lundi 26 juillet 2021

DES NOUVELLES NOUVELLES TOUTES FRAÎCHES

C'est Lundi, le jour des News comics. Et Il y a à boire et à manger cette semaine. Les éditeurs ne prennent pas de vacances, il faut faire tourner la machine et prévoir les sorties de l'Automne. Donc, allons-y gaiement sans tarder !

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DAVE COCKRUM :


Disparu en Novembre 2006, Dave Cockrum a été le héros de mon enfance et de mon adolescence quand j'ai commencé à découvrir les comics de super-héros, au premier rang desquels ceux qu'on appelait en France, dans la revue Special Strange, Les Etranges X-Men, dont il fut l'un des créateurs. Je parle ici de la seconde génération, lancée par Len Wein en 1975, mais dont le dessinateur conçu tous les designs et une partie de la caractérisation.
Si le dessin de Cockrum a plus ou moins bien vieilli - je le préfère quand il s'encrait lui-même - , en revanche ses designs restent une référence absolue, pour les fans comme pour les autres artistes. Cockrum, ce sont les épaules pointues, les bottes retournées, les couleurs vives, les coupes près du corps, et souvent l'absence de masque. Songez qu'il voulait se débarrasser de Wolverine car il préférait Diablo (son personnage fêtiche, dont il n'a jamais admis qu'on en fasse un curaillon par la suite puisque lui l'avait imaginé comme un pirate) : la face de l'histoire des comics Marvel en eût été changé à jamais...


Cockrum et les X-Men resteront à jamais associés, même si je vous engage aussi à lire Les Justiciers du Futur (Futurians) ou Starjammers, par exemple. Mais pourquoi je vous parle de Cockrum cette semaine ? Hé bien, d'abord parce que ça ne fait jamais de mal de se rappeler ce grand homme. Mais surtout parce qu'a eu lieu la remise des Eisner Awards et qu'à cette occasion Dave Cockrum a été honoré en entrant dans le Eisner Hall of Fame, l'équivalent du Rock'n'Roll Hall of Fame pour les comics, une manière de reconnaître son impact artistique dans l'industrie.
Il état temps, mais réjouissons-nous de l'initiative. Et que Cockrum inspire les dessinateurs et scénaristes par-delà les temps comme il a enchanté tant de fans.

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DC COMICS :


La semaine dernière, je me suis moqué de DC et de la Bat-mania, avec cette pléthore de titres consacrés à la chauve-souris. Mais, cette année, on fête aussi les 80 ans de plusieurs autres héros emblématiques de l'éditeur : récemment c'était Green Arrow. Cet Automne, ce sera au tour de Wonder Woman, pour laquelle DC a mis les bouchées doubles.
De manière la plus classique d'abord avec un un numéro anniversaire de 100 pages où des auteurs fameux présenteront des petites histoires inédites sur l'amazone. En consultant les crédits annoncés, j'ai pu quand même noter l'absence de Jodi Picoult et Allan Heinberg qui ont signé deux runs remarqués. Mais Yanick Paquette, qui a collaboré aux trois volumes de Wonder Woman : Earth One (sur des scénarios de Grant Morrison) signe une jolie couverture pour l'occasion. Moi, j'avoue être un bon client pour ce genre de n°, donc j'en rédigerai certainement la critique.


Plus attendue, on sait enfin qu'en Novembre sortira Wonder Woman : Historia, une mini-série de prestige en trois épisodes, sur laquelle travaillent depuis plusieurs années la scénariste Kelly Sue DeConnick et le dessinateur Phil Jimenez.
L'ouvrage est copieux, avec une pagination plus développée qu'à l'accoutumée. Mais surtout, en plus de la magnifique couverture ci-dessus, DC a commencé à diffuser quelques pages (non lettrées) et il est impossible de ne pas être époustouflé par la production de Jimenez, pour qui c'est l'oeuvre d'une vie, une dédicace à son héroïne favorite.
Tout ça sent le chef d'oeuvre, le classique immédiat.


Et puis, DC a consenti à lancer une série consacrée à Nubia, la nouvelle reine des amazones de Temyscira (puisque Hippolyte remplace actuellement sa fille Diana au sein de la Justice League). Ce sont Stephanie Phillips et Vita Ayala qui écriront, et Alitha Martinez qui dessinera. Que des femmes donc. Bon, faut voir.


DC et ses Crisis, voilà un topic en soi. Et il semble bien que l'éditeur en prépare une nouvelle comme le suggère le n°2 de la mini-série Infinite Frontier, écrite par Joshua Williamson. Dans cette histoire, on assiste à la formation d'une équipe de super-héros chargé de veiller au maintien de l'ordre dans l'Omnivers. L'Omnivers est composé de plusieurs Multivers, donc il y a du boulot. Vous avez dit compliqué ? Nous sommes chez DC, je vous rappelle, et la devise implicite, c'est "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué" (sous-entendu : il faut bien gérer le foutoir laissé par Scott Snyder après Metal, Justice League et Death Metal).


Mais pourquoi parler de nouvelle Crisis ? Parce que dans le dernier épisode en date de Infinite Frontier, à la toute fin, on a droit à deux planches qui ressemblent fort à un gros teaser pour un event de ce calibre en 2022. Tout d'abord, on voit le Directeur Bones (ancien chef de la DEO) devant plusieurs écrans dont les images évoquent des histoires à venir. Et évidemment autant de conflits potentiels.


Puis ensuite on a droit aux mains squelettiques de Bones qui tiennent une tablette sur laquelle sont inscrites plusieurs interrogations en relation avec des héros du DCU. Tout cela augure forcément de développements dans les mois à venir, qui devraient culminer dans une saga d'envergure, avec des Black Lantenrs, Swamp Thing, les Planète Unies, la Titans Academy, Aquaman...
Bon, comme tous les events, je suis très circonspect et perplexe, car ce qui doit souvent aboutir à plus de simplicité ne donne que plus de chaos. DC osera-t-il un énième reboot après les New 52, Rebirth, Infinite Frontier ? Ou plus "modestement" s'agit-il de redistribuer les cartes parmi les héros, leurs séries ? Ce qui paraît certain, c'est que plus que Snyder (qui a pris du champ), Tynion IV, Johns, Bendis, c'est bien Joshua Williamson qui a les clés actuellement pour bâtir le DCverse de demain, un projet ambitieux et casse-gueule, qui a souvent été très mal géré éditorialement par le passé à cause d'un manque de communication entre les editors.


Enfin,cette semaine, du côté de DC, quelqu'un (je n'ai pas retenu le nom de l'auteur de l'article) a relevé quelque chose d'assez fou. Pour cela, il faut remonter dans le temps, jusqu'en Juillet 2007, il y a donc 14 ans de cela précisèment. J'insiste sur ce point car c'est vertigineux pour la suite. A cette époque, c'est Grant Morrison qui écrit la série Batman : le scénariste britannique y fait feu de tout bois, établissant le concept d'über-Batman, introduisant officiellement Damian Wayne comme le fils de Bruce, fruit de sa liaison avec Talia Al Ghul, dont il fait son nouveau Robin.
Dans l'épisode 666 (tout un programme), Morrison, avec le dessinateur Andy Kubert, se projette dans le futur... En 2021 ! Damian a succédé à Bruce dans le rôle de Batman, il arbore un crâne rasé et applique une justice expéditive, dans un Gotham plus sombre que jamais. Mais ça va plus loin...


En effet, dans ce même épisode, une scène montre Damian dans la Batcave face à ses écrans de contrôle sur lesquels sont diffusées toutes les news du monde. Et là, Morrison devient un vrai devin car ce qu'il écrit correspond étonnamment à aujourd'hui, dans la vraie vie, le vrai monde : il est question du réchauffement climatique qui cause des dégâts catastrophiques, mais surtout d'une pandémie mondiale obligeant à des quarantaines. 
Morrison s'est souvent confronté à Alan Moore (dont il sera question plus loin dans cette entrée), se posant à la fois comme un fan, un concurrent, un détracteur. Mais au fond Morrison a toujours semblé envieux de la portée visionnaire des eouvres de Moore, de la manière dont ce dernier anticipait l'évolution de la société. Dans Batman #666, il avait réussi à deviner ce qui se passe actuellement avec une acuité assez bluffante à son tour.

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MARVEL COMICS :


Les annonces des sorties de Novembre chez Marvel sont tombées à la fin de la semaine dernière, sans apporter beaucoup de grain à moudre. Il faudra attendre pour savoir, par exemple, qui succédera à Ta-Nehesi Coates pour écrire Captain America (certainement une fois la mini The United States of Captain America terminée). 
En attendant, revenons sur ce qui sortira en Août. Al Ewing est sur le point d'achever son run sur Immortal Hulk (au #50) mais il prépare déjà la suite. Déjà bien occupé avec SWORD, Guardians of the Galaxy, la reprise de Venom (avec Ram V et Bryan Hitch), le voilà qui relance Defenders dans une mini-série en cinq numéros avec le dessinateur Javier Rodriguez.
Il semble qu'Ewing continue une intrigue entamée avec Incoming, lui-même prélude à l'event Empyre, et Immortal Hulk puisqu'aux côtés du Silver Surfer et de Dr. Strange (deux Defenders historiques), on retrouve Betty Ross (dans son nouvel avatar de Red She-Hulk) et le Masked Raider ainsi que Cloud. Du cosmique en vue donc et un nouveau team-book pour l'auteur.
La présence au dessin de Rodriguez donne envie, même si j'ai peur d'être un peu largué avec l'histoire. A voir.


Luke Cage, depuis le départ de Brian Michael Bendis chez DC, est beaucoup plus discret chez Marvel : sa dernière apparition mémorable était justement dans les Defenders version Bendis, identiques à ceux de la série Netflix. C'est bien dommage de négliger de personnage, surtout à l'heure de Black Lives Matter.
Chez Marvel, on a fini par arriver à la même conclusion et une mini-série en trois épisodes intitulée Luke Cage : City of Fire va remédier à cet oubli. Ecrite par Ho Che Anderson, cette histoire s'inspirera des bavures policières commises contre les afro-américains avec Cage dans le rôle de l'enquêteur. Chaque chapitre sera dessiné par un artiste différent : Ray-Anthony Height, Farid Karami et Sean Damien Hill.
Si c'est bien fait, c'est-à-dire si la charge politique de cette histoire n'est pas édulcorée, ce pourrait être très audacieux et salutaire, surtout venant d'un gros éditeur comme Marvel. Car hélas ! même après la condamnation de Derec Chauvin, le flic qui a étouffé George Floyd, le problème du racisme dans la police américaine n'est pas classé.


Depuis le début de son run sur Captain Marvel, je ne dirai pas que Kelly Thompson a été particulièrement brillante. Elle a certes beaucoup à faire pour rendre à nouveau sympathique et attractive une héroïne à la réputation bien entamée depuis Civil War II, mais de toute façon, même sans ce handicap, les histoires de la scénariste sont à peine passables. La faute aussi à une valse de dessinateurs (pratiquement un différent à chaque arc).
Pourtant, Thompson ne renonce pas et veut frapper un grand coup cet Automne avec une intrigue baptisée The Last of the Marvels. La scénariste et le dessinateur Sergio Davila vont faire revenir pas mal d'avatars de Captain Marvel. Voire Mar-Vell lui-même ? Attention ! Sujet sensible car le Captain original est mort dans un récit culte de Jim Starlin et n'est jamais revenu (comme l'oncle Ben dans Spider-Man), même si d'autres auteurs ont été tentés d'orchestrer son come-back (Rick Remender dans Uncanny Avengers).
Début de cet arc périlleux à partir de Captain Marvel #32.


Loki Président ! Si vous avez vu la série sur Disney +, vous avez remarqué l'apparition du personnage dans l'épisode 5, tel qu'issu de la mini-série (en comics) Votez Loki ! de Christopher Hastings et Langdon Foss de 2016. Mais, cette semaine, on a appris que tout cela aurait pu tourner très différemment.
En effet, il y a cinq ans, Tom King est encore scénariste chez Marvel et sa mini-série The Vision reçoit un bel accueil critique et public. Il propose un pitch pour une autre mini, en douze n°, à Marvel : Loki President. Tout commence par l'accession au pouvoir de Loki aux Etats-Unis, il est félicité apr Thor (même si celui-ci lui glisse à l'oreille qu'il ne le mérite pas) puis montre sur une estrade pour prononcer un discours devant la foule de ses supporters. Une détonation retentit alors. Loki est tué ! Puis un carton annonce : "un an avant..."
Ce début renvoie de façoj troublante à celui, récent, de Rorschach du même Tom King chez DC. Le scénariste a raconté qu'il était inspiré par la campagne de Donald Trump à l'époque, alors que personne (pas même lui) n'osait croire qu'il allait remporter l'élection présidentielle américaine : qui pourrait être un candidat aussi improbable et générateur de chaos dans l'univers Marvel ? Loki !
King développe son synopsis et Tradd Moore est désigné comme artiste. Il croque quelques idées sur le personnage du dieu de la malice, des roughs de couvertures. Mais ça n'ira pas plus loin. Pourquoi ? Dan Didio contacte Tom King et lui offre sur un plateau Batman pour sa relance à l'occasion de Rebirth, c'est seulement la troisième fois que la série sera renumérotée. King ne peut refuser mais doit être exclusif DC. Il quitte Marvel en abandonnant Loki President.
Pourtant l'histoire ne tombe pas tout de suite dans les oubliettes car Chip Zdarsky, avec la bénédiction de King, est choisi pour reprendre le projet. Problème : le canadien ne sait pas quoi en faire. Hastings reformule le pitch et le transforme en Votez Loki, mais le résultat ne connaîtra pas le même retentissement.
Mais peut-être qu'on reverra quand même Loki Président puisque Loki sur Disney + a été renouvelé pour une deuxième saison...
 

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ARCHOE COMICS :



Je sais que je ne parle pratiquement jamais de Archie Comics, excepté à l'occasion des arcs de Sabrina the teenage witch écrits par Kelly Thompson et dessinés par Veronica Fish. C'est un éditeur qui ne m'attire pas des masses et puis, je ne peux pas tout lire. Mais cette semaine on a eu droit à deux annonces assez croustillantes.
Car avant Kelly Thompson et Veronica Fish, Sabrina Spellman était l'héroïne d'un comic-book bien différent, plus noir, écrit par Roberto Aguirre-Sacasa, le showrunner de la série produite par Netflix sur la jeune sorcière, et dessiné par Robert Hack. Huit épisodes étaient sortis...
... Il y a quatre ans ! Pas officiellement annulée, la série était en pause, selon l'éditeur. Et la pause est terminée puisque cet Automne sortira le neuvième épisode de Chilling Adventures of Sabrina, toujours par Aguirre-Sacasa et Hack. On peut penser que l'annulation de la série sur Netflix a motivé Archie Comics à relancer le titre (sans repartir de zéro) puisque le scénariste a clairement affirmé qu'il entendait développer des idées prévues pour la plateforme de streaming.


Mais Aguirre-Sacasa n'en reste pas là puisqu'il va lancer une nouvelle série sur Sabrina : The Occult World of Sabrina. Cette fois, il sera accompagné par le dessinatrice Audrey Mok et il s'intéressera aux autres personnages qui gravitent autour de la jeune sorcière, sans qu'elle soit absente des intrigues, qui sont annoncées comme proche de l'épouvante. 
Reste à savoir ce qu'il adviendra de la série de Kelly Thompson (si elle trouve du temps dans on agenda pour en écrire une suite) et Veronica Fish, au ton diamétralement différent mais que j'apprécie bien.

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ALAN MOORE :



Alan Moore mérite bien qu'on lui réserve une section à part entière de cette entrée, même s'il est aussi question de sa fille, Leah, également scénariste de comics. Comme Dave Cockrum, Moore est un des mes héros, quelqu'un d'intouchable : il a révolutionné la BD comme aucun autre, mais a décidé de ne plus en écrire, écoeuré par les traitements qu'il a subis de la part de plusieurs éditeurs, épuisé par ses combats pour la reconnaissance de ce média et de ses créateurs. Un terrible gâchis.
Et la cause d'un énorme et désastreux malentendu car pour beaucoup aujourd'hui Moore est cet écrivain britannique au look de sorcier qui peste contre l'industrie des comics comme un vieux grincheux aigri. Une image qui a fini par quasiment éclipser celle du scénariste génial, souvent copié, jamais égalé.
Pourtant, Moore vaut tellement mieux que ça. S'il a effectivement toujours refusé d'être associé aux spin-off de ses oeuvres (cf. Before Watchmen) ou à ses adaptations (V pour Vendetta, Watchmen, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, From Hell), et donc imposant à ces productions que son nom ne soit pas mentionné dans les crédits, il a également fait en sorte que les royalties soient intégralement reversées à ses artistes (David Lloyd, Dave Gibbons, Kevin O'Neill, Eddie Campbell).
Donc oui, Alan Moore ne veut plus rien avoir à faire avec les éditeurs de comics, mais il n'a pas entraîné dans sa retraite ses collaborateurs, il ne les a pas mêlés à ses combats (même si Kevin O'Neill et Eddie Campbell n'ont jamais franchi le Rubicon en travaillant pour des majors).

Mais c'est un gâchis artistique. Moore qui n'écrit plus de comics, c'est terrible, et le milieu devrait le regretter à haute voix. Après tout, il n'a que 67 ans. Il n'a pas non plus écrit que des chefs d'oeuvre (Rob Liefeld l'a même entraîné dans une ses pitreries lamentables à une époque), mais cela ne pèse pas lourd quand on a créé Watchmen, Tom Strong, V pour Vendetta, etc. Qui sait, si on l'avait laissé faire, ce que Moore aurait pu donner à ses fans ? Maintenant, il se consacre au roman.

Si je vous parle d'Alan Moore, c'est parce que son nom a resurgi d'une façon inattendue récemment. Un article de journal bien documenté, avec témoignages à l'appui, a relevé la manière dont les gros éditeurs de comics américains rétribuaient ses auteurs et ce qu'on a appris à l'occasion s'est avéré embarrassant - ou évident. Ed Brubaker a ainsi affirmé qu'il avait reçu plus d'argent pour tourner un caméo dans Captain America : Le Soldat de l'Hiver que pour tout son run sur la série Captain América et la création du Winter Soldier : vous allez me dire qu'il n'a pas inventé Bucky Barnes, et c'est vrai, mais il a inventé le Soldat de l'Hiver et n'a touché que des clopinettes pour ça. Ta-Nehesi Coates, qui a revendiqué le run de Brubaker comme son modèle pour le sien sur Captain America, a fait part de son incompréhension quant au traitement de son collègue par Marvel à ce sujet.

Dans cette enquête, Jim Starlin a aussi raconté comment Marvel l'avait financièrement considéré alors qu'il est le créateur de Thanos, Drax, Gamora, des vedettes du MCU. Tandis que chez DC, plusieurs auteurs ont en revanche loué la manière dont l'éditeur, sous l'impulsion de Paul Levitz, faisait plus de cas de leurs contributions multimédias. Chez les indépendants aussi, les gros sous nourrissent des conflits : dernièrement, Lewis LaRosa a dénoncé le comportement de Rick Remender en l'accusant de l'avoir floué pour la série The Scumbag... Avant de se rétracter et que le scénariste clarifie les choses en expliquant que l'artiste devait initialement dessiner les 8 premiers épisodes, puis avait démissionné au terme du premier, victime de problèmes de santé, ce qui avait conduit la série à être illustrée par un dessinateur différent à chaque n°. Cela n'a pas empêché David Lafuente de refuser de collaborer avec Remender, par solidarité avec LaRosa, tandis que Wes Craig, dessinateur de Deadly Class (autre série écrite par Remender) a tenu au contraire à souligner l'honnêteté de son ami scénariste.

Et Moore là-dedans ? Hé bien, justement, Moore, à l'origine, a eu des démelès avec les majors pour ses rémunérations et ses droits d'auteur. Et donc, il a été cité en exemple des mauvais traitements par les éditeurs à l'occasion de cet article. Ce qui, incidemment, a fait remonter à la surface une intervention de Leah Moore en 2019 où elle dénonçait ce que l'industrie avait fait subir à son père, qui a fini par quitter, écoeuré et épuisé, les comics.

"he tried to make them into something that provoked thought and feelings, that addressed issues, that spoke to people the way superheroes had always spoken to him. That seems crazy to me. I have his collection of Marvel comics, dogeared from reading, from love. I heard so many times about his excitement at finding a stash of second hand Marvel comics in a junkshop, in a box, or buying them off the spinners in Great Yarmouth on holiday. He could not love superhero comics more if he tried. Jack Kirby was his idol, Ditko was his idol."

(Grosso modo, Leah Moore explique que ce qui la rend folle, c'est que son père adore les super-héros et les comics, plus que tout. Kirby et Ditko étaient ses idôles. Les super-héros l'ont toujours passionnés, inspirés, excités, depuis toujours.)

"the medium he adored was ruled by corrupt despots, that the people who made that magic were abused, that their contribution was not valued, that it was stolen from them. He already hated that before Watchmen. He already knew Kirby had been shafted. So when it happened to him, and then again, and then again, it wasn't just a business deal gone awry, or a bit of bad luck, it broke him. The thing he loved most, the thing he poured *all* his time and energy into for his whole entire life, he couldn't do it anymore."

("Ce média qu'il adore, ajoute-t-elle, est dirigé par des despotes corrompus, qui ont abusé des créateurs qui le rendent magique, dont les contributions sont dévaluées, dont les créations leur sont volées. Moore a toujours haï cela, même avant Watchmen. Il savait comment ça se passait car il savait comment avait été traité Kirby. Donc, quand ça lui est arrivé, à lui, encore et encore, il savait que ce n'était pas de la malchance, une mauvaise compréhension entre les créateurs et les affairistes, ça l'a brisé. La chose qu'il aimait le plus au monde, pour laquelle il a depensé tant de temps et d'énergie dans sa vie entière, il n'a plus voulu s'y consacrer.")

"Can you imagine if he hadn't been fucked over? If instead of being Grumpy Alan Moore Shouting From His Cave he had spent the past 40 years putting out book after book for DC and the rest? Creating vast worlds full of the superheroes he loves? Enjoying comics? Its a damn shame."

("Pouvez-vous imaginez à quel point il a été baisé ? Si au lieu de le considérer maintenant comme ce vieux grincheux d'Alan Moore qui passe son temps à pester après DC depuis 40 ans, il avait pu encore inventer des mondes entiers et merveilleux pleins de super-héros qu'il aime ? Faire son métier avec plaisir ? C'est vraiment honteux.")

Méditez ça. Et à bientôt pour de nouvelles critiques.

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