vendredi 27 juillet 2018

THE TERRIFICS #6, de Jeff Lemire et Joe Bennett


Suite et fin de l'arc narratif entamé le mois dernier, le sixième épisode des Terrifics subit un nouveau changement d'artiste (le quatrième déjà !) et il faut donc tout le talent de Jeff Lemire pour faire passer la pilule. Néanmoins, c'est moins pire, visuellement, que je ne le craignais et la conclusion de ce récit est efficace, avec la porte ouverte à la prochaine rencontre entre les héros et Tom Strong.


En ayant voulu porter secours à leur ami Metamorpho attaqué par Algon, les trois autres membres des Terrifics aboutissent chacun dans une région différente du Royaume des Eléments où les attendent des épreuves appropriées à leur personnalité et leur pouvoir.


Mr Terrific est confronté au fantôme de Paula, sa femme morte. Plastic Man affronte des géants de pierre. Phantom Girl se bat contre des soldats de fumée capables de la blesser. Metamorpho comprend que Algon veut utiliser l'Orbe de Ra, qui leur a donnés les mêmes pouvoirs, pour quitter cette dimension et recouvrer apparence humaine.


Plastic Man réussit à rejoindre Mr Terrific et Phantom Girl à aider Metamorpho. L'équipe réunie a raison de leur ennemi à qui ils reprennent l'Orbe et ils s'échappent par le portail dimensionnel encore ouvert.


Algon ne veut pas en rester là et s'accroche à Plastic Man mais Metamorpho indique à Mr Terrific de diriger l'Orbe en direction du soleil (puisque Ra est le dieu du soleil) afin de repousser leur adversaire mais aussi de rendre leur aspect normal aux victimes civiles.


La manoeuvre réussit si bien que Rex Mason redevient un homme normal. Mais l'heure n'est pas encore aux réjouissances car le véritable instigateur des mésaventures des Terrifics se dévoile : le Dr. Dread les a téléportés sur la Terre de Tom Strong qu'il compte tuer avant qu'il ne réponde à leurs questions !

Puisque The Terrifics a été écrit depuis le début par Jeff Lemire comme sa version des Fantastic Four (à la manière des réinterprétations qu'il compose dans Black Hammer), on pouvait s'étonner qu'il n'ait pas encore introduit l'équivalent du Dr. Doom pour ses héros. C'est désormais chose faîte !

Avant cela, on assiste au combat du quatuor contre le Royaume des Eléments dans lequel les a entraînés Algon et le scénariste en profite pour adapter les dangers de cette dimension aux pouvoirs de ses héros. L'action bat son plein sur un rythme toujours aussi soutenu, renforcé par un découpage si précis et semblable au précédent épisode qu'on ne peut que l'attribuer à la précision du script de Lemire - et non à une idée du dessinateur.

En effet, le découpage, ingénieux et simple, voit les pages se succéder avec quatre cases, puis deux, puis une seule (donc une pleine page) - lorsque les Terrifics se retrouvent au complet. Cet effet donne l'impression d'un crescendo en même temps qu'il correspond à la réunion de l'équipe. C'est si élémentaire et judicieux qu'on s'en rend à peine compte tout en ayant le sentiment que quelque chose s'est produit au fur et à mesure. Comme quoi, rien ne sert de compliquer la mise en page pour combler le lecteur : un bon dispositif est toujours évident quand il est bien employé.

Puis, une fois le danger circonscrit, la bande évolue dans un découpage privilégiant les plans horizontaux, juste à temps pour l'arrivée théâtrale du Dr. Dread qui ressemble à s'y méprendre à Fatalis dans son armure mais aussi par son expression grandiloquente. Lemire nous a conduit exactement là où il l'avait promis dès le premier épisode : sur la Terre de Tom Strong, qui avait, souvenez-vous, annoncé aux Terrifics qu'ils seraient les seuls à sauver le Multivers s'il mourrait. Or, Dread veut justement l'assassiner ! La boucle est (presque) bouclée. Magistral !

Quel dommage quand même que Evan Shaner n'ait pu dessiner la fin de cet arc... C'est donc au mercenaire Joe Bennett de le remplacer (alors qu'il illustre en parallèle The Immortal Hulk pour Marvel). Il n'a pas l'élégance de son prédécesseur, mais, comme je le disais en ouverture, je m'attendais à pire. Tout compte fait, il ne s'en sort pas si mal.

Ce qui gâche cet effort méritoire, c'est l'encrage de Sandra Hope : si son style valorise des graphistes assez lisses comme Tony Daniel en leur donnant un côté plus rugueux, ici elle ajoute quantité de petits traits inutiles sur le crayonné de Bennett avec l'objectif manifeste de souligner les volumes. Mais l'effet est assez laid, chargeant le dessin inutilement là où la couleur aurait largement suffi à produire des textures équivalentes.

Heureusement, à partir du mois prochain, Dale Eaglesham prendra la relève en plus de signer, comme pour ce numéro, les couvertures. Ce ne sera que provisoire (l'artiste va en effet réaliser la future série Shazam ! de Geoff Johns) mais c'est déjà ça.

Le vrai match sera ailleurs de toute façon puisqu'en Août revient Fantastic Four chez Marvel (par Dan Slott et Sara Pichelli) : on verra alors qui de l'original ou de sa "copie" séduira le plus.... 

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