vendredi 5 avril 2019

AGE OF X-MAN : PRISONER X #2, de Vita Ayala et German Peralta


Vita Ayala et German Peralta reviennent avec ce deuxième numéro de Age of X-Man : Prisoner X. Bishop est toujours incarcéré mais a découvert un étrange billet dans sa cellule qui alimente ses doutes sur la réalité dans laquelle il évolue. Le récit se fait plus troublant sans perdre en efficacité.


Psylocke rend visite à Forge, le directeur de la prison de la Salle des Dangers. S'il estime que Bishop est un détenu modèle et peut être réhabilité, elle se montre plus réservée et met en garde contre une comédie jouée par l'ancien X-Man pour abrèger son séjour.


Bishop cherche surtout à savoir qui a glissé le curieux billet dans sa cellule et sa signification. Mais dans la cour de la prison comme au réfectoire, personne ne veut l'aider. Et pour cause, il a contribué à l'emprisonnement de la majorité des détenus.


Il s'adresse ensuite à Hank McCoy mais le Fauve lui passe une nouvelle raclée. C'est une vengeance mais aussi une invitation à enquêter plus discrètement car la surveillance est omniprésente et les sanctions terribles.


Bishop retrouve Dani Moonstar et ensemble ils partagent leur expérience sur ces rêves d'une vie passée bien différente. S'ils doutent de ces souvenirs, ils sont quand même troublés par eux.


Une détenue interpèle alors Bishop et l'entraine dans le réfectoire, désert. Bishop, en l'écoutant palabrer sur sa curiosité malvenue, est sujet à des hallucinations. Confronté à ses doubles, il perd connaissance en les affrontant. Des gardes le ramènent à sa cellule dans un état second...

On pourra reprocher à Prisoner X de ne pas être assez âpre pour un récit se déroulant dans une prison et mettant en scène une sorte d'ancien flic au milieu des gens qu'il a fait arrêter - et qui lui en veulent donc légitimement.

Mais on ne peut guère discuter de l'efficacité de l'écriture de Vita Ayala pour mener cette histoire sur des sentiers inattendus. En vérité, la scénariste s'y entend même très bien pour retourner les faiblesses apparentes de son projets en avantages indéniables.

Ici, la violence est sourde, le malaise pesant. On n'est pas dans Prison Break ou Oz, séries télé carcérales cultes. Tout est beaucoup plus polissé, calme, mais aussi vénéneux. Le fait que Age of X-Man présente une société parallèle où les mutants auraient refaçonné la réalité aboutit à un contexte flippant, où l'amour est interdit (ce qui est développé dans le titre Marvelous X-Men) et où ceux qui enfreignent la loi sont incarcérés dans une prison où il s'agit de les reconditionner.

C'est l'expérience que traverse Bishop dans cet épisode qui va crescendo jusqu'à la dernière page, vraiment angoissante. Au tout début d'ailleurs, si on est attentif, on se doute que l'ancien X-man va subir un traitement de choc car Psylocke met en garde Forge, le directeur de l'établissement pénitentiaire, de ne pas se laisser attendrir par la bonne conduite de Bishop. Lorsqu'il se résigne à le mater, on sait que la manoeuvre sera aussi sournoise qu'expéditive.

Et ainsi on tourne les pages en observant des aperçus de la méthode employée plus tard : Polaris croit qu'elle porte une camisole de force, le Fauve invite Bishop à enquêter en restant discret, Dani Moonstar s'éclipse précipitamment en voyant arriver une mystérieuse détenue qui va précipiter le sort de Bishop...

Les dessins de German Peralta ont le bon goût de ne pas surenchérir. L'artiste découpe l'épisode de manière très classique, sage, et ainsi il endort un peu le lecteur. Ce dernier comprend intuitivement qu'il doit comme Bishop être sur ses gardes, vigilant aux détails qui l'entourent.

Tout est clairement exposé, la colorisation de Vic Spicer le souligne d'ailleurs avec des tons neutres, à dominante de gris. Peralta a un style réaliste, académique, mais solide : les expressions, les gestes sont mesurés, les décors sobres, dépouillés. Tout concourt à une ambiance trop calme pour être honnête, quand bien même le script réserve deux belles scènes de bagarre (le duel Bishop-le Fauve, et l'affrontement hallucinatoire de la fin).

On aurait donc tort de reprocher à Prisoner X sa modestie, au contraire c'est en s'inscrivant dans le registre de la série B, de la fiction en retenue, que ses effets ressortent le mieux. Si son héros n'a a priori rien de bien sympathique, on finit malgré tout par compatir face à ce qui lui arrive. Et on attend de découvrir la suite de son calvaire. 

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