Ce huitième épisode de Fire Power renoue avec la formule gagnante du premier arc de la série. Robert Kirkman, qui avait déçu avec le précédent chapitre, trop explicatif, sait rebondir, à défaut d'être original. En tout cas, le titre s'oriente de plus en plus clairement vers un récit où Owen Johnson n'est pas le seul héros (ni même un super-héros). Chris Samnee est comme un poisson dans l'eau et lui aussi reprend des couleurs.
De son côté, Owen Johnson met dans la confidence Larry, son patron, sur la situation délicate qu'il traverse. Il lui demande, en son absence, de veiller sur ses parents adoptifs, même s'il pense que désormais ses ennemis les laisseront tranquilles pour le traquer, lui et Wei Lun.
Cependant, Kellie s'entretient avec Wei Lun qui lui fait quelques confidences flatteuses sur la jeunesse de Owen au temple. Owen, justement, revient chez ses parents adoptifs : il est l'heure de partir et Kellie accompagne son mari avec leurs enfants.
La famille Johnson s'envole pour le repaire du clan de la Terre Ecorchée où Wei Lun promet à Owen qu'ils seront bien accueillis. Mais c'est alors qu'une passagère attaque Owen. Il n'a pas d'autre choix pour sauver les siens que d'opter pour une solution radicale...
La fin de cet épisode est à couper le souffle : une scène d'action spectaculaire dans le huis-clos d'un avion en vol et un cliffhanger époustouflant. Mais aussi une adresse malicieuse de Robert Kirkman à Chris Samnee, qui, comme il l'expliquait dans la postface du précédent épisode, déteste l'avion et donc dessiner des scènes dans un avion.
Le septième numéro de Fire Power m'avait déçu : si l'intention était louable (faire le point après le premier arc), le résultat était fastidieux. Toutefois, Kirkman a du métier et sait rebondir, comme il le prouve ici. Cet épisode n'est pas étincelant, mais réserve suffisamment de bons moments pour qu'on constat un redressement bienvenu.
A l'origine, il faut rappeler que Kirkman et Samnee souhaitaient que leur série soit tout public (même si quelques éclairs de violence jouent avec les limites de ce plan. Mais cette volonté est claire malgré tout dans ce chapitre où on voit plus que jamais que l'histoire, si elle prend Owen comme le pivot de l'intrigue, implique toute sa famille (sa femme, leurs enfants). Plus largement, le thème de la famille se retrouve dans le fonctionnement dérèglé du temple du Poing Enflammé, dont Chou Feng est l'espèce de patriarche brutal et dépassé tout comme Wei Lun pourrait être l'oncle qui sème la zizanie. On peut hypothéquer que la découverte du clan de la Terre Ecorchée dévoilera une autre cellule familiale.
L'exploration de ce motif familial prend la forme d'au-revoir dans cet épisode puisque Owen, comme il l'annonçait à Kellie dans le précédent numéro, a décidé de cesser de fuir son passé pour suivre Wei Lun et donc retourner là où s'est formé. Mais cette fois, donc, il a tourné définitivement le dos au temple du Poing Enflammé pour rejoindre le clan de la Terre Ecorchée. En conséquence, Owen quitte (provisoirement ?) son patron, après lui avoir tout dit de son passé, de son présent et de ses pouvoirs, et ses parents adoptifs. Dans une moindre mesure, Kellie aussi tourne la page en saluant Reggie, son collègue et assistant de Wei Lun.
Kirkman glisse quand même, dans un épisode assez lourd dramatiquement, quelques pointes d'humour, comme lorsqu'il montre Wei Lun ahuri devant les gamins Johnson absorbés par leurs consoles de jeux vidéos (leur concentration l'épate, lui qui a toujours eu du mal à obtenir autant d'attention de la part de ses élèves).
Samnee paraissait fatigué le mois dernier : il a un emploi du temps très chargé puisqu'en parallèle de Fire Power, il écrit, avec sa femme, et dessine une autre série (Jonna and the Unpossible Monsters, qui commencera sa publication le mois prochain), et il acceptait encore il y a peu des commissions art à tout de bras (une activité qui permet aux artistes d'arrondir leurs fins de mois grâce à des fans fortunés).
Mais Samnee est heureux et ça se sent : il a fait le tour des super-héros et s'épanouit dans l'aventure du creator-owned, il assume cette charge de travail (qui impressionne ses collègues). Le voilà reparti sur des bases élevées et le résultat ne déçoit pas. De l'action ? Il découpe des scènes hyper énergiques, avec des découpages et des compositions incroyables. De l'émotion ? Le dialogue entre Kellie Johnson et Wei Lun permet, à coups de gros plans en clair-obscur, de saisir toute la tendresse du vieux sensei pour son ancien élève.
Samnee sait, comme Kirkman, ponctuer ces moments forts de petites respirations plus légères comme quand il consent à produire une pleine page sur le visage sidéré du patron de Owen, qui vient d'apprendre le secret de ce dernier (un plan typiquement Kirkman), ou quand le père adoptif d'Owen, bravache, jure qu'il saura accueillir les tueurs à la poursuite de son fils s'ils resurgissent. Ou encore quand Wei Lun observe, fasciné, les enfants Johnson concentrés sur leurs consoles de jeu vidéo, lui qui avait tant de mal à obtenir autant d'implication de la part de ses élèves.
Mine de rien, Fire Power franchit un cap important et audacieux : désormais, il ne s'agit plus seulement de l'histoire d'Owen Johnson, le scénario embarque toute une petite bande (avec Kellie, ses enfants, Wei Lun) dans un périple incertain, improbable, et qui s'annonce déjà acrobatique avec cette mystérieuse femme au sabre dans l'avion...
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