dimanche 24 mars 2019

HIGH LEVEL #2, de Rob Sheridan et Barnaby Bagenda


Le premier épisode de High Level, le mois dernier, m'avait un peu laissé sur ma faim par son côté convenu, balisé. Ce deuxième numéro ne corrige pas le tir mais marque tout de même un vrai démarrage, après une exposition lente de Rob Sheridan. La série profite aussi du graphisme de Barnaby Bagenda. Bref, ça reste sage mais plaisant.


Akan convainc, difficilement, Thirteen de convoyer Minnow jusqu'à High Level en échange d'une grosse récompense. Elle en reçoit d'ailleurs la moitié à l'avance sans cacher toutefois qu'elle ne croit pas à l'existence de cette mythique et de ses légendes.


Thirteen emmène Minnow chez elle et décide de modifier son aspect car le Black Helix cherche une fillette. Elle lui coupe donc les cheveux comme pour un garçon. Mais la nuit est agitée car Minnow ne cesse d'interroger Thirteen sur tout.


Le lendemain matin, elles se rendent au marché pour acheter des vêtements à Minnow. Puis elles se joignent à la tablée d'Ema et Jasper à qui elle présente Minn comme son jeune cousin. 

En aparté, Thirteen négocie avec Jasper pour qu'il conduise Minn à High Level où il se rend, contre la moitié de la récompense. La fillette surprend la conversation et fond en larmes. Mais de détonations retentissent.


Le Black Helix fait irruption dans la zone, à la recherche de Minnow. Jasper s'interpose et est exécuté. Thirteen prend la fuite avec la fillette, semant les policiers. L'opération lui coûte son véhicule et l'oblige à continuer à pied...

Peu de choses en vérité distinguent High Level d'une production Image Comics - ce qui souligne à quel point le label Vertigo de DC Comics, autrefois en pointe, peine à être original. Le contexte, l'intrigue, les personnages, tout fait penser à un de ces creator owned de le concurrence.

En effet, avec cette histoire située dans un futur post-apocalyptique, où sont évoqués une cité mythique, des élus dotés de pouvoirs, avec un récit en forme de road-comic, son héroïne au caractère bien trempée, et son graphisme remarquable, la confusion est quasiment entretenue.

La seule différence réside surtout dans le traitement de la violence, comme on peut le voir, à la fin de l'épisode, avec l'intervention du Black Helix dans la zone. Une série Image Comics aurait sans doute insisté sur la violence répressive de ce corps de police et l'assassinat de Jasper quand, ici, tout reste soft (la mort de Jasper est dessinée en silhouette, et les membres du Black Helix se "contentent" de cela plus de l'incendie d'une baraque).

Rob Sheridan n'est pas pressé et c'est un peu le souci : deux épisodes pour une exposition du sujet, c'est tout de même laborieux, et pas sûr que d'avoir traîné pour montrer la zone où vit et travaille Thirteen ait été nécessaire puisque, désormais, le récit va se déplacer et (espérons-le) offrir quelques péripéties plus mouvementées.

Car, c'est la bonne nouvelle, le voyage de l'héroïne et sa protégée commence vraiment. On va savoir si Sheridan a un monde cohérent et inventif à représenter, ou s'il n'aligne que des clichés à la Mad Max. Son écriture manque cruellement de relief, s'appuyant sur une esthétique très référencée, et seul le rythme et des surprises pourront sauver High Level. J'irai jusqu'à la fin de ce premier arc et plus si affinités - comprenez, si je suis positivement étonné.

En l'état, inutile de se voiler la face, ce qui rend cette série vraiment attractive, c'est son graphisme. Sans Barnaby Bagenda et l'exceptionnelle complicité qui l'unit à son coloriste Romulo Fajardo Jr., rien de tout ça ne vaudrait qu'on s'y attarde davantage.

Bagenda a des idées pour deux et la force de son dessin confère à cette histoire une vraie plus-value. Il réussit à rendre crédible ce futur décadent, la zone est superbement figurée, tous les détails sont d'un réalisme épatant, depuis les automates de Thirteen jusqu'aux véhicules en passant par les looks ayant visiblement fait l'objet de recherches approfondies.

Attention, on n'est pas dans un réalisme photographique pour autant. Les formes sont subtilement affranchies de tout vérisme, mais la colorisation directe produit un effet troublant, qui, sur une périodicité mensuelle, apporte à la série une exigence plastique rare (à se demander d'ailleurs si Bagenda et Fajardo Jr. tiendront longtemps ce rythme ou si le titre connaîtra des pauses).

Il en faudrait peu pour que High Level décolle. Il y a du potentiel, disons, mais le script doit se déchaîner franchement. 

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