vendredi 9 août 2019

SPACE BANDITS #2, de Mark Millar et Matteo Scalera


Bon, c'est sûr, ce deuxième épisode de Space Bandits est un peu moins renversant que celui de House of X... Mais c'est une qualité car les comics gagnent à cette diversité. Mark Millar et Matteo Scalera n'ont d'autre ambition que de proposer un divertissement léger mais énergique, et leur mission est remplie. Quand bien même le scénariste ne force pas (plus) son talent...


Dans la prison du Crustacée, Thena Cole et Cody Blue sont devenues amies et veulent évidemment quitter cet endroit au plus vite. Thena a son idée : descendre dans l'arène pour un combat qui, si elle gagne, lui assurera une libération rapide.


Mais les choses ne tournent pas comme elle le souhaite : sévèrement corrigée, elle se résigne à suivre le plan de Cody, qui a appris que deux détenus allaient s'échapper grâce à des complices à l'extérieur.


L'évasion se déroule pendant un nouveau duel dans l'arène et la sortie se trouve dans les toilettes de la prison où un dispositif de téléportation a été installé. Thena et Cody neutralisent leurs rivaux et prennent leur place.


Une fois téléportées dans le vaisseau des complices, Thena les élimine promptement. Cody établit le programme pour la suite : puisque Thena ignore où est son ex, elles vont d'abord règler leur compte aux anciens partenaires de Cody.


Ils ne seront pas difficiles à trouver puisque, avant de la trahir, ces gredins avaient dévoilé ce qu'ils feraient une fois riches; Cody descend le premier des traîtres dans un ranch qu'il a acquis et se réjouit du sort qu'elle réserve aux autres...

Tout est cousu de gros fil blanc dans Space Bandits. Aucune surprise, rien qui dépasse : Mark Millar abandonne toute volonté d'originalité, il a un plan, il s'y tient, comme le personnage de Cody Blue, qui a un coup d'avance mais ne fait aucun mystère de ses manigances.

Pour apprécier le plat, il faut aussi, comme lecteur, accepter cette manière de faire. On peut déplorer que Millar, qui, lorsqu'il en fait l'effort, peut élaborer des histoires plus surprenantes, ne force pas son talent. Mais c'est ainsi. Et, l'un dans l'autre, au moins pour l'instant, les aventures de Thena et Cody sont moins navrantes que celles d'Edison Crane dans Prodigy.

Le plus embêtant en vérité est que Millar ne propose une adversité plus consistante à ses deux héroïnes : en les montrant gagnant aussi facilement et collaborer sans accroc (n'est-il pas étonnant tout de même qu'une fille de tête comme Thena soit si obéissante avec Cody ?), il travaille contre ses bonnes intentions qui sont d'animer des femmes aussi hardies que des hommes.

L'évasion du Crustacée et l'exécution du premier traître sont si rapides et simples qu'en réalité elles ont bien peu de mérite, ces deux nanas fortes en gueule, l'une prompte à faire le coup de poing pendant que l'autre établit des plans infaillibles. Souhaitons que la suite leur donne un peu plus de fil à retordre (je pense que Millar réserve cela pour la confrontation avec Viggo, l'ex de Thena).

La véritable attraction de la mini-série repose essentiellement sur sa mise en images par Matteo Scalera. L'artiste italien tire volontiers le récit vers le pur cartoon avec une collection de figurants aux trognes improbables et même avec les deux héroïnes qu'il ne cherche pas à flatter physiquement.

Puisque les références visuelles abondent en provenance des années 80 (coupes de cheveux, des vêtements), Scalera dessine Space Bandits avec une sorte de mauvais goût assumé, et le coloriste Marcelo Maiolo en rajoute dans les tons criards. Cela en devient drôle puisque totalement irréaliste et survitaminé. Millar sait vraiment bien s'entourer - presque trop, parce que, sans ses partenaires, sa production flirterait avec la série Z plutôt que B.

Le prochain épisode sera donc décisif pour l'estimation véritable de tout ça : soit on s'enfoncera dans un petit Millar, soit on sera surpris positivement.  
*
Les variant covers de :
 José-Luis Garcia-Lopez
Skottie Young

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