Green Arrow a 80 ans cette année et DC fête cet anniversaire en grandes pompes avec un n° spécial de 100 pages; Ironie du sort : l'archer d'émeraude n'a plus de série plus de deux ans, même s'il est à visible dans Justice League et Checkmate. Comme d'habitude, ce genre d'exemplaire est inégal dans son contenu, mais il faut reconnaître qu'il y a peu de déchets dans celui-ci, qui nous gratifie même d'un final bouleversant.
On commence par The Disappearing Bandit : Mariko Tamaki trousse une histoire qui se situe au début de la carrière de Green Arrow, dans son costume inspiré de Robin des bois, flanqué de son jeune sidekick Speedy. La scénariste s'amuse et nous amuse avec ce récit rétro, mais qui bénéficie surtout des dessins merveilleux de Javier Rodriguez. L'artiste fait feu de tout bois avec une inventivité à chaque page.
Punching Evil continue sur cette bonne lancée : Tom Taylor prouve encore une fois son brio pour animer un personnage en le malmenant juste ce qu'il faut. Bonus : on y voit Black Canary et Wildcat pour une séance de coaching musclée que vient interrompre Yellow Wasp. Nicola Scott illustre cela avec élégance, dans son registre réaliste en couleurs directes.
Who Watches the Watchtower ? est une autre friandise qui renvoie à une période célèbre de la Justice League of America, quand son Q.G. était la Tour de Guet en orbite autour de la Terre. Green Arrow a alors le look qui va le rendre fameux, avec sa barbichette, et il se distingue désormais d'un Batman avec un arc et des flèches. L'histoire de Stephanie Phillips est pleine de malice et les dessins de Chris Moneyham ont une énergie contagieuse.
Je dois avouer, au risque de faire hurler les puristes, que je n'ai ajmais aimé Mike Grell, pourtant reconnu comme un des auteurs/artistes qui a le plus contribué à la renommée de Green Arrow. Mon avis ne va pas changer avec ce ... Just The Usual Sort of Stuff bien anecdotique et pauvrement mis en images.
On reste dans le ventre mou du n° avec The Arrow and the Song écrit par Ram V et dessiné par Christopher Mitten, que j'ai trouvé bien faible. J'en attendais en tout cas plus de la part d'un de mes scénaristes favoris du moment. Moins de la part du dessinateur dont le style m'a laissé indifférent. Passons.
Brandon Thomas est un auteur sur lequel mise DC depuis Future State, et sa contribution n'est pas sans qualité. Mettant en scène Connor Hawke qui a repris le rôle d'Oliver Queen dans le futur, One s'appuie sur un pitch minimaliste (Green Arrow neutralise des preneurs d'otages en ayant plus qu'une seule flèche dans son carquois) mais très efficace. Le dessin de Jorge Corona n'est pas d'une grande finesse mais compense par sa tonicité.
Après un petit passage à vide donc, la barre est largement redressée avec Green-Man et Autumn-Son, une pépite qu'on doit à Devin Grayson. Cette histoire se penche sur Arsenal (Roy Harper) et sa fille, que garde Oliver Queen pendant qu'il est en mission et à laquelle il confie son histoire. C'est très touchant et surtout superbement illustré par le génial Max Fiumara.
Phil Hester a aussi marqué de son empreinte la carrière de Green Arrow, notamment lors des runs écrits par Kevin Smith puis Brad Meltzer. Dans Star City Star, l'artiste rédige aussi le script et livre une aventure trépidante où l'archer doit faire face à une fillette douée pouvoirs mentaux et kidnappée. Même sans être un grand fans de Hester, difficile de résister à ces quelques pages.
On n'en dira pas autant de Happy Anniversary !, pourtant écrit par la talentueuse Vita Ayala, qui imagine le kidnapping de Green Arrow par Deathstroke et l'intervention de Black Canary qui croit à un canular. Laura Braga dessine plutôt bien, mais la sauce ne prend pas, c'est tout juste passable alors qu'il y avait matière pour faire mieux.
Il n'empêche, c'est tout à l'honneur des auteurs de ne pas avoir oublié que Green Arrow est un héros avec une famille, de sang et de coeur. Benjamin Percy, qui a signé un excellent run avant son transfert chez Marvel, le prouve avec The Sympathy of the Woods, où Merlyn tente une énième fois de tuer Green Arrow en oubliant ses compères (Black Canary, Emiko, Diggle, Henry). Le plaisir est total car Otto Schmidt (qui avait activement participé au run de Percy) est lui aussi de la partie et signe des planches jubilatoires.
A tout seigneur, tout honneur : Jeff Lemire a ébloui les lecteurs de Green Arrow durant la période controversé des New 52, en compagnie d'Andrea Sorrentino au dessin (une vingtaine de n° consécutifs, sans fill-in !). Le duo se reforme pour The Last Green Arrow Story, un segment au dénouement énigmatique à souhait, mais d'une beauté graphique incroyable et à l'ambiance envoûtante. Chef d'oeuvre.
Enfin, DC a réservé une bouleversante surprise pour la fin : l'an dernier disparaît Denny O'Neil, un des créateurs les plus importants des comics modernes. Il a écrit un run d'anthologie dans les années 70 où Green Arrow entraînait Green Lantern (Hal Jordan) dans un road trip à travers les Etats-Unis tout en découvrant la toxicomanie de Speedy : des épisodes incroyables de modernité, d'audace, dessinés alors par Neal Adams. Le fils du scénariste, Larry, rend un hommage splendide à son père, avec le dessinateur Jorge Fornes. Impossible de ne pas avoir la gorge nouée. La grande classe.
Comme je l'écrivais plus haut, il y a très peu de déchet dans ce numéro au titre pourtant ronflant. Les équipes créatives ont été inspirées apr ce héros hors du commun et pourtant sans super-pouvoirs. Oliver Queen est un SJW, une forte tête, mais surtout un personnage très attachant. Il ne reste plus à DC qu'à lui redonner une série car on voit ici à quel point nombreux sont les auteurs et artistes qui prennent plaisir à l'animer (perso, j'adorerai voir Tom Taylor et Jorge Fornes sur le titre).
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