samedi 27 avril 2019

BAD LUCK CHUCK #2, de Lela Gwenn et Matthew Dow Smith


Après un premier numéro très accrocheur, Bad Luck Chuck descend d'un cran pour son deuxième épisode. Lela Gwenn et Matthew Dow Smith choisissent ne pas enchaîner directement avec ce qu'ils ont entrepris au profit d'un portrait plus approfondi de leur héroïne. C'est déconcertant, mais le capital sympathie de la série reste intact.


Fayola, la jeune fille sauvée d'une secte (et de sa mère), par Chuck Manchester, interroge cette dernière sur son talent particulier. Mais l'intéressée le considère davantage comme une malédiction et, pour le prouver, évoque quelques affaires.


Cependant, les ennemis de Chuck préparent leur revanche. Alors Sterling, le détective de la compagnie d'assurances, épluche à nouveau les dossiers auxquels elle est mêlés, il reçoit la visite de Mme Afolayan, la mère de Fayola, venue lui proposer une alliance.


Les récits que lui fait Chuck de ses expériences amusent Fayola qui est certaine que tant qu'elle reste auprès d'elle, elle ne craint rien de sa mère. En revanche, Chuck lui ordonne de rien toucher à ses affaires pour que sa malchance ne se tourne contre elles.


Fayola paie le restaurant à Chuck qui a remarqué que la jeune fille rechignait à parler de l'héritage faramineux de son oncle. Et pour cause : elle ne le touchera qu'à sa majorité. Autrement dit : Chuck ne sera pas payée avant cela.


D'abord furieuse de s'être faite rouler, Chuck trouve une issue pour payer son loyer en retard en acceptant la mission d'un contact : elle doit faire sauter un entrepôt. La routine...

Le premier épisode de Bad Luck Chuck était un concentré de malice, enrobé dans un polar et le portrait d'une anti-héroïne atypique, dont le talent était de porter la poisse d'une manière redoutable. Elle venait de sauver des griffes d'une secte une jeune fille, bientôt héritière d'une fortune. Mais l'opération attirait sur elles les foudres du gourou, Papa Freedom ; de la mère , Mme Afolayan : et d'un détective des assurances, Sterling. Cette fois, les ennuis étaient sur le point de rattraper Charlene "Chuck" Manchester...

On pouvait raisonnablement penser que ce nouveau numéro allait enchaîner directement sur ces événements. Mais la scénariste Lela Gwenn a pris un contrepied risqué, qui, il faut l'admettre, désarçonnne et déçoit un peu.

La majeure partie de l'épisode revient sur différents coups d'éclats de Chuck, dont on peut véritablement mesurer le pouvoir de nuisance sur les cibles qu'on lui désigne. C'est assez drôle mais aussi teinté de mélancolie car elle doit vivre avec ça comme une malédiction quand les autres y voient un cadeau.

En même temps, Gwenn observe que pour se préserver de son propre talent, Chuck est superstitieuse, comme lorsqu'elle défend à Fayola, sa protégée, de composer le chiffre treize dans son appartement, ou, plus tard, alors qu'elle s'apprête à faire exploser un entrepôt, elle dépose un fer à cheval et se jette du sel par-dessus l'épaule avant de commettre son méfait. C'est bien vu.

Mais du coup, tout cela nous éloigne sensiblement de ce qui avait été entrepris dans le précédent numéro. Tout juste aura-t-on droit à une rencontre entre Mme Afolayan, la mère de Fayola (qui veut s'approprier le magot de son héritage), et le détective des assurances, Sterling, en vue d'une alliance pour neutraliser Chuck. Une scène plus énigmatique se passe dans l'enceinte d'un commissariat où des policiers sont exhortés par leur supérieur à se préparer à une guerre contre un puissant adversaire, mais sans qu'on sache de qui il s'agit (même s'il est probable que ce soit Chuck bien sûr). Papa Freedom est absent de l'épisode mais sera de retour pour le #3.

Matthew Dow Smith est très à l'aise la plupart du temps, et avec la coloriste Kelly Fitzpatrick, il a recours à une astuce simple pour figurer les flash-backs relatifs aux expériences de Chuck puisqu'ils sont soit en noir et blanc (avec quelques taches de couleurs), soit dans des tons délavés.

L'essentiel du numéro reposant sur des dialogues entre Chuck et Fayola, Sterling et Mme Afolayan, le découpage est très classique. La seule scène présentant un réel effort de découpage est justement celle dans le commissariat, avec un effet de travelling arrière lui aussi très simple mais efficace. Pour le reste, on a principalement affaire à des "gaufriers" ou des alternances entre strips de deux cases et cases occupant toute la largeur de la bande.. Parfois, rarement, Dow Smith s'accorde un plan général.

On a le sentiment que les auteurs ont voulu marquer un temps après un démarrage canon et avant la reprise des hostilités. Vu le nombre de personnes qui souhaitent en découdre avec Chuck, la suite devrait être autrement plus mouvementée.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire