jeudi 8 novembre 2018

DOCTOR STRANGE #7, de Mark Waid, Javier Pina et Andres Guinaldo


Autant le dire d'entrée, ce numéro est une déception : derrière une belle couverture de Kevin Nowlan (qu'on aurait aimé voir dessiner les intérieurs), Mark Waid rate la marche. A sa décharge, il n'est pas aidé par la défection de Javier Pina suppléé par Andres Guinaldo. Mais le scénariste de Doctor Strange semble surtout avoir perdu, depuis le début de ce nouvel arc, ce qui faisait la singularité de sa narration sur le titre...


Le démon Baroshtok a pris possession de Casey Kinmont, ex-disciple de Stephen Strange, qui a vendu son âme pour le sauver jadis. Depuis, en prenant l'apparence de son ancien mentor, elle vole des artefacts magiques très puissants. Strange tente de la raisonner à Atlantis mais elle réussit à lui échapper.
  

Cependant, dans la dimension de Baroshtok, Kanna et Bats le chien fantôme ont découvert le cadavre du démon. Kanna procède à son autopsie et, grâce à une rétro-projection, assiste au crime, apercevant l'assassin sans l'identifier.
  

Ces images à sa disposition, Strange ne reconnaît pas non plus le tueur dans le feu du combat contre le démon. Par ailleurs, Scarlet Witch et le Dr. Voodoo l'avertissent que Casey continue de collecter des armes magiques en prenant son apparence, ce qui ruine sa réputation et créé la confusion dans la communauté mystique.


Strange comprend que pour faire cesser cela, il doit s'armer lui aussi et emmène Kanna à la Forge pour qu'elle lui confectionne un arsenal. A cette occasion, le magicien flatte son amie, qui n'est pas insensible à son charme.


A Tokyo, Casey agresse Lady Onymodo mais il s'agit en vérité de Strange qui a pris l'apparence de la vieille dame. Il maîtrise son ancienne élève qui avoue que, pour se venger, elle a dû payer le prix. Auprès de qui, puisque Baroshtok est mort ? Strange ne tarde pas à le savoir en étant attaqué...

Parlons donc de ce qui fâche dans cet épisode : que Jesus Saiz ait eu besoin de souffler après avoir illustrer un premier arc produit à un rythme soutenu, où il a assumé dessins et couleurs, soit. Que Javier Pina le remplace, normal. Mais que Pina défaille après un épisode, c'est déplorable : l'espagnol ne signe qu'un quart de l'épisode (soit toute la séquence à Atlantis et la scène dans la dimension de Baroshtok) et ensuite il passe le relais à Andres Guinaldo.

Pina est déjà moins fort que Saiz, mais il fait tout de même très bien ce qu'il sait faire. En revanche, Guinaldo est une calamité : son style (ou ce qui en tient lieu) n'a rien à voir avec celui de Saiz ou Pina, c'est un tâcheron médiocre, un vrai bon à rien. Ses personnages ne ressemblent à rien, avec des expressions bizarres, des proportions hasardeuses, des décors pitoyables. Il faut vraiment se faire violence pour supporter ses pages.

C'est d'autant plus dommage que Doctor Strange était donc jusqu'ici une série de belle facture. La voilà qui rétrograde visuellement très méchamment. Espérons juste que ce soit provisoire.

Mais Mark Waid n'est pas à la fête non plus. La réussite du début de son run tenait beaucoup au ton qu'il lui donnait, avec une voix-off distanciée et présente, proche de la narration d'un conte. En ramenant Strange sur Terre, tout cela a disparu pour céder la place à une écriture plus directe, classique, et, disons-le, paresseuse.

J'avais souhaité que le voyage spatial de Strange ne s'éternise pas, mais je le regrette à présent car cela dépaysait le personnage et le lecteur (quand bien même le twist accompagnant son retour, avec un imposteur dans son sanctuaire - et les rangs des Avengers - était savoureux). Waid a du métier et il sait rendre un récit distrayant, à plus forte un épisode - et il serait faux de dire qu'on s'ennuie dans ce septième numéro. Mais tout y semble mécanique, sans tonus, sans originalité.

Surtout, Waid commet une erreur étonnante en révélant l'identité de celui qui manipule Casey Kinmont et a tué, pour cela, le démon Baroshtok. Dans Daredevil, il avait pris l'habitude de jeter dans les pattes du héros des adversaires inhabituels (Klaw, Ikari, Coyote, le Suaire, l'Homme Pourpre...). On pouvait attendre la même originalité ici et il n'en est rien puisque c'est un ennemi bien connu du sorcier suprême qui resurgit (dans une mise en scène très plate).

Il sera difficile de susciter un quelconque suspense pour la fin de cet arc à partir de là, et la lecture s'annonce laborieuse. Sauf surprise... Waid en est capable, et Pina peut étonner. Mais bon courage quand même !

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