vendredi 10 août 2018

DEATH OR GLORY #4, de Rick Remender et Bengal


Pour ce pénultième numéro avant la fin du premier arc de Death or Glory, Rick Remender et Bengal devaient impérativement redresser la barre au risque que leur histoire pique définitivement du nez. Il y a du mieux, mais le redressement n'est pas total, comme s'il était déjà trop tard, que la magie s'était envolée...


Glory et Pablo sont encore dans les arrières-salles de la boucherie de Korean Joe et ils ont découvert, chacun de leur côté, qu'il revendait des organes humains à sa clientèle, prélevés sur des immigrés clandestins qu'il fait passer en Amérique avec la complicité de Toby (l'ex-mari de Glory) et d'un cartel mexicain.


Glory réussit à s'enfuir avec Isabelle, la nièce de Pablo, en essuyant les tirs d'une des jumelles Dutch, les adjointes de Korean Joe, et du tueur au nitrogène. Elles montent dans la voiture de la jeune femme et reviennent devant le commerce.


Pablo en sort par l'entrée en tenant une boîte réfrigérée, coursé par Korean Joe qui lui tire dessus sans l'atteindre. Pablo ordonne à Glory de redémarrer tandis qu'il s'accroche sous la voiture.


Glory fonce pied au plancher lorsque la voiture du shérif Dillard la percute. Elle réussit néanmoins à la dépasser mais la course-poursuite ne fait que commencer. En liaison radio avec Toby, Dillard nomme Glory comme celle qu'il course et Toby comprend qu'elle est mêlée à ça pour tenter de sauver son père, Red.


Trois hommes du cartel mexicain ont déroulé une planche à clous pour stopper Glory à l'entrée d'un tunnel. Elle braque pour l'éviter mais Dillard derrière elle fonce dessus. Ayant semé le policier et ses complices, Glory peut enfin s'arrêter et permettre à Pablo de monter : il lui révèle alors le contenu de la boîte réfrigérée et il s'agit d'un rein volé chez Korean Joe appartenant à un donneur universel, parfait pour Red !

Il est très compliqué de retrouver le plaisir pris au début d'une série quand, au milieu de son premier arc, l'histoire a emprunté une direction décevante ou s'est développée de manière incongrue. C'est ce qui s'est précisément passé avec Death or Glory dans le précédent numéro où l'intrigue sombrait dans le sordide avec ce trafic d'organes issus d'immigrés clandestins et vendus dans une boucherie.

Rick Remender n'a certes jamais été un auteur très délicat et quand il s'agit de violence, la suggestion n'est pas son fort. Toutefois, là, on touche carrément au glauque alors que le début de la série promettait un récit plutôt axé sur un vol d'argent sale et de poursuites en bagnoles avec une héroïne au caractère bien trempé.

Ce quatrième épisode, l'avant-dernier du premier arc narratif, renoue avec les éléments initiaux de Death or Glory, soit beaucoup d'action sur un rythme soutenu. Mais quelque chose s'est grippé, cassé même entre temps. Je l'avoue, j'ai de plus en plus de mal à rentrer dans cette histoire, à adhérer à son propos, à m'attacher à ses personnages.

Le dessin de Bengal, qui participait à la jubilation des débuts, me semble au diapason de l'égarement du titre : l'expressivité a cédé la place aux grimaces, le découpage inspiré est plus lâche, la tension peine à se maintenir. Trop de digressions (comme ce flash-back éclair et inutile sur la rencontre entre les jumelles Dutch et Korean Joe), trop de rebondissements somme toute convenus (le tueur au nitrogène ne sert vraiment plus à rien), un manque de lisibilité même parfois (la confusion règne dans la fuite de la boucherie) et en fin de compte pas grand-chose à raconter (à part une course-poursuite occupant les 2/3, voire les 3/4 de l'épisode, que nous dit-on ?).

C'est extrêmement décevant. Mais la progression d'une série est redoutable quand son argument n'est pas suffisant : plus on avance, plus ce qui ne fonctionne pas (comme la situation de Pablo durant tout l'épisode), plus ce qui manque comme chair au récit se révèlent. Death or Glory est une BD qu'on aimerait aimer davantage mais qui ne passe, littéralement, jamais la vitesse supérieure, échoue à gagner en densité, en suspense. Et ce n'est pas ce coup de théâtre final (avec le contenu de la boîte réfrigéré) qui change quoi que ce soit.

Je n'aime pas charger la mule en accablant une production car je respecte les efforts que cela exige de la part de ceux qui la réalisent, mais je lirai encore le prochain épisode, la conclusion de ce premier acte, et, sauf spectaculaire rétablissement, ce sera tout pour moi. 

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