samedi 15 septembre 2018

SUPERGIRL #22, de Marc Andreyko et Kevin Maguire


Kara Zor-El poursuit son enquête sur la véritable origine de la destruction de Krypton, et Marc Andreyko et Kevin Maguire ont d'emblée su donner à cette intrigue un vrai intérêt - alors qu'on aurait pu en douter, Supergirl s'éloignant du même coup de son célèbre cousin. Mais en vérité, en l'envoyant ailleurs, les auteurs redonnent une vraie raison d'être à leur héroïne.


Partis pour Mogo, centre des archives du Corps des Green Lanterns, Supergirl et le chien Krypto voient leur voyage dégénérer lorsque la hache de Rogol Zaar s'active et dérègle leur vaisseau au point de le faire imploser !


Heureusement, ils sont sauvés par les deux Green Lanterns terriens John Stewart et Kyle Rayner qui les escortent à bon port. Une fois sur Mogo, ils sont présentés à C'Zal, un des archivistes, à qui elle raconte être venue se documenter sur les activités sismiques de Krypton avant sa destruction.


C'Zal est fébrile car il devine que cela n'annonce rien de bon - il avait d'ailleurs précédemment signalé la venue de Supergirl à un mystérieux supérieur hiérarchique. Il lui donne rendez-vous le lendemain pour l'aider dans ses recherches. Cela arrange Kara qui veut se débarrasser de ce chaperon.


La nuit venue, elle s'introduit dans la salle des archives avec la hache de Rogol Zaar mais un fonctionnaire de veille la surprend et appelle des renforts. L'arme s'active à nouveau et change de forme de manière menaçante, rougissant et grandissant. Les Green Lanterns somment Supergirl de se rendre mais elle jure ne pas savoir ce qui se passe.


Krypto vole à son secours mais la hache irradie de plus en fortement et soudain elle disparaît avec Supergirl... Qui resurgit on-ne-sait-où face à un hologramme du Gardien de Oa Appa Ali Apsa, avouant immédiatement que le Cercle est responsable de la fin de Krypton et des exactions de Rogol Zaar !

Comme je le disais en préambule, Brian Michael Bendis en suggérant, dans la mini-série Man of Steel, que Supergirl allait partir dans l'espace enquêter sur le passé de Rogol Zaar et la fin de Krypton qu'il se vantait d'avoir provoquée, pouvait avoir donné l'impression de se débarrasser de la cousine de Superman.

En vérité, il a rendu un fier service au personnage en lui donnant un but, un objectif, une mission, qui correspondent à son tempérament et sa condition. Ayant passé moins de temps que Superman sur Terre, elle est plus attachée que lui à Krypton. Par ailleurs, son caractère s'affirme avec le périple dans lequel elle s'engage alors que Superman a une nature plus diplomate (ou alors les autres ont tendance à réfléchir avant de lui refuser une requête).

Cela aussi, Marc Andreyko l'a très bien intégré et il écrit la jeune femme comme telle et non plus comme une post-adolescente dans l'ombre de son charismatique cousin. Elle est déterminée, a du mal à dissimuler son impatience, ses secrets, sa méfiance. C'est que toute cette affaire lui tient à coeur : pour elle, il s'agit de savoir si Krypton a été détruite par un tueur dont les agissements auraient été couverts, voire commandités.

Mais ce n'est pas qu'un bélier fonçant dans le tas. Et c'est là que la présence du chien Krypto, a priori un peu kitsch, prend son importance. Dès la première scène, le vaisseau qui les conduit sur la planète Mogo explose et dans le vide sidéral, Supergirl comprend que le canidé ne survivra pas longtemps (même si elle choisit d'abord de récupérer la hache de Rogol Zaar). Plus tard, elle appellera le gentil cabot quand l'arme fera à nouveau des siennes et que des Green Lanterns la menacent. L'animal agit comme un modérateur et un allié précieux, non comme un gadget ou un simple compagnon de voyage.

En soi, l'épisode n'est pas très dense (arrivée sur Mogo, visite nocturne des archives, disparition de Supergirl), mais le rythme est alerte et le cliffhanger hameçonne efficacement le lecteur. Surtout Andreyko peut s'appuyer sur un extraordinaire dessinateur.

Car, sans Kevin Maguire, l'aventure ne serait pas aussi agréable. Je vais me répéter mais l'artiste est un portraitiste virtuose, avec lui chaque expression est traduite à la perfection, et c'est un pur régal de pouvoir aussi bien lire les émotions qui animent les visages et les gestes des personnages - sans négliger les décors.

Grâce à Maguire, une scène muette se met à parler aussi bien qu'une autre bien dialoguée par la magie des mimiques, des grimaces, d'un détail révélateur - un haussement de sourcil, un mouvement de recul, etc. La finesse de son trait, admirablement servie par l'encrage de Sean Pearsons et les couleurs de FCO Plasciensa, lui permet également de dessiner Krypto de façon très réaliste. Ajoutez-y un découpage sage certes mais aux compositions bien dosées : c'est complet.

Série sans prétention mais conçue avec un soin qui honore ses auteurs et qui en donne pour son argent au lecteur, cette reprise de Supergirl et cet arc narratif sont un vrai plaisir. 

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