jeudi 31 mai 2018

JUSTICE LEAGUE : NO JUSTICE #4, de Scott Snyder, James Tynion IV, Joshua Middleton et Francis Manapul


La saga s'achève donc avec ce quatrième numéro et il fallait espérer que les scénaristes - Scott Snyder, James Tynion IV et Joshua Middleton - en aient gardé sous le pied pour le grand final. De ce côté-ci, rien à redire : le dénouement est spectaculaire (mais pas que...). Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, Francis Manapul est aussi de retour pour conclure au dessin. Avec en fin de compte, une reconfiguration des Ligues de Justice...


La graine semée par les Titans Oméga a fait pousser quatre arbres sur Terre consécutivement à la destruction de Colu et de ses quatre plants arrivés à maturité. Mais désormais ces jardiniers cosmiques dominent notre planète, prêts à la dévorer. Et si Amanda Waller veut tenter de les repousser avec une attaque nucléaire, Green Arrow adresse un S.O.S. à Hal Jordan, déjà bien occupé avec le Green Lantern Corps à colmater le Mur de la Source. 


La fin tragique de Colu a traumatisé les quatre Ligues de Justice envoyées là-bas par feu Brainiac mais Vril Dox, son fils cloné, ne veut plus aider les héros et vilains de cette mission qu'il juge désastreuse. Il se téléporte sur Terre pour en précipiter la fin et venger son père.


Les Green Lanterns humains - Hal Jordan, John Stewart, Guy Gardner, Simon Baz et Jessica Cruz - arrivent à la prison de Belle Reve où a surgi le nouvel arbre d'Entropie et Vril Dox pour empêcher Amanda Waller de déclencher une riposte nucléaire contre les Titans Oméga et stopper le fils de Brainiac.


L'équipe Entropie de Batman se téléporte sur place grâce à un boom-tube d'Apokolopis de Cyborg et élabore un plan pour stopper les Titans en attendant l'arrivée des renforts. Il s'agit de faire converger l'énergie des trois autres arbres vers celui-ci puis d'expédier ce flux en direction du Titan Oméga Entropie, ce qui poussera les trois autres à le dévorer pour se sustenter.


Afin de détourner une telle masse d'énergie dans l'arbre d'Entropie, Cyborg se sert des données de Brainiac puis Hal Jordan matérialise une arbalète géante avec laquelle Green Arrow tire une flèche contenant les forces de Sagesse, Merveille et de Mystère en direction du Titan éponyme. Comme prévu, ses trois semblables l'engloutissent puis disparaissent, repus. Profitant de la situation, les vilains recrutés par Brainiac pour aider les quatre Ligues en profitent pour s'éclipser avant d'être arrêtés et incarcérés sur place, dans le pénitencier de Belle Reve.
  

Cependant, cette victoire oblige les héros à repenser leurs formations et leur missions car, même avec le Mur de la Source réparé, l'univers a été profondément altéré et il faut être paré pour de nouvelles menaces : Cyborg prend la tête de la Justice League Odyssey en charge des affaires cosmiques (avec Starfire, Azrael, Jessica Cruz et... Darkseid !), Wonder Woman veut veiller aux forces occultes avec la Justice League Dark (aux côtés de Zatanna, Man-Bat, Swamp Thing, Man-Bat et le détective Chimp), et enfin une nouvelle Justice League présidée par le Martian Manhunter compte dans ses rangs Superman, Batman, Wonder Woman, Flash, Aquaman, Cyborg, John Stewart et Hawkgirl. Green Arrow se voit remettre par J'onn J'onzz un coffret contenant toutes les données de Brainiac sur la JL afin de l'arrêter si elle représente un jour un danger pour la Terre.

Si on excepte le précédent épisode, un peu gâché par une partie graphique décevante, la tétralogie composée par Justice League : No Justice aura été un sans-faute pour moi. Concis, rapide, dense, efficace, spectaculaire, le récit a proposé un divertissement franchement impeccable et une redistribution des cartes bien menée pour préparer en quelque sorte l'Acte II de DC version "Rebirth".

Le dénouement de cette aventure parvient à une synthèse satisfaisante même si évidemment elle est expéditive et ne corrige pas quelques défauts et curiosités du projet. Parmi ces derniers, les scénaristes n'auront jamais justifié le nombre absurde de participants à l'expédition sur Colu, encore moins la présence dans leurs rangs de vilains (qui ont d'ailleurs peu pesé sur l'action - à l'exception notable de Luthor et Sinestro et du sacrifice surprenant de Starro). Cette véritable légion étrangère a aussi empêché de caractériser les acteurs de l'histoire, mais on sera plus indulgent sur ce point car on sait bien que les sagas de ce type n'aident guère à affiner psychologiquement ceux qui sont convoqués.

On passera aussi sur quelques facilités bien pratiques comme le fait, dans cet ultime volet, que tout ce contingent de héros et vilains, lâchés par Vril Dox, doit trouver un moyen de regagner la Terre au plus vite et que l'utilisation d'un boom-tube - la technologie d'Apokolips contenue dans l'exosquelette de Cyborg aura été bien providentielle (pour contourner celle de Brainiac au moment d'absorber la banque de données dans l'arbre de la Sagesse sur Colu ou, donc, rejoindre notre planète au pic de la crise). Mais c'est aussi le jeu : il faut accepter ces raccourcis, ces béquilles scénaristiques, on n'est pas dans un récit réaliste de toute façon, et il faut tout boucler en quatre épisodes.

L'objectif de Justice League : No Justice était de toute façon moins de vaincre les Titans Oméga (on se doutait bien qu'ils ne boufferaient pas la Terre) que de justifier honnêtement la création de trois Ligues de Justice annoncés avant même la mini-série. Et là, pas de souci, tout est disposé de manière crédible, acceptable : les héros ont compris que leurs actions passées et récentes ont créé de nouveaux champs des possibles, donc autant de menaces potentielles, et il faut donc se préparer à y faire face sans tarder mais avec des effectifs correspondants.

La Justice League classique, qui sera écrite par Scott Snyder et dessinée par Jim Cheung et (surtout) Jorge Jimenez, sera l'équipe des titulaires, la formation en première ligne : son effectif est fourni (pas moins de neuf membres - on se croirait revenu au temps de Brad Meltzer, en souhaitant que ce soit mieux exploité).
La Justice League Dark fait son retour (après avoir été un des titres les plus plaisants des "New 52") et s'occupera des affaires magiques. Wonder Woman devra cumuler son poste de leader de ce groupe avec celui qu'elle occupe dans la JL, mais comptons sur James Tynion IV et Alvaro Martinez pour produire une série captivante (l'auteur en parle comme d'un "vieux rêve").
Enfin, la Justice Ligue Odyssey de Joshua Middleton et Stepjan Sejic n'est pas complètement prête à l'usage à la fin de No Justice car Darkseid en sera un des membres : une recrue de choc, dont on se demande comment elle sera intégrée, mais qui donnera du poids à ce groupe opérant dans l'espace.

Pour terminer, un mot quand même sur le retour de Francis Manapul (qui pourrait maintenant s'atteler à un graphic novel Aquaman : Earth One, depuis longtemps dans les tuyaux) qui livre de superbes planches, souvent doubles, avec un encrage plus soutenu. Si la couverture et les crédits intérieurs le citent comme unique artiste, j'ai quand même l'impression que Marcus To a signé la première page avec le Green Lantern Corps, mais je ne peux rien assurer. Manapul en tout cas s'occupe bien du reste et avec brio, prouvant qu'il a les épaules pour animer un casting aussi abondant dans un concentré d'action spectaculaire, même si, à l'avenir, DC devra veiller à préparer plus longtemps à l'avance une parution hebdomadaire pour dispenser les lecteurs de fill-in moins convaincants.

Rendez-vous le 6 Juin maintenant pour assister aux premiers pas de la nouvelle série Justice League made by Scott Snyder et Jim Cheung, à un rythme bimensuel (puis en Juillet pour la Justice League Dark). 

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