mardi 18 septembre 2018

CROWDED #2, de Christopher Sebela et Ro Stein


Après un excellent premier numéro, Crowded devait confirmer ce mois-ci et ce nouvel épisode de Christopher Sebela et Ro Stein ne déçoit pas. Plein d'action, doté d'un humour cynique, et réfléchissant sur notre époque envahie par les écrans, cette série est vraiment une nouvelle pépite proposée par Image Comics.


La maison de Vita est attaquée par de nouveaux utilisateurs de l'application RPair aux trousses de sa cliente, Charlotte Ellison. Celle-ci les a accidentellement attirés ici en utilisant son téléphone, ce qui a permis de la pister. Vita intervient rapidement, neutralisant les intrus et en blessant un.


La police arrive et Vita doit rendre des comptes à Jo, une inspectrice dont on devine qu'elle fut aussi sa maîtresse. Les chasseurs de primes sont embarqués. Pour Charlie et sa protectrice, il faut déménager dans un motel pour être en sécurité. Vita se confie sur son passé et comment elle avait hérité de cette maison que les propriétaires avaient refusé de vendre à des promoteurs immobiliers.
  

Charlie insiste ensuite pour sortir s'amuser et entraîne Vita jusqu'au club "Obnoxxious". C'est là que se trouve Zadie Nox, celle dont elle pense être à l'origine du contrat sur sa tête. Les deux anciennes amies en viennent aux mains mais Zadie jure qu'elle n'y est pour rien. Une fois encore, Vita exfiltre Charlie.


Au petit matin, les deux filles font un crochet par la boutique "Hip Cat Comics" où Vita présente Charlie à quatre hackers adolescents qu'elle charge d'enquêter sur sa cliente afin de savoir qui lui en veut. A cette occasion, les pirates retracent l'historique de l'application RPair dont l'utilisation a dégénéré après l'assassinat d'un politicien.


Retour au motel. Les deux filles se détendent dans la piscine. Charlie aimerait quitter la ville mais Vita désapprouve : cela ne ferait qu'augmenter le nombre d'assaillants à ses trousses. Le lendemain, à l'aéroport, une tueuse à gages débarque...

Il y a des séries qui vous procurent ce délicieux frisson électrique à la lecture et Crowded en fait partie. C'est une production bien pleine, bien remplie, bien exécutée, qu'on dévore sans pouvoir prévoir ce qui va se passer la planche d'après. C'est constamment surprenant, et toujours à la hauteur des promesses affichées.

Christopher Sebela semble s'être fixé la mission de ne jamais laisser souffler ses lecteurs, de les maintenir sous pression, comme son héroïne, Charlie Ellison. Du début à la fin, cette dernière tente à la fois d'échapper à la mort qu'on lui a garantie tout en provoquant des catastrophes qui précipitent sa chute. Vita, sa garde du corps, lui avait déconseillée d'utiliser son téléphone car chacun peut être pisté à cause de ça. Devinez ce que fait Charlie ?

Charlie entraîne Vita dans une boîte de nuit pour, dit-elle, s'amuser. En vérité, elle veut faire rendre gorge à une ancienne amie dont elle est persuadée qu'elle a commandité son meurtre. Résultat ? Une belle pagaille. Et quand on lui présente des hackers capables de découvrir qui lui en veut tant et pourquoi, elle les traite de gamins !

Les personnages sont tous fortement caractérisés, avec des tempéraments volcaniques et des attitudes marquées. Sebela peut se permettre de souligner ses effets, il en tire des moments très drôles en jouant sur les contrastes entre l'exaspération de Vita et l'impatience de Charlie. Il y a un côté "too much" parfois, mais justement parce que c'est épisodique, on ne s'en lasse pas. L'alternance action-réaction, mouvement-pause est superbement dosée.

Mais Crowded bénéficie également d'un remarquable dessinateur avec un débutant qui maîtrise déjà complètement son affaire en la personne de Ro Stein. Ses planches abondent en cases qui elles-mêmes sont bien garnies. pas un plan sans arrière-fond, des perspectives appuyées qui donnent de la profondeur de champ, une grande variété dans la valeur des images. Pas de doute, c'est du solide.

Mais Stein excelle en particulier dans l'expressivité : les gestes, les mimiques des personnages donnent beaucoup d'énergie et de vie au récit. Lui aussi force parfois un peu ses effets, son style ne s'inscrivant pas dans un réalisme classique, flirtant avec le cartoon (on croirait volontiers que Stein a fait ses classes dans l'animation). Il profite à plein de l'encrage fin de Ted Brandt et des couleurs de Triona Farrell (à l'oeuvre sur West Coast Avengers) - sur ce dernier point, il faut louer l'intelligence de la palette utilisée (comme dans la scène où la police arrive chez Vita et que Jo discute avec elle : les deux femmes sont éclairées par les gyrophares et Farrell alterne donc les cases selon les lumières des véhicules stationnés).

Les ennuis sont loin d'être terminés pour Charlie et Vita. Mais si on les plaint, on s'en félicite aussi car les prochains épisodes promettent des lectures jubilatoires.

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