lundi 1 avril 2019

FREEDOM FIGHTERS #4, de Robert Venditti et Eddy Barrows


"Pas encore mort !" proclame l'accroche de la couverture de ce quatrième épisode de Freedom Fighters. Et pourtant, force est d'avouer que mon intérêt pour cette série décline de numéro en numéro : c'est certes très beau (merci Eddy Barrows), mais le scénario se traîne, dénué d'une véritable intensité (où est le Robert Venditti si inspiré de Hawkman ?).


Mont Reichsmehr, Sud-Dakota. Adolf Hitler Jr. s'apprête à prononcer un discours devant les cadets de son armée pour officialiser leur incorporation. Il ignore qu'à l'intérieur de la montagne se prépare un attentat contre lui.


Doll Woman a déposé des échantillons de peau prélevés sur Human Bomb pour provoquer une énorme explosion qui défigure le site où les visages des grands présidents américains ont été remplacés par ceux de la dynastie du führer.


Ce nouveau coup porté au régime nazi a permis à l'Oncle Sam de revenir d'entre les morts dans le royaume des idées, le Heartland. Hitler Jr. charge son fils, Addie, de traquer les terroristes par tous les moyens - car il sait que le peuple est prêt à la révolte.


Dans le Q.G. des Freedom Fighters, Doll Woman observe Human Bomb prélever de nouveaux échantillons de sa peau explosive. L'opération lui a partiellement permise de combler son désir de vengeance.


L'héroïne pleure en effet toujours son mari, Doll Man, mort en 1963, même si elle trouve du réconfort dans la prière et croit au retour de l'Oncle Sam. Ce dernier refait son apparition dans notre dimension en sauvant un jeune noir molesté par un nazi à Philadelphie.

Peut-être suis-je trop difficile, mais peu de team-books, de séries mettant en scène des équipes de héros, trouvent actuellement grâce à mes yeux. Je les trouve soit trop chargés en personnages, en situations (facteurs aggravés par des parutions soutenues - 18 n° par an), avec des intrigues emberlificotées. 

La conséquence la plus directe de ces constructions, c'est le manque de dynamisme dans l'action et de connections entre les membres d'un groupe. On dirait qu'ils sont tous là simplement pour assouvir le petit plaisir de leur auteur et non parce qu'il existe une véritable alchimie entre eux, cette étincelle qui rend l'équipe vivante, presque familiale.

Dans le cas de Freedom Fighters pourtant, Robert Venditti n'avait pas besoin de forcer son talent puisque la formation était déjà en place. Mais la mayonnaise ne prend pas.

Le refrain commence à être connu depuis quatre mois : à chaque épisode, un des membres de l'équipe a son heure de gloire (ce mois-ci, c'est le tour de Doll Woman, logiquement le mois prochain Phantom Lady sera en vedette). A chaque fois, on a droit au même dispositif : un héros, un attentat contre le Reich, et l'espoir que cela accélèrera le retour parmi les vivants de l'Oncle Sam, incarnation de l'idéal démocratique américain, symbole de la résistance contre l'oppresseur nazi.

Bon, c'est divertissant parce que la série profite d'un dessinateur exceptionnel en la personne du brésilien Eddy Barrows qui livre des planches remarquablement fournies (soit il a commencé à travailler très en amont, soit il est en flux tendu, mais il tient un rythme impressionnant compte tenu de la qualité de sa prestation).

N'empêche... Excusez l'expression, on s'emmerde un peu. Tout ça est très train-train. Et le compte en définitive n'y est pas. Ce n'est pas un team-book car l'équipe des Freedom Fighters n'agit pas groupé, c'est chacun son tour (Human Bomb contre un robot géant, Black Condor contre des avions de chasse, Doll Woman qui fait péter le Mont Rushmore "nazifié"). Les personnages ne communiquent pas ou peu, et quand ils le font, c'est à couteaux tirés (le mois dernier, Black Condor et Phantom Lady, ce mois-ci Human Bomb et Doll Woman). Pendant ce temps, l'Oncle Sam ressuscite à pas comptés, sans qu'on perçoive bien en quoi, hormis les symbole, il incarne une puissance capable de renverser la situation.

Et puis Venditti, s'il laisse beaucoup de place pour l'action, est très avare pour justifier quelques éléments curieux : Doll Woman est donc la femme de Doll Man, qui est mort il y a... 55 ans ! Elle n'a pas pris une ride entre temps et est définitivement miniaturisée (ceci expliquant cela ?). Comment d'ailleurs les FF ont-ils acquis leurs pouvoirs ? et comment des individus si puissants n'ont-ils pas été repérés avant par un régime aussi puissant ? Mystère.

Mais toutes ces questions sans réponse, toutes ces bizarreries temporelles, lassent plus qu'elles n'excitent. Il n'y a pas ici, dans cette maxi-série en douze épisodes (dont on franchit donc le premier tiers), ce petit plus qui la distingue d'une série normale (hormis, et c'est bien peu, le contexte dystopique). Comme Martian Manhunter d'Orlando et Rossmo, Freedom Fighters souffre terriblement de la comparaison avec le Mister Miracle de King et Gerads (qui a indéniablement motivé DC à miser de nouveau sur un format identique, avec des ambitions affichées de doubler/tripler la mise). On est ici dans un "Elseworlds" qui ne dit pas son nom, et sans faire partie des sommets de cette défunte collection (qui compta notamment le chef d'oeuvre Kingdom Come).

Je suis donc très partagé à l'idée de poursuivre. J'aimerai aller jusqu'au #6, la moitié de l'histoire, pour savoir si oui ou non ça va se redresser et si le second acte est plus abouti. Mais, en même temps, je ne suis pas très motivé. "Pas encore mort !", sauf pour moi. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire