jeudi 13 décembre 2018

MR & MRS X #6, de Kelly Thompson et David Lopez


Mr & Mrs X est une série que j'aurai aimé aimer davantage : avec un meilleur dessinateur que le trop fade Oscar Bazaldua (qui oublie trop les décors), Kelly Thompson est moins bien servie qu'avec Pere Perez sur la mini Rogue & Gambit. Mais ce mois-ci, je fais une exception car c'est un épisode self-contained, et illustré par David Lopez. De quoi upgrader l'affaire !


Après s'être mariés au débotté et être partis en lune de miel (mouvementée) dans l'espace, Rogue et Gambit organisent une fête chez eux, à Manhattan. Bobby Drake (Iceman) est le premier arrivé et mis aussitôt à contribution pour aider le service.


Jean-Luc Lebeau, le père de Gambit, vient ensuite mais prévient discrètement son fils qu'il va être attaqué. La Guilde des Voleurs, s'estimant trahie par le mutant, provoque le couple qui déplace la bataille sur le toit de l'immeuble où Rogue peut règler le contentieux sans retenir ses coups.
  

L'ambiance se détend une fois tous les invités présents, parmi lesquels Bishop, Laura Kinney (X-23), Hank McCoy (le Fauve), Kurt Wagner (Nightcrawler), Jean Grey, Chamber, Jubilé, Warren Worthington III (Angel), Lorna Dane (Polaris), Ororo Munroe (Storm).


Les hôtes se retirent un moment, chacun de leur côté. Gambit retrouve Bella Donna, son ex, dans la chambre où elle le met en garde contre la Guilde des Assassins qu'elle dirige et qui en a après lui. Rogue a une conversation avec Magneto dehors et, bien qu'il ait à nouveau pris le maquis, il lui promet d'être toujours là pour elle.


Les convives se retirent. Le couple peut souffler. Jusquà ce qu'ils repèrent un cadeau sans carte. Gambit l'ouvre et découvre avec Rogue que c'est tout sauf un présent bienveillant...

Evidemment, ce dénouement invite le lecteur à se procurer le prochain numéro et la dernière page, pleine d'humour et de malice, avec son propre commentaire, est irrésisitible.

Dommage vraiment que Mr & Mrs X ne profite pas d'un artiste à la hauteur. Car quand on voit l'apport de David Lopez sur cet épisode, on comprend ce que le script de Kelly Thompson gagne dans les mains d'un dessinateur expérimenté, capable de servir toutes les nuances de son écriture (c'était déjà le cas avec Leonardo Romero sur Hawkeye, et Stefano Caselli sur West Coast Caselli).

La scénariste a une plume trempée dans la comédie et c'est ce qui la distingue de la plupart de ses confrères. Elle ne se prend pas au sérieux, s'amuse avec le genre super-héroïque, mais en revanche elle le fait avec beaucoup de sérieux et de talent.

Kelly Thompson a aussi pour elle une affection réelle et sincère pour ses personnages : à l'évidence, comme elle l'avait prouvé dans Rogue & Gambit, les deux mutants l'inspirent comme un couple de screwball-comedy, toujours au bord de la crise de nerfs (chacun a le trac que la soirée se passe mal, ce qui signifierait qu'ils ne sont pas de bons hôtes) mais aussi complices, solidaires quand, inévitablement, ça dérape.

L'intrusion de la Guilde des Voleurs avec le père de Gambit fournit son quota d'action vraiment mouvementée à l'épisode et déjà, sur ce point, la contribution de Lopez est remarquable. Il sait doser ses effets, se passer de décors au moment opportun mais pas trop longtemps, son découpage est dynamique, avec des angles de vue qui soulignent le déroulement de la bataille et la rendent intense malgré sa briéveté.

S'appuyant sur des dialogues enlevés, Thompson peut aussi compter sur l'artiste pour concentrer le coeur de la fête en une double page magnifique (voir ci-dessus), présentant l'intérieur de l'appartement en plongée et une flopée d'invités (une bonne douzaine) dans une composition harmonieuse.

Les apartés avec Bella Donna et, plus encore, avec Magneto (proprement renversante), puis le moment délicat avec le Fauve, sont également une pièce de plus au crédit de la complémentarité entre Lopez et Thompson.

Pour le dessinateur espagnol, qu'on n'avait plus lu chez Marvel depuis le lancement de la série (désormais annulée) All-New Wolverine et qui a entre temps produit un creator-owned sur la plateforme PanelSyndicate (BlackHand IronHead), c'est un retour gagnant. Pour la scénariste, c'est une fin d'année pétillante avant les grandes manoeuvres dès Janvier prochain et la relance de Captain Marvel, son plus gros défi.

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