jeudi 16 août 2018

SUPERGIRL #21, de Marc Andreyko et Kevin Maguire


Pour compenser l'arrêt de Batwoman, je me lance dans la lecture de Supergirl qui, à l'occasion de son vingt-et-unième numéro depuis "Rebirth", change d'équipe créative et poursuit une piste narrative initiée dans la mini Man of Steel de Brian Michael Bendis. Je n'avais pas du tout suivi les aventures de la cousine de Superman jusqu'à présent, mais c'est un point d'entrée parfait qui offre en outre l'intérêt d'être animé par le scénariste Marc Andreyko et (surtout) le dessinateur Kevin Maguire.


Supergirl a besoin de réponses depuis que Rogol Zaar a détruit la cité miniature de Kandor et prétendu être à l'origine de la fin de Krypton. Superman ne pourra l'empêcher de quitter la Terre pour enquêter, d'autant plus qu'elle a finalement davantage vécu sur leur planète natale que lui (évacuée lorsqu'elle était déjà adolescente, son trajet jusqu'à chez nous a pris plus de temps).


Il s'agit avant tout de déterminer si Rogol Zaar a bénéficié de complicité. Pour le savoir, elle emporte la hache du guerrier et la soumet à l'examen de l'anneau de Hal Jordan, le Green Lantern basé à Coast City. Bien qu'il ait déjà tenté de la scanner, il tente à nouveau sa chance sur l'arme et cette fois découvre qu'il n'a pas accès à ses références !


Mais, à plusieurs systèmes solaires de là, cet examen n'est pas passé inaperçu et l'extraterrestre Hakmon, qui surveille les inspections des Green Lanterns, s'en affole au point de prévenir son mystérieux supérieur. Lui n'est guère inquiet et, même si Supergirl le retrouve, une kryptonienne de plus ou de moins, la belle affaire...


Supergirl prépare un vaisseau spatial pour entreprendre son long voyage et, pour l'accompagner, Superman lui a envoyé le chien Krypto avec une lettre jointe. Il lui écrit la soutenir dans sa quête et se tenir prêt à l'aider si elle est en difficulté, même si, actuellement, il doit rester sur Terre en attendant le retour de Lois Lane et leur fils Jon (partis avec Jor-El).


Le périple peut débuter. Première destination : Mogo et les archives des Gardiens de Oa, les supérieurs des Green Lanterns.

Même si la mini-série Man of Steel n'était pas exempte de défauts, elle a eu le mérite de définir la situation des kryptoniens comme Superman mais aussi Supergirl, qui en était la principale guest star. Je ne sais pas, puisque je ne l'ai pas lu, ce que racontait et valait son titre auparavant, mais par un effet domino Brian Michael Bendis a fourni à la cousine de Clark Kent un but, une mission, et donc le point de départ d'une intrigue.

Trop occupé par Superman et Action Comics (plus ses creator-owned à paraître chez DC sous le label "Jinxworld"), Bendis ne pouvait/voulait pas écrire Supergirl et DC devait donc trouver un scribe acceptant de développer son idée tout en pouvant y imprimer sa marque. Bonne pioche : ils ont pensé à Marc Andreyko.

Celui qui avait reformulé le personnage de Manhunter en le féminisant (en 2004) est une plume aiguisée mais que j'avais perdue de vue. D'entrée, il s'approprie le sujet et le personnage de Kara pour en faire une jeune femme qui n'est pas seulement la cousine de Superman mais une survivante avec un point de vue bien différente de son illustre proche.

Andreyko insiste sur le fait que Supergirl a davantage connu Krypton qu'elle a quittée au moment de son implosion à un âge plus avancé que Kal-El. Si elle est arrivée elle aussi sur Terre, son trajet a pris plus de temps et donc son attachement à notre planète est moins fort que pour Superman. "You're so... So human." lui dira-t-elle d'ailleurs.

L'épisode est mené sur un rythme vif mais en plusieurs étapes, préfigurant sans doute la construction à venir de la série puisque l'héroïne part pour un voyage galactique à la recherche d'indices sur le passé de Rogol Zaar qui a détruit la cité miniaturisée de Kandor et s'est vanté d'être à l'origine de la fin de Krypton. On la suit ainsi à Coast City où elle obtient l'expertise d'Hal Jordan et fait une découverte troublante (le Green Lantern n'a pas accès à l'enregistrement de la hache de Zaar, ce qui suggère qu'il a bénéficié de complicité haut placée). Puis c'est le départ en compagnie de Krypto, le chien kryptonien.

L'autre atout de ce qui aurait pu être un relaunch (mais, allez comprendre, DC n'a pas jugé opportun cette fois de renuméroter la série), c'est la contribution de Kevin Maguire au dessin. L'artiste génial avait claqué la porte de DC il y a quelques années, au début des "New 52", alors qu'il devait illustrer Justice League 3000 écrit par ses partenaires de Justice League International (Keith Giffen et J.M. DeMatteis). La cause : l'éditeur imposait un ton sérieux aux histoires alors que Maguire avait signé pour quelque chose de léger.

Il part alors chez Marvel mais qui ne sait pas quoi en faire - un comble ! Seul Bendis lui fournira du taf en lui confiant des épisodes (trop rares) de ses Guardians of the galaxy. Son retour "à la maison" fait plaisir, car il témoigne d'un apaisement des relations mais surtout parce qu'il lui offre une série régulière. Maguire teindra-t-il le rythme mensuel ? On peut l'espérer puisqu'il est soutenu par un encreur (le très bon Sean Pearsons).

En tout cas, lui aussi marque immédiatement de son empreinte la série qui lui permet de déployer son génie pour les expressions. Personne n'égale Maguire dans ce domaine (à part peut-être Immonen) et chaque moue, mimique, geste enrichit le script d'Andreyko. Même quand il dessine Krypto, le résultat est irrésistible.

Avec des auteurs de ce calibre et une histoire bien lancée, Supergirl a tout pour devenir un rendez-vous imparable.

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