vendredi 10 août 2018

HAWKMAN #3, de Robert Venditti et Bryan Hitch


Elle a décidément de la gueule, cette nouvelle version de Hawkman, et le duo Robert Venditti-Bryan Hitch n'y est pas étranger. Leur histoire se déroule de manière classique mais spectaculaire en faisant du héros le vrai sujet de l'intrigue et de chaque épisode une étape dans sa découverte. Confirmation avec ce troisième numéro.


La nouvelle escale dans la quête de Hawkman le conduit à Dinosaur Island. Et le comité d'accueil est particulièrement musclé puisque le héros ailé doit affronter un tyrannosaure. Par la ruse, il réussit à le faire battre en retraite. Son objectif pour le lendemain : atteindre le sommet de la plus haute montagne de l'île.
  

Epuisé par cette première journée, Carter Hall fait le point en se restaurant devant un feu de bois la nuit venue. Il s'interroge sur la fin du monde qu'il a entrevue en consultant Madame Xanadu à Londres et sur le sceptre d'une de ses précédentes incarnations, Khufu Maat Kha-Tar dont le manche est couvert de glyphes inconnus mais susceptibles de le guider.


Au matin, Hawkman s'envole en direction de la montagne mais une flotte d'hommes ailés lui en barre le passage. Il se débat mais, dépassé par le nombre, doit les affronter. Redoublant d'efforts, il engage le combat contre ses assaillants, découvrant dans le feu de l'action qu'il peut envoyer sa masse et la récupérer à volonté.
   

Finalement, Hawkman décourage ses adversaires et atteint le pic de la montagne où l'attend un vieil homme ailé et aveugle. Il l'invite à pénétrer dans la grotte derrière lui où, promet-il, il trouvera les réponses à ses questions. Son hôte disparaît en fumée et Hawkman entre dans la cavité.


Il y découvre un autel finement ouvragé et, intuitivement, y plante le sceptre. L'endroit se révèle être un planétarium. Mais Hawkman est de nouveau déplacé dans l'espace-temps : le voilà mis en joue par Kathar Hol, de la police de Thanagar !

La simplicité narrative de cette série est un régal alors que la matière brassée par l'histoire est extrêmement riche. Le scénariste Robert Venditti a bien compris le défi que représentait Hawkman, personnage et production dont les origines ont été l'objet de versions innombrables, et qu'il s'emploie à synthétiser avec un souci exemplaire de clarté.

Venditti a choisi de ne rien effacer de la foisonnante mythologie du héros : ni ses réincarnations terriennes ni ses avatars extraterrestres, au contraire il les fond en une somme compacte et connectée qui constitue le sujet même de son récit. Hawkman doit (ré)apprendre qui il est, d'où il vient, où il va, pour être efficace et empêcher une fin du monde dont il serait responsable. 

Le scénariste a recours à une astuce pour animer cette quête : à chaque fois que Hawkman se réincarne, il oublie un peu plus ses origines. C'est dire qu'aujourd'hui, après plusieurs vies dans le passé et dans divers mondes, sa mémoire n'est plus ce qu'elle était. Il se souvient essentiellement d'indices qu'il a disséminés aux quatre coins de la Terre, d'autres planètes et d'autres époques, pour l'aider actuellement à recomposer le puzzle de son identité. Mais chaque avancée accomplie est périlleuse car il ignore à chaque fois ce qui l'attend. Et bien entendu, il doit toujours se déplacer dans des endroits dangereux.

Ce mois-ci, on est gâté car c'est une île peuplée de dinosaures qui sert de théâtre à l'action. Dès la scène d'ouverture, Hawkman doit repousser un T-Rex et Bryan Hitch prouve une nouvelle fois sa grande forme retrouvée dans cette bataille aux décors fournis, avec un découpage très dynamique. Le dessinateur anglais prend un plaisir visible à oeuvrer sur la série, à animer ce personnage, à créer ces situations, et Vendetti doit apprécier sa chance de disposer d'un artiste de ce calibre aussi motivé.

On est dans un cas semblable à celui du Superman de Bendis avec Ivan Reis qui peinait à retrouver son niveau de sa grande époque sur Green Lantern, mais qui, investi pleinement et requinqué comme jamais, livre ses meilleures pages depuis des lustres. Hitch, c'est pareil : il a quitté Marvel en déclinant nettement, a tenté de se refaire chez Image, est revenu chez DC, n'a pas convaincu en scénariste. Et avec Hawkman, le lecteur assiste à une sorte de résurrection - voyez le combat extraordinaire entre le héros et les hommes ailés !

Certes, Venditti risque de tirer un peu trop vite sur la corde en utilisant des déplacements spatio-temporels trop fréquemment entre Carter Hall et ses incarnations passées ou futures, terrestres ou extraterrestres. Mais sinon, la série est vraiment très plaisante à suivre, dépaysante, mouvementée, mystérieuse. Hawkman est vraiment le coeur de cette aventure et tout est fait pour le rendre plus attractif que jamais, héroïque et intriguant à la fois.

Si, au bout du compte, on a enfin droit au retour de la Justice Society of America (même si je sens qu'il va falloir s'armer de patience car Geoff Johns est le maître des horloges sur ce point), DC récupérera Carter Hall dans toute sa superbe grâce à sa série actuelle.

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