La parution chaotique de ce deuxième volume de Sabrina The Teenage Witch s'achève trois mois après la sortie du précédent épisode. J'ignore ce qui a pris si longtemps à Archie Comics pour livrer ce numéro mais passons. Kelly Thompson avait la lourde tâche de conclure une intrigue un peu plus laborieuse que celle de son premier arc et elle s'en sort bravement. Veronica Fish met cela en images avec son énergie habituelle.
Capturée avec Ren et Radka Ransom par Della, Sabrina comprend que cette dernière était la tueuse qui sévissait à Greendale depuis plusieurs semaines car elle avait besoin de l'énergie vitale de ses victimes pour conserver sa jeunesse. Aujourd'hui, cependant, c'est à Sabrina d'en faire les frais.
Ren et Radka comprennent qu'il leur faut aider Sabrina, la seule à pouvoir les délivrer du sort que leur a lancés Della en représailles contre leur défunte mère, également sorcière. Ils se changent en Wendigo et offrent une diversion pour que Sabrina se libère de ses liens et défie Della.
Pour affronter Sabrina toutefois, Della n'a pas le choix : elle doit quitter sa cabane et s'enfoncer dans la forêt. Les deux adversaires commencent à se battre au centre d'un pentagramme. Effrayés par la tournure des événements, Ren et Radka tentent de s'interposer mais un champ de force les maintient à l'écart.
A coups de sortilèges de plus en plus puissants et agressifs, Sabrina, bien qu'en difficulté, joue son va-tout en invoquant les esprits des victimes de Della et ainsi elle l'emprisonne dans une carte magique. Il est temps pour les jeunes gens de rentrer chez eux, mais une surprise attend encore Sabrina chez ses tantes...
Parfois on reproche à l'équipe artistique d'une série de ne pas produire assez vite et de nous faire perdre le fil de l'histoire qu'elle raconte. Parfois aussi c'est la faute de l'éditeur qui sort un peu n'importe comment les épisodes. C'est bien ce qui semble s'être passé ici car Archie Comics, au début de la crise sanitaire, avait lancé ce deuxième volume des aventures de Sabrina the teenage witch quand tous les autres se mettaient en stand-by. Puis quand les choses s'arrangèrent, du moins techniquement, la série a vu ses parutions s'espacer. Et notre intérêt se diluer...
Il faut ajouter que l'intrigue de cette mini-série a été moins concluante que la première "saison". Kelly Thompson a démarré fort avec une affaire de meurtres à Greendale pour laquelle Sabrina s'est mise à soupçonner ses tantes Hilda et Zelda. En parallèle, la scénariste a voulu continuer à développer l'évolution de sa jeune héroïne, en plein tourment amoureux, et victime d'un chantage (car Radka Ransom avait découvert son secret et l'obligeait à la délivrer su sort qui les changeait, elle et son frère Ren, en wendigo).
Cela faisait peut-être beaucoup pour seulement cinq épisodes et on a constaté rapidement que Thompson ne traitait guère des meurtres pour privilégier l'introduction d'un nouveau second rôle en la personne de Della, une sorcière qui instruisait Sabrina à de nouvelles pratiques. Il aura donc fallu attendre ce cinquième numéro pour établir le lien entre les meurtres et Della et comprendre le mobile qui animait cette dernière pour les commettre (un prétexte assez convenu d'ailleurs).
Il semble, en outre, que Thompson ait voulu coller à la série de Netflix (Chilling adventures of Sabrina/Les Nouvelles Aventures de Sabrina) en insufflant un peu plus de noirceur dans son scénario. Un calcul maladroit car justement c'est la fraîcheur et l'humour du premier volume qui faisaient tout le charme de la série BD. Et puis graphiquement les éléments horrifiques ne conviennent guère au style graphique des Fish.
Car, quand Kelly Thompson se prenait les pieds dans son tapis (volant), Veronica et Andy Fish tenaient bon le cap : les dessins conservaient leur aspect coloré et facétieux, parfois à la limite du cartoon. Veronica Fish est une artiste qui a une signature bien à elle, on reconnaît ses pages entre mille et sa collaboration avec son mari coloriste, Andy, est formidable. L'esthétique de la série fait énormément pour son attractivité, pas sûr qu'avec d'autres qu'eux on aurait tenu jusqu'à la fin.
Dans ce dernier chapître, on mesure complètement leur apport car c'est l'heure du duel attendu entre l'héroïne et celle qui l'a trompée depuis le début. Le décor intérieur de la cabane de Della représente un effort louable pour reproduire celui de l'antre d'une vraie sorcière avec chadron fumant, chaînes suspendues, lumières inquiétantes. Ensuite l'affrontement entre Sabrina et Della dans la forêt tient toutes ses promesses : Veronica Fish privilégie les cases d'une dimension généreuse et laisse à la palette Andy de l'espace pour un véritable feu d'artifices pour rendre les sortilèges échangées vraiment flamboyants. Le final est à la fois glaçant sans être trop effrayant, ce qui conserve à la série son côté "pour tout public".
Les situations imaginées par Kelly Thompson demeurent pleines de dynamisme et le trait expressif de Veronica Fish traduit à merveille les émotions qui traversent les personnages, sans jamais aller trop loin dans la comédie, ce qui nuirait à la violence des coups portés/reçus par les deux sorcières. On sent parfaitement la difficulté pour Sabrina de contenir les assauts de Della mais aussi sa détermination mêlée à une meilleure maîtrise de sa magie pour la contrer et finalement la vaincre.
La question restait de savoir si Archie Comics allait s'engager dans un troisième arc, surtout après l'annulation de la série sur Netflix. La réponse est oui comme le suggère le personnage qui attend Sabrina chez ses tantes (dont on ignore où elles sont passées). Kelly Thompson et les époux Fish vont donc pouvoir poursuivre leur run, mais on espère que sa publication sera moins désordonnée et que son histoire sera mieux structurée.
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