dimanche 23 février 2020

NEW MUTANTS #7, de Jonathan Hickman et Rod Reis


Et ainsi s'achève cet arc des New Mutants... Et aussi, apparemment, la prestation de Jonathan Hickman sur la série ! Dommage car on en aurait volontiers repris (même si le scénariste va retrouver ces personnages dans la série X-Men très bientôt), mais quel régal tout de même et quelle belle surprise de la part du scénariste, qui aura prouvé son auto-dérision. Rod Reis quitte aussi le navire (pour collaborer sur un Giant-Size X-Men avec Hickman) en beauté.


Sunspot résume les événements qui ont suivi la destruction du vaisseau des Nouveaux Mutants. Sauvée du vide sidéral par Magik, l'équipe s'est emparée du navire du commando Shi'ar lancé à leurs trousses, après libéré Cypher, Sunspot, Smasher et Cannonball grâce au renfort de Deathbird.


Ignorant tout de cela, la future reine Xandra s'inquiète du retard de sa tante et de son escorte sur Chandilar, le monde-trône des Shi'ar. Gladiator la rassure avec Oracle en lui promettant que rien ne peut stopper Deathbird.


Ayant gardé un prisonnier parmi le commando Shi'ar, interrogé par Cypher et Karma, les Nouveaux Mutants savent qu'on leur a tendu un piège et qu'un traître se trouve au sein de la Garde impériale Shi'ar. Deathbird et Smasher sont résolus à foncer pour le confronter et le confondre.


Pour Deathbird, le coupable idéal est Gladiator, qui ne voudrait pas céder sa place sur le trône à Xandra, trop jeune et inexpérimenté. Une bataille s'engage entre les Nouveaux Mutants et la Garde impériale mais Xandra ordonne à tous de se calmer et au traître de se révéler.


Oracle avoue mais Xandra lui pardonne en décidant de la prendre à son service aux côtés de Deathbird. Cyclope négocie avec Gladiator l'installation d'un portail entre Krakoa et Chandilar. Tandis que Sunspot décide de s'installer sur place pour Deathbird et Cannonball en prévision de futurs ennuis.

D'entrée de jeu, on sait que cet ultime épisode écrit par Jonathan Hickman est là pour nous divertir et pas davantage. Quoique... L'auteur veille à installer une distance narrative quasi-méta-textuelle pour souligner sa démarche. Il s'agit en effet autant de s'amuser avec les héros qu'avec le mécanisme même du récit super-héroïque.

On commence donc par le rituel résumé des épisodes précédents par Sunspot : celui-ci raconte sa version des faits, en n'oubliant pas de se donner le beau rôle et de traiter ses camarades comme des gamins. C'est déjà très drôle, mais Roberto da Costa, tout à sa relation, va un peu trop loin dans les révélations...

Débarque alors Dani Moonstar pour l'avertir qu'il est en train de complètement spoiler l'intrigue au lecteur. Les personnages s'adressent alors directement à nous et on comprend que Hickman se moque des règles en usage, brisant le quatrième mur, tournant en dérision ses propres rebondissements. C'est savoureux.

Le risque avec ce genre d'écriture, c'est évidemment que l'exercice mine complètement le cours de l'histoire et prive le lecteur de tout suspense. Peut-on encore vibrer pour des héros dont on sait qu'ils seront victorieux à la fin et dont l'aventure vire à la parodie ? Hickman sait ce qu'il fait et redirige alors son récit de façon plus classique.

Nous le savons mais pas les Nouveaux Mutants, ils ont été piégés par un membre de la Garde impériale Shi'ar qui ne voulait pas que Deathbird forme Xandra à devenir la nouvelle reine. La traîtresse est Oracle, la télépathe. Nos jeunes héros qui ont fait un prisonnier dans le commando de la mort foncent tête baissée dans un traquenard mais Deathbird et Smasher sont aux commandes, chacune avec leur suspect.

Quand tout ce beau monde débarque sur Chandilar, le combat est inévitable. C'est un cliché du genre et Hickman revient à son registre farceur en rigolant de ses propres data pages pour nous résumer l'affrontement, son évolution... Avant de nous en exposer le terme, abrupt et savoureux, par Xandra (finalement pas si godiche que ça). Oracle avoue et a droit à une punition peu ordinaire.

Le meilleur reste encore à venir car Sunspot est fort désappointé en apprenant que Cannonball entend demeurer avec Smasher et leur fille parmi les Shi'ar. Tout ça pour rien ? En vérité, Roberto da Costa se moque bien de la recomposition des Nouveaux Mutants, il voulait surtout retrouver son ami pour des aventures inédites. Qu'à cela ne tienne, il décide de rester lui aussi sur Chandilar, pour séduire Deathbird et faire des affaires (il commence aussitôt en rachetant l'immeuble où vivent Sam Guthrie et Izzy pour y habiter avec eux !).

La légèreté du propos, du ton peuvent étonner de la part d'un auteur réputé sérieux et cérébral comme Hickman. Mais que le scénariste ait voulu ou non prouver qu'il pouvait être marrant, qu'importe : il a surtout réussi, en procédant de la sorte, à ranimer l'esprit original des New Mutants, en en faisant une équipe jeune, complice, partie dans l'espace sans réfléchir. Tant pis, si, au passage, il n'a pas fait grand-chose de Mondo ou Chamber et que la caractérisation dans son ensemble est très superficielle, tout comme l'intrigue. L'essentiel était ailleurs, dans l'état d'esprit.

Rod Reis a accompagné le scénariste dans ce projet avec beaucoup d'enthousiasme, une affection visible pour ces personnages, et un soin remarquable pour tout le cadre. En assumant toute la partie graphique (dessin, encrage, couleurs), Reis paie un hommage remarquable à son idole Bill Sienkiewicz, qui a marqué de son empreinte le titre, tout en ne le singeant pas.

Mais qu'on se rassure, Reis n'en a pas fini avec les mutants et avec Hickman puisque les deux hommes collaborent déjà sur un nouveau projet. En effet, en parallèle de X-Men, l'auteur va produire régulièrement des Giant-Size X-Men centrés sur un personnage particulier, dans des numéros longs comme des annuals. Au menu : Nightcrawler avec Alan Davis, Magneto avec Ramon K. Pérez, Jean Grey et Emma Frost avec Russell Dauterman... Et Fantomex avec Reis ! Un programme vraiment très alléchant.

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