dimanche 5 janvier 2020

HAWKEYE : FREEFALL #1, de Matthew Rosenberg et Otto Schmidt


Hawkeye est de retour pour une mini-série (qui, sait-on jamais, en cas de succès, ouvrira la porte à une ongoing). Il ne faut pas vous fier à a couverture (horrible) de Kim Jacinto, l'intérieur par Otto Schmidt (récent transfuge de DC) est bien meilleur. L'autre excellente surprise vient de l'écriture de Matthew Rosenberg, bien plus inspiré ici qu'avec Uncanny X-Men.


Hawkeye infiltre une bande d'hommes car the Hood cherche de la main d'oeuvre pour ses nouveaux projets criminels. Il réussit à le faire arrêter avec le concours d'une brigade de police. Ses comparses sont jugés à la chaîne en comparution immédiate.
  

Mais Clint Barton apprend que le maire (Wilson Fisk) a interféré pour que Parker Robbins (the Hood) échappe au juge. Il le rattrape dans sa limousine et le gangster s'amuse de la ténacité de Hawkeye dans un combat perdu d'avance pour lui, faute de soutien haut placé.


La même nuit, un individu vêtu du costume de Ronin attaque d'anciens agents du SHIELD et leur dérobe une mallette. Au matin, alors qu'il prend son petit-déjeuner, Clint est abordé par le Faucon et le Soldat de L'Hiver qui désirent connaître son emploi du temps de la nuit.


Parce qu'il a été un temps sous le masque de Ronin, Clint est suspect mais il nie toute implication dans l'attaque. Pour le prouver, il entraîne le Faucon et le Soldat de l'Hiver dans une de ses missions au cours de laquelle il compte sur eux pour confondre the Hood.


Mais Ronin surgit et agit violemment contre les sbires du malfrat. Les trois héros s'interposent mais leur intervention désordonnée tourne à l'avantage de leur adversaire qui leur flanque une correction avant de s'éclipser. Clint est blanchi mais l'histoire ne fait que débuter...

Depuis le run de Matt Fraction et David Aja, Hawkeye est devenu plus que l'archer occasionnel des Avengers, c'est désormais un héros qui bénéficie d'une côte d'amour à part dans le coeur des fans. Malheureusement, personne depuis n'a été en mesure de reproduire l'exploit de Fraction et Aja en lui consacrant une série durable. Le personnage est retombé dans une sorte de purgatoire, attendant qu'on l'exploite à nouveau à sa juste mesure.

C'est le pari que tente Matthew Rosenberg, un fan de l'archer, qui, lui aussi, tente de se refaire une santé. En effet, avant la révolution House of X-Powers of X, il a été le scénariste de la série Uncanny X-Men, dans laquelle il a fait tout et n'importe quoi, tuant des personnages à tour de bras (depuis ramenés à la vie par Hickman) et rédigeant une saga impossible - et d'ailleurs effacée des tablettes.

Marvel, prudent, ne lui a accordé qu'une mini-série en cinq parties pour animer Hawkeye. Vu le résultat et les bonnes critiques mais aussi des ventes encourageantes (un deuxième tirage est annoncé), on peut rêver que l'aventure se prolonge même si l'éditeur multiplie les minis sans lendemain.

Rosenberg ne perd pas de temps pour lancer son intrigue, convoquant the Hood et surtout un nouveau Ronin, qui entache la réputation de Clint Barton, qui revêtit un temps l'habit de ce justicier (après Echo et avant Blade). C'est donc un whodunnit ?, mais mené à toute allure, avec beaucoup de dérision.

Et c'est bien cela qui emporte l'adhésion du lecteur. Rosenberg a compris que la meilleure façon d'écrire Hawkeye, c'était de le faire sans être trop sérieux, en revenant à la source du run de Fraction, avec un Clint Barton un peu loser mais irrésistiblement sympa. C'est particulièrement savoureux, surtout quand Clint est au lit avec Linda Carter, l'Infirmière de Nuit (sa nouvelle copine), à qui il vient de promettre des galipettes mais qui, obsédé par l'impunité de the Hood, ruine tout en décidant de se confier.

Drôle aussi l'échange entre le Faucon, le Soldat de l'Hiver et Barton avec le rappel aux autres Ronin. On oublie presque au passage que les deux personnages qui interrogent Clint ne sont pas un choix de Rosenberg mais une contrainte imposée par Marvel qui prépare la sortie d'une autre mini-série intitulée The Falcon and the Winter Soldier. Et tout ça avant des séries télé sur Disney + sur Hawkeye et les deux larrons (respectivement en 2021 et 2020). Synergie médiatique, quand tu nous tiens...

Pour dessiner cela, Otto Schmidt est un autre bon choix. L'artiste s'est illustré chez DC en participant activement au Green Arrow écrit par Benjamin Percy et le retrouver avec l'archer de Marvel est amusant. Mais plus que ça, c'est le style de Schmidt qui fait la différence.

En effet, dans la pléthorique collection de séries Marvel, il y a peu de place pour le dessin non réaliste et même hyper réaliste. On assiste à une sorte d'uniformisation graphique assez lassante où tout se ressemble visuellement. Les plus doués sortent leur épingle du jeu, mais en définitive on reste dans un registre unique.

Schmidt, lui, dessine, s'encre et colorise avec des références qui se détachent du tout-venant. Ses images ont la fraîcheur de l'esquisse, ses personnages flirtent avec le cartoon, l'expressivité est maximale jusqu'à flirter avec la caricature. L'artiste ne se prive d'ailleurs pas de souligner les effets narratifs de Rosenberg, comme quand Clint adresse un clin d'oeil au lecteur en même temps qu'en voix off il nous confirme que c'est bien lui, là, parmi les hommes de main de the Hood.

Cette vivacité dans le trait pourra sans doute paraître bâclée à certains. Mais quelle pêche ! Quel sens du mouvement ! Et quelle jolie malice dans le découpage quand l'artiste aligne trois cases noires avec des onomatopées suggestives alors que la voix off de Clint raconte le contraire (il est en pleine séance de câlins avec la Night Nurse mais n'arrête pas de penser à the Hood).

C'est un démarrage canon, qui laisse augurer du meilleur. Et ça fait tout simplement du bien de retrouver Hawkeye entre de si bonnes mains.



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