vendredi 29 novembre 2019

DIAL H FOR HERO #9, de Sam Humphries et Joe Quinones


Le second arc de Dial H for Hero a connu un sérieux coup de mou depuis trois épisodes, mais Sam Humphries semble s'être ressaisi avec ce numéro 9 qui revient en force sur l'intrigue principale et bénéficie du retour de Joe Quinones comme seul dessinateur. Il était temps puisque la saga entame son dernier tiers.


Mr. Thunderbolt a désormais en sa possession deux des quatre téléphones magiques - le rouge (qui donne des pouvoirs aléatoires) et le jaune (qui donne deux pouvoirs). Miguel et Summer détiennent le bleu (qui révèle le héros en chacun de nous). Le noir se trouve à Apokolips.


Mais Miguel est frustré par la situation : désirant toujours confier le téléphone à Superman et lui parler des autres appareils, il s'est fait embaucher comme coursier au "Daily Planet" avec Summer qui lui a interdit d'utiliser le téléphone bleu car, alors, ils seraient repérés par Mr. Thunderbolt.


L'Opérateur du Heroverse a également deviné la mauvaise humeur de Miguel et l'appelle sur le téléphone bleu pour le mettre en garde contre leur ennemi. Ce qu'il ignore, c'est que Thunderbolt et ses adeptes sont également cachés dans le "Daily Planet".


Pressé d'en découdre autant que de renouer avec le super-héroïsme, Miguel désobéit à l'Opérateur et Summer et utilise le téléphone bleu. Mal lui en prend : il est transformé en un justicier ridicule et, à l'instant même, localisé par Thunderbolt qui lui envoie ses sbires.
  

Miguel ne doit son statut qu'à Summer, qui redevient Lolo Kick You grâce au téléphone bleu, et défait les agents du Thunderbolt Club. Avec elle, Miguel prend la fuite à bord du van de son oncle qui se téléporte dans le Multivers.

Trois épisodes pour (presque) rien, c'est ce qu'on retiendra des trois derniers mois de parution de Dial H for Hero. Et sans doute faut-il autant y voir un manque d'inspiration de la part du scénariste que la conséquence de prolonger un projet conçu pour durer six chapitres et prolongé en récit étalé sur douze mois.

Mais ce neuvième épisode renoue avec le meilleur du projet (ça tombe bien, puisque le premier recueil est disponible, gorgé de bonus). L'intrigue reprend ses droits et les personnages sont confrontés à des problèmes directs résumés avec adresse en première page.

Ainsi Sam Humphries opère-t-il une sorte de rappel, comme si, lui aussi, avait besoin de savoir où il en est. On apprend (ou on ré-apprend) les particularités des quatre téléphones cardinaux (le rouge donne des pouvoirs aléatoires, le jaune en donne deux, le bleu fait surgir le "héros intérieur", mais on ignore la propriété du noir qui se trouve sur Apokolips). On découvre aussi que Miguel et Summer, pour attendre Superman, ont réussi à se faire embaucher au "Daily Planet" (où travaille Clark Kent), mais les tâches ingrates qu'on leur donne frustre particulièrement Miguel qui aimerait bien redevenir un super-héros.

Un double souci se présente : s'il le fait, Mr. Thunderbolt le remarquera aussitôt et aussi en quoi le transformera le téléphone bleu. Pendant quelques pages, ça patine un peu, on se demande où veut aller Humphries (ou plutôt on le devine trop bien) - d'ailleurs ce qu'on pressent arrive, à tous les niveaux, et cela est très convenu, décevant. Un signe que la série est encore convalescente.

En vérité, cela indique qu'on se trouve en présence d'un épisode de transition : nous entamons ici le dernier tiers de la série, il faut à la fois pour Humphries garder des cartouches en vue d'un final spectaculaire mais aussi re-dynamiser une histoire qui s'est embourbé. Pour cela il mise sur une sorte de crise d'adolescence malvenue de son héros, un ressort paresseux mais qui aboutit à un cliffhanger accrocheur.

Le salut vient réellement de Joe Quinones qui, lui aussi, a été bien absent depuis trois mois et doit donc prouver qu'il est toujours investi dans la série. L'artiste ne déçoit pas, au contraire : il nous en met plein la vue.

Déjà il se passe à nouveau d'encreur (même si Scott Hanna n'a pas démérité pour l'aider) et avec le coloriste Jordan Gibson il produit des pages formidables. Un des plaisirs de Dial H for Hero, c'est la manière dont Quinones réussit à imiter, de manière virtuose, le style d'autres grands dessinateurs pour représenter les transformations des héros ou les astuces narratives du scénario. Cette fois, il fait très fort.

On a d'abord droit à deux planches traitées à la manière de Chris Ware (le créateur de Jimmy Corrigan) et c'est d'autant plus savoureux que Ware a toujours exprimé son dédain pour les comics de super-héros. Quinones ne le singe pas méchamment mais la performance est remarquable.

Puis, plus loin, lorsque Miguel se change en Early Adopter, c'est Alex Toth et ses characters designs pour Hanna-Barbera qui sont convoqués sous le crayon de Quinones. Le trait naïf, épuré, cartoon est une merveille de dérision dans cette scène où la parodie est à l'oeuvre.

(En revanche, je dois avouer ne pas avoir reconnu l'artiste imité pour l'intervention du gang des Geckos, qui fait penser aux Teenage Mutants Ninja Turtles.)

Ces tours de force visuels ne sont pas des gadgets, ils servent le récit et lui donnent une énergie qui manque au seul scénario de Humphries. Ce dernier, en souhaitant qu'il se ressaisisse complètement le mois prochain, après avoir donné de tels défis à son dessinateur, serait bien inspiré en effet de se bouger pour que les belles dispositions affichées dans le premier acte de la série soient converties alors que son dénouement approche. Mais je lui fais confiance. 

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