lundi 1 octobre 2018

THE TERRIFICS #8, de Jeff Lemire et Dale Eaglesham


Normalement, ce devrait être le dernier épisode de la série dont je rédige la critique. Je me suis lassé du défilé de dessinateurs sur ce titre, même si leur qualité n'est pas remise en question. Je verrai donc ce que vaut le prochain numéro et si j'en fais le compte-rendu. En attendant, Jeff Lemire et Dale Eaglesham nouent la rencontre entre les Terrifics et Tom Strong.


Les Terrifics et Tom Strong sont prisonniers de la Forêt de l'Eternité mais Phantom Girl, grâce à son intangibilité, réussit à se libérer puis à délivrer ses amis. Mr. Terrific procède, grâce à ses sphères T, à un examen rapide des environs et constate que, en traversant les dimensions, le lien qui unissait les membres du groupe a disparu.


Tom Strong apprend que les Terrifics ont exploré le Dark Multiverse et trouvé son message. Maintenant, ils acceptent de l'aider à retrouver sa femme, Dhalua, et sa fille, Tesla, en visitant les divers passages dimensionnels de la Forêt d'Eternité.


Rex Mason (ex-Metamorpho) et Linnya/Phantom Girl atterrissent ainsi dans l'Empire AzTech de Quetzacoatl-9 où ils sont immédiatement pris à parti par des hommes en armures. Tesla Strong intervient alors pour sauver Rex et convainc Phantom Girl de la suivre pour se mettre à l'abri.
   

Plastic Man et Pneuman (le robot serviteur de Tom Strong) surgissent dans le Funnyland où le Duckster Dread menace de tuer King Salomon (le gorille doué de parole de Tom Strong). Les deux héros parviennent à neutraliser leur adversaire et sauver leur ami avec le concours de Warren Strong, la version animalière de Tom.


Quant à Tom Strong et Mr. Terrific, ils se trouvent dans le marais maudit près de Gotham City. Pourtant, Mr. Terrific ne détecte aucune trace de la présence alentour de Dhalua. Et Swamp Thing les capture, lui et Tom, pour avoir profané cet endroit...

Le plus frustrant (mais, cette fois, dans le mauvais sens du terme) avec une série comme The Terrifics, depuis son commencement, c'est qu'à chaque fois que tout semble fonctionner, le lecteur doit se préparer à voir tout bouleversé. Ainsi, l'association Jeff Lemire-Dale Eaglesham est un régal à lire depuis le mois dernier, mais elle s'achève déjà puisque le prochain numéro verra arriver Viktor Bogdanovic au dessin. Je connais très mal cet artiste, le peu que j'ai vu de son travail ressemble à du Greg Capullo en mode mineur, en tout cas c'est encore un nouveau style graphique (après Reis, Shaner, Benitez, Bennett...).

Jusque-là aussi, The Terrifics allait bon gré mal gré sans se soucier de sa référence, Fantastic Four, mais entre temps la série de Marvel a fait son retour et en deux épisodes parus, Dan Slott et Sara Pichelli ont su prouver que l'original prévalait. Indubitablement, la production DC souffre de la comparaison alors qu'initialement elle avait profité d'une vacance et d'un postulat efficace. Dans ces conditions, la question se pose : faut-il encore lire The Terrifics ?

Et cette interrogation devient légitime au regard d'un rebondissement installé par Jeff Lemire au début de ce huitième épisode quand Mr. Terrific annonce à ses camarades que le lien énergétique qui les obligeait à rester ensemble (sous peine de graves conséquences) n'existe plus. Plus rien, dès lors, n'oblige les quatre héros à demeurer une équipe (sinon pour aider Tom Strong à retrouver sa femme et sa fille et à vaincre le Doctor Dread. Mais après ?).

Alors, soyons juste : ce numéro reste très divertissant, Lemire connaît son métier et il anime l'histoire avec savoir-faire. Ce n'est pas aussi impressionnant que Black Hammer, mais d'une fluidité tout de même épatante. Il ne perd pas son temps pour poser des situations, déterminer les enjeux, établir des plans, et nous laisser sur plusieurs cliffhangers accrocheurs qui, évidemment, donnent envie de lire la suite. Il est très fort.

Et il peut compter sur un dessinateur exceptionnel, qui, à la veille de lancer la nouvelle série Shazam ! (écrite par Geoff Johns, disponible dès Novembre), ne bâcle pas sa copie. Dale Eaglesham produit des pages extrêmement fournies, comme peu d'autres savent en faire : il y a de quoi lire en appréciant tous les détails de chaque vignette. Et cependant ce n'est jamais surchargé, il y a un souci constant de lisibilité.

Eaglesham a un tel talent qu'il s'approprie n'importe quel personnage, décor, immédiatement, et le fait vivre de manière expressive et dynamique. Son goût pour les corps développés (notamment ceux des hommes, taillés comme des culturistes) convient particulièrement bien à Tom Strong (que Chris Sprouse avait imaginé comme un cousin de Doc Savage).

Même si Lemire est très respectueux du personnage de Strong, tel que l'a écrit Alan Moore (au risque de trouver sa version trop convenue - mais, à tout prendre, je préfère encore ça plutôt qu'une utilisation revisitée maladroitement comme le Dr. Manhattan dans Doomsday Clock en démiurge à l'origine du Dc-verse ou Promethea en membre inutile de la Justice League of America), on reste dans le ton d'un récit davantage tourné vers l'aventure que vers le super-héroïsme traditionnel et c'est rafraîchissant.

Vous l'aurez compris, ce n'est pas l'envie qui me manque de continuer la série, mais bien des réserves sur sa direction artistique (Lemire mérite mieux que des dessinateurs différents tous les deux mois). Je verrais donc ce que vaut Bogdanovic et s'il me convient, je parlerai encore des Terrifics dans un mois.

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