-chose à se mettre sous la dent.
Jonna... est une curiosité : comme l'ont annoncé les époux Samnee, l'inspiration leur est venue en observant deux de leurs filles. Ils ont conçu leur projet en visant à l'évidence un public aussi jeune qu'elles et c'est louable à l'heure où la grande majorité des comics s'adresse à un lectorat adulte. C'est rafraîchissant.
En même temps, l'histoire telle qu'on la connait à ce stade de la série tient vraiment sur un timbre-poste. Il s'agit du parcours de deux soeurs dans un monde post-apocalyptique et séparées après un mystérieux événement. La plus âgée cherche et trouve la plus jeune, dont on apprend qu'en fait elle est sa soeur adoptive. Leur père a également disparu. Quant à la mère, on ignore ce qu'elle est devenue. Le monde est peuplée de monstres gigantesques et effrayants qui forcent les humains à se cacher dans des grottes ou des camps, sous la menace constante de leurs attaques. Mais Jonna semble être en mesure de vaincre ces créatures cauchemardesques...
Et c'est tout. Il y a, comme je l'ai dit dans une précédente critique, une forme de radicalité séduisante dans cette histoire. Elle m'a fait penser à celle qui était déjà au coeur de Isola de Brenden Fletcher et Karl Kerschl (dont on est sans nouvelles, même si Kerschl m'a juré que la suite arrivait - ça fait bien un an qu'il me l'a affirmé...). Dans les deux cas, on a un postulat simple mais avec beaucoup de zones d'ombre, une progression lente avec quelques fulgurances, des créatures surréalistes. Mais dans Isola comme dans Jonna..., finalement il n'y a pas beaucoup de substance, pas beaucoup de matière, tout repose (trop) sur l'ambiance, le non-dit, la confiance que placent les auteurs dans le lecteur pour combler les blancs ou en tout cas patienter en attendant qu'ils soient comblés.
Selon votre degré de patience, vous vous engagerez ou non dans une telle série. Pour ma part, j'hésite à poursuivre car j'attendais un premier arc un peu plus long ou du moins avec un cliffhanger accrocheur, une révélation alléchante. Mais rien de tout cela dans ce quatrième épisode. On n'est pas loin d'une BD que ses auteurs semblent avoir faite sans assez se soucier de la tolérance de leurs lecteurs. Il y a là une forme d'entre-soi qui perturbe, comme si les Samnee échouaient à partager ce qu'ils veulent raconter.
Je n'irai pas jusqu'à dire qu'ils auraient pu/dû faire cette série uniquement pour leurs filles, mais à part les fans inconditionnels de Chris Samnee, je ne sais pas à qui s'adresse vraiment Jonna... Et encore, faut-il être indulgent. C'est certes très beau, et je reste admiratif de la force de travail de Chris Samnee, qui produit à la fois cette histoire et assure les dessins de Fire Power. Mais si je suis honnête, je ne suis pas davantage convaincu par la direction qu'il imprime à sa carrière car aussi bien Jonna... que Fire Power ne proposent pas d'histoires qui me paraissent à la hauteur de son talent, susceptibles de captiver le fan. En tout cas le fan que je suis.
C'est quand même la déception qui domine. Je reste un grand fan de Samnee mais actuellement, et sans doute pour un long moment, ses comics ne me plaisent pas. C'est la douche froide après des années d'émerveillement à lire ses épisodes de Daredevil, Black Widow, Captain America, The Rocketeer. Quand il a quitté Marvel, j'ai plaint Mark Waid qui perdait un partenaire comme il n'en avait plus eu depuis Mike Wieringo. Mais aujourd'hui, je plains aussi Samnee d'avoir abandonné Waid, un scénariste d'un tout autre niveau que Robertt Kirkman ou sa femme Laura.
S'il faut tirer une morale de tout cela, ce serait de ne pas trop s'attacher à un artiste. Comme on dit que rencontrer ses idoles aboutit souvent à de cruelles déceptions, trop compter sur un auteur lorsqu'il prend son indépendance peut s'avérer également déroutant. C'est la grande leçon éternelle de la BD : elle se fait toujours à deux - un scénariste + un desssinateur. Ôtez un élément à cette équation et vous n'aurez jamais le même plaisir ni la même réussite.
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