Benjamin Percy est un homme pressé : il ne lui aura fallu que trois numéros pour boucler son premier arc de X-Force, la "CIA" de la Nation X. Cette intensité peu commune sert un récit prenant, dont le dénouement promet beaucoup, avec une phrase accrocheuse. Grâce aussi à Joshua Cassara, dont le style visuel s'est imposé à la série avec brio.
Wolverine et Kid Oméga libèrent Domino sur laquelle on a pratiqué des prélèvements afin que le commando meurtrier ayant sévi sur Krakoa déjoue la surveillance de l'île. Avant de quitter ce sinistre labo, ils doivent cependant semer un ultime gardien.
Sur Krakoa, pendant ce temps, le Fauve pense avoir compris le fonctionnement de Cérébro et Jean Grey décide de s'en servir pour ressusciter sans attendre Charles Xavier dont le corps a été recomposé par les Cinq.
Le dernier des mercenaires ayant commis le massacre sur Krakoa est tué par un habitant de l'île. Cela déclenche une bombe placée à l'intérieur de son corps et qui fait plusieurs blessés. Loin de tout cela, Domino révèle à Wolverine qu'elle était en mission d'infiltration au sein de groupuscules sur ordre de Xavier.
La rumeur de la mort du Pr. X s'est répandu dans les médias et Magneto s'apprête à prendre la parole, sans savoir quelle stratégie adopter. Il est sauvé par la réapparition in extremis de Xavier, même si certains doutent que ce soit lui.
Réunis par Magneto, Wolverine, Kid Omega, Domino, Jean Grey, Sage et le Fauve sont désignés pour devenir la nouvelle incarnation de la X-Force, une unité chargée de répondre aux attaques contre la Nation X. Leur ennemi, le groupe Xeno, prépare en conséquence leurs prochains mouvements.
Comme je l'écris en ouverture de cette critique, Benjamin Percy n'a pas de temps à perdre : sa X-Force vient de naître officiellement après seulement trois épisodes, un arc narratif concentré par les temps qui courent (même si je n'ai rien contre la décompression narrative : si c'est bien écrit, ça fonctionne).
On le savait via les déclarations d'intention de l'editor Jordan White et du showrunner (officieux) Jonathan Hickman de la franchise "X", ce titre devait présenter l'équivalent de la CIA des mutants, un organe de stratégie et de défense. Il s'agissait aussi de se démarquer des précédentes incarnations (en particulier de celle, magistrale, d'Uncanny X-Force de Rick Remender), une division "black ops" hypocritement toléré par les chefs mutants (en particulier Cyclope, qui la désapprouvait tout en ne l'interdisant pas).
Percy a, pour cela, osé des coups de théâtres risqués, comme tuer Charles Xavier, ce qui équivalait à une manoeuvre grossière puisque désormais les mutants ont vaincu la mort elle-même par le protocole des Cinq et de Cérébro. Mais le scénariste a été très malin, sans être roublard, et cet épisode prouve avec quelle dextérité il a utilisé ce procédé en en mesurant parfaitement les limites. En fait, il a subtilement déplacé l'astuce : ce qui compte finalement davantage que la mort provisoire de Xavier, c'est ce qu'elle provoque et qui est résumé dans une métaphore ("l'épée de Cérébro", un passage admirable).
Quant à la fondation de l'X-Force, elle ne prend pas beaucoup plus de place : une réunion express, une décision franche et limpide, une détermination glaçante mais proportionnée, et un casting à la fois original et logique (avec d'un côté les têtes, de l'autre les poings). Percy fait fort. Et l'épilogue de l'épisode est bluffant par son ampleur tacite (c'est ni plus ni moins qu'une guerre tactique et armée qui s'enclenche).
Joshua Cassara aura été l'autre révélation de ces épisodes. Ce n'est pas un artiste au style forcément agréable ni beau, c'est rude, volontiers frustre. Mais ce qu'on perd en esthétisme, on le gagne en efficacité. Quand on est avec Wolverine et Kid Oméga dans un labo glauque, c'est vraiment flippant. Quand on suit Jean Grey et le Fauve, c'est haletant. Quand on assiste au débrief de Magneto et Xavier, c'est électrique.
Curieusement, alors qu'il semblait installé sur le titre (même si son absence n'est peut-être que temporaire), Dean White a cédé sa place comme coloriste au studio Guru. Le résultat manque un peu de matière, mais l'ambiance demeure intacte, sombre, noueuse (il sera intéressant de voir si elle tiendra quand Oscar Basaldua remplacera Cassara car Basaldua a un dessin bien plus lisse).
Quoi qu'il en soit, ce triptyque puissant marque les esprits et impose la série comme une des meilleures de l'ère "Dawn of X".
Je découvre votre blog aujourd’hui …et j’adore…
RépondreSupprimerÉnorme travail…je sens que je vais éplucher chaque billet…merci
Amicalement