vendredi 20 septembre 2019

SUPERMAN #15, de Brian Michael Bendis et Ivan Reis avec Brandon Peterson


Derrière cette couverture un peu rétro par sa composition se trouve la conclusion de la (très) longue Unity Saga, démarré par Brian Michael Bendis quand il a repris la série Superman. Après les derniers numéros un peu hasardeux, le scénariste livre un dénouement satisfaisant, magnifiquement illustré une fois de plus par Ivan Reis (qui va pouvoir souffler un peu).


Superman observe Rogol Zaar placé en stase par les autorités de Thanagar. Adam Strange le rejoint et s'enquiert de la situation : il apprend que la Légion des Super Héros est apparue inopinément et a fait une offre surprenante à son fils, Jon Kent.


Mais ces jeunes héros du XXXIème siècle sont arrivés un peu trop tôt car les différentes délégations planétaires présentes sur Thanagar n'avaient pas encore accepté l'idée de Superboy de se rassembler en Nations Unies de l'espace.


Néanmoins, grâce à la promesse de Superman de veiller à la représentation de tous, un consensus est voté et Superboy fête le Jour de l'Unité, confirmant par là même l'inspiration à l'origine de la création de la Légion. Celle-ci lui accorde 24 heures de réflexion pour décider s'il se joint à elle.


Mais Adam Strange est aussi et surtout là pour annoncer que le conseil galactique a prononcé son jugement vis-à-vis de Jor-El et de ses nombreuses infractions. Il a été décidé de le renvoyer dans le passé, au moment de la destruction de Krypton.
  

Bien qu'il n'ait pu ni défendre ni dire "au revoir" à son père, Superman se plie au verdict. Il accepte ensuite la trêve soumise par le général Zod, qui veut bâtir une nouvelle Krypton. Supergirl, Krypto, Superboy et Superman rentrent sur Terre.

Compte tenu de sa durée (quinze mois !), il est indéniable que cette saga a souffert de longueurs et on accueille sa conclusion avec soulagement (on va enfin pouvoir passer à autre chose) sans manquer de constater que Brian Michael Bendis expédie un peu son affaire sur certains points.

C'est en effet le curieux sentiment qu'on éprouve : le scénariste paraît avoir voulu tourner la page un peu vite après avoir bien pris son temps auparavant. Peut-être en avait-il lui aussi assez... 

Par exemple, la densité de l'épisode n'élude pas le règlement de certaines pistes narratives dont on avait fini par se demander comment Bendis les solderait. Rogol Zaar finit donc placé en stase sur Thanagar, mais alors qu'on apprend, au détour d'une ligne dialogue, qu'il a été "créé" par Jor-El (quand il était membre du Cercle donc), le sujet en reste là. Pour ma part, je ne regretterai pas ce méchant lassant, mais j'aurai préféré que Bendis en dise plus sur ses origines au lieu de multiplier ses affrontements avec Zod et Superman.

Le sort réservé à Jor-El est aussi brusque. Personnellement, la mort du père de Superman ne me dérange pas car je n'ai jamais aimé l'idée qu'il ait survécu et se comporte comme un magouilleur. Mais les circonstances de sa condamnation laisse perplexe car elle est décidée alors que le conseil galactique vient juste d'accepter l'idée de Nations Unies de l'espace. Commencer par tuer la grand-père de l'adolescent (Superboy) qui a inspiré cette institution ne me paraît pas très adroit. Superman a tout intérêt à surveiller les instances de cette assemblée dans l'avenir pour éviter qu'elle ne tranche toutes les têtes qui dépassent.

A côté de cela, Bendis marque des points. Et le plus important concerne la Légion des Super Héros. Son apparition le mois dernier était un peu providentielle et ressemblait à un teaser forcé pour la série à paraître en Novembre. Mais cette fois, le scénariste traite leur intervention avec humour et surtout se donne un peu d'air avant d'exfiltrer Superboy vers le XXXIème siècle. (En clair, le #16 verra l'ultime réunion des "Super Sons" et certainement une explication avec Lois Lane.)

De même le cas du général Zod demeurait une inconnue. Ennemi puis allié de Superman face à Rogol Zaar, mais animé par une rancune tenace envers Jor-El, qu'allait-il faire, devenir ? Bendis choisit de pacifier la situation entre l'officier renégat et Superman, de manière assez habile, avec une morale à laquelle il est facile de souscrire ("ne répétons pas les erreurs de nos pères.").

Et enfin, visuellement, l'épisode est de toute beauté : Ivan Reis accomplit encore un remarquable travail, très détaillé, ne lésinant pas sur la figuration (très conséquente !) et des scènes intimistes traitées avec sobriété.

Superman est vraiment au coeur de cet épisode et Reis le représente à la fois en grand rassembleur, sage, qui en impose, mais aussi en fils brisé, en père inquiet, en ami chaleureux. C'est une image synthétique du personnage, qui prouve que l'artiste, comme le scénariste, l'a bien saisi.

Curieusement, Reis cède sa place, le temps de deux pages, à Brandon Peterson dans la scène où Jor-El revient sur Krypton et lorsque la planète explose. Le dessinateur brésilien a-t-il manqué de temps ? Ou bien a-t-on voulu que, graphiquement, ces deux planches se distinguent du reste ? Ce n'est pas choquant en tout cas.

De tout ça se dégage une impression de fin de "saison". La série va prendre un nouvel élan, en souhaitant que le prochain arc narratif soit plus concis. Et que les remplaçants (David Lafuente et Kevin Maguire) de Reis (qui revient en Décembre) soient à la hauteur.     

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