jeudi 16 août 2018

BATWOMAN #18, de Marguerite Bennett et Fernando Blanco (FINALE)


Batwoman tire sa révérence (tandis que l'actrice Ruby Rose qui l'incarnera à la télé essuie une volée de bois vert sur les réseaux sociaux pour son homosexualité...) et Marguerite Bennett avec Fernando Blanco réussissent le tour de force de boucler leur saga dans un très beau final où Kate Kane semble retrouver la paix en même temps qu'une place propre pour son rôle de justicière maintenant qu'elle n'est plus soutenue par Batman.


La Crystal Tower. Le Clock King donne une réception pour vendre sa drogue, le Kairos, qui permettrait de voir dans le futur. Kate Kane et Renee Montoya se sont infiltrées parmi les invités mais leur hôte a anticipé leur venue et tendu un piège.


Batwoman affronte alors les automates du Clock King tandis que Renee éloigne les clients pour éviter qu'ils ne soient blessés, même s'ils tiennent surtout à obtenir leur dose de Kairos. La détermination des deux femmes a raison de cette adversité.


Le Clock King est acculé en coulisses mais, pour tenter à la fois de convaincre ses ennemies de l'efficacité de sa drogue et de s'échapper, il leur en souffle de la poudre au visage. Batwoman voit son avenir auprès de Renee, avec sa soeur Beth guérie et Julia Pennyworth. 


Mais Renee réagit et arrête le Clock King. Il est remis à son collègue, l'inspecteur Harvey Bullock du GCPD. Kate raccompagne Renee chez elle et cette dernière lui propose de reprendre leur histoire comme si rien ne s'était passé, comme un premier rendez-vous.


Estimant qu'un cycle se referme, Kate saisit cette opportunité pour savourer le moment présent. Et qu'importe si elle et Renee sont appelées chacune de leur côté pour des interventions, une page se tourne mais une autre commence.

Bien terminer un run, surtout quand on a disposé d'aussi peu de temps pour s'y préparer, est une gageure qui permet néanmoins de juger de l'adresse d'un scénariste. A ce jeu, Marguerite Bennett obtient la meilleure note en achevant sa prestation sur Batwoman, après seulement un an et demi de parution, dans ce qui est à la fois un terme, une synthèse et une ouverture pour ses successeurs (car, à n'en pas douter, l'héroïne reviendra).

Alors qu'on aurait pu croire que l'affrontement attendu avec le Clock King ne serait qu'un prétexte pour muscler ces adieux, la scénariste l'utilise au contraire pour leur donner un sens bien particulier. Alors que le méchant, pas très menaçant, tente une sortie, il propose à Batwoman et Renee Montoya de tester sa drogue, le Kairos, qui permettrait de voir son avenir.

La tentation saisit un instant les deux femmes car, si l'efficacité de cette substance est réelle, elle leur autoriserait de formidables opportunités : pour Kate, comment guérir définitivement sa soeur Beth ; pour Renee, prévenir des crimes - et pour les deux, savoir si leur couple peut être ressoudé. Le Clock King souffle de la poudre de Kairos au visage de Batwoman qui a un aperçu de son futur probable. Mais Renee appréhende le malfrat.

L'affaire est bouclée mais que va-t-il en découler ? Kate raccompagne Renee chez elle, Renee lui propose un nouveau premier rendez-vous. Et Kate privilégie, pour la première fois de son existence, de profiter simplement du moment présent, de laisser la vie choisir pour elle. Ainsi, elle s'affranchit de son passé agité, déchirée entre son père, Jacob ; son mentor, Batman ; elle se détache de ses erreurs, de ses démons (le meurtre de Clayface, son bannissement de la Bat-family, sa romance impossible avec Safiyah, sa rivalité avec Tahani). Et le bonheur qu'elle affiche en renouant avec Renee en dit plus long sur ce qu'elle compte y gagner que sur ce qu'elle craint de perdre. Ce n'est d'ailleurs pas seulement Kate mais Batwoman qui se resitue alors.

Fernando Blanco aura fait preuve d'une constance dans la très grande qualité durant la majeure partie de ce run, passant après Steve Epting sans que la série en souffre et rarement supplée. Encore une fois, il nous gratifie de superbes doubles pages, composées en orfèvre, sa spécialité. Mais on retiendra surtout, outre la bagarre nerveuse de Batwoman contre les automates, la simplicité payante des dernières planches.

L'espagnol se contente alors de saisir avec le plus de justesse possible dans la valeur des plans et des expressions des personnages la complicité de Renee et Kate, leur amour revenu, l'attirance évidente, la félicité lumineuse. L'artiste dessine des gros plans sur les visages mais aussi les mains, un sourire, avant d'offrir deux pleines pages romantique et iconique.

Blanco va bientôt remplacer (définitivement ou provisoirement ?) Joelle Jones au dessin de Catwoman. Quoiqu'il en soit, il a gagné ses galons avec Batwoman et DC lui doit une série à la hauteur de son talent.

Bien finir est délicat, mais ce dix-huitième épisode y parvient haut la main. C'est un peu étrange d'arrêter une si bonne série au moment où son héroïne va être incarnée à la télé (et donc profiter d'une publicité bienvenue), mais le personnage ne restera pas longtemps sans série. Espérons que la prochaine équipe créative à en hériter le traitera aussi bien. 

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