dimanche 11 février 2018

AMAZING SPIDER-MAN #28, de Dan Slott et Stuart Immonen


Dan Slott et Stuart Immonen mettent en scène le dernier acte de The Osborn identity dans ce 28ème épisode d'Amazing Spider-Man. Comment va s'achever cette courte (4 chapitres) et invraisemblable histoire ?


Osborn a lancé un missile au-dessus de la Symkarie qui va gazer la population pour la transformer en une armée de bouffons. Mockingbird s'envole pour la désamorcer et deux membres du Wild Pack de Silver Sable l'accompagnent pour la défendre contre les planeurs ennemis tandis que le reste de l'équipe se charge d'évacuer les civils.


Silver Sable et Spider-Man se dirigent, eux, vers le château de la comtesse Karkov. Mockingbird contacte le SHIELD pour prévenir Nick Fury de l'attaque lancée contre la population. Silver Sable défie à l'épée la comtesse.


Spider-Man traque Norman Osborn dans le sous-sol du château. Ce dernier, grâce à quelques gaz, le prive (temporairement) de ses pouvoirs et grille son équipement électronique grâce une décharge électro-magnétique. Ainsi il peut l'affronter sur un pied d'égalité.


Osborn, déchaîné, malmène sérieusement Spider-Man mais celui-ci peut compter sur ses amis. Le missile, désamorcé, ne s'écrase pas et est réceptionné dans une toile d'araignée géante tirée par les spider-planes. Silver Sable a pris le dessus sur la comtesse Karkov.


Galvanisé, Spider-Man corrige Osborn jusqu'à ce que des avions de chasse du SHIELD survolent la Symkarie. Mais épuisé et blessé, le tisseur laisse filer Osborn. La Fondation Oncle Ben dépêche des camions pour délivrer des produits de première nécessité à la population opprimée mais Nick Fury confirme que son organisation cesse toute collaboration avec Parker Industries. Osborn est déjà loin, sur un bateau, ruminant sa revanche en convoquant le Bouffon Vert...

Le script de cet épisode n'a pas dû nécessiter un labeur épuisant à Dan Slott qui conclut son arc narratif avec une suite de bastons homériques, aussi expéditives que grossières. On n'est pas là pour faire dans la subtilité et si on appliquait cette rédaction dans un dessin animé ou un long métrage, beaucoup pointerait que le niveau ne dépasse pas celui d'une bande dessinée (puisque pour beaucoup de critiques, le média ne vaut pas grand-chose...).

Ainsi donc se trouve-t-on en présence d'une histoire, d'un dénouement, dont l'auteur parvient par sa paresse, qu'il veut faire passer par de la malice, à rabaisser le support qu'il sert au niveau que lui donnent ses détracteurs quand il s'agit de parler de qualité d'écriture. Ce n'est pas un mince exploit, mais c'est pourtant un exploit dont on se passerait facilement.

Est-ce étonnant ? Non, car Slott fait le malin : tout son talent se résume ici à cela. Plus c'est gros, plus ça passe ? Si on n'est pas trop difficile, oui. Après tout, certains lecteurs adorent ce genre de comics où l'essentiel tient à regarder des héros et des vilains s'échanger des bourre-pifs pour résoudre des situations qui soulèvent pourtant des problèmes complexes. Et Slott contente ce public peu exigeant en lui donnant ce qu'il veut : du spectacle, creux, primaire.

La Symkarie est libérée par une bande de mercenaires dont la chef est une tueuse qui prend le pouvoir par la force comme la comtesse qu'elle détrône, avec la complicité d'un super-héros qui ne s'embarrasse pas de questions éthiques sur le droit d'ingérence. Tout va bien, comme le rappe avec plus d'ironie Orelsan... En passant, Mockingbird a visiblement de gros soucis de cohérence intellectuelle puisque dans le numéro précédent elle démissionnait du SHIELD, déçue que l'organisation ne soutienne pas l'opération menée par le Wild Pack et Spider-Man... Mais elle rappelle Nick Fury à la rescousse parce que, quand même, un missile va s'écraser sur une population innocente... Et le même Fury, si intransigeant sur les prérogatives de son commandement, accepte de voler au secours de son agent (ou ex-agent, on ne sait plus trop du coup) ! Formidable de bêtise ! (Mais, attention, dans un énième retournement de veste, Fury rappelle à Spider-Man qu'il n'approuve pas son action et que le SHIELD n'achètera plus de matériel à Parker Industries.)

Stuart Immonen se commet dans ce sommet de stupidité avec la générosité qu'on lui connaît : il ne fait pas les choses à moitié et donne à cette conclusion une envergure et une énergie qu'elle ne mérite vraiment pas. On ne peut que s'incliner devant le talent et le professionnalisme de l'artiste, mais aussi que déplorer qu'il déploie son art au service d'un récit si mauvais. Avoir et saisir l'opportunité de dessiner Spider-Man, profiter de l'exposition et de la popularité d'une série pareille ne sont évidemment pas des occasions qu'on décline, mais enfin, Immonen devrait faire plus attention avec qui il s'allie car tout son brio ne sortira pas indemne après avoir avoir été mêlé à un scénariste aussi navrant.

Slott tirera sa révérence avec le 800ème épisode, dans un ultime arc, toujours avec Immonen au dessin. Jusque-là, il faudra soit faire contre mauvaise fortune bon coeur, soit cesser de suivre la série en attendant que le dessinateur rebondisse avec un projet plus digne de lui (comme se consacrer à la suite de Empress ?). Les deux prochains numéros sont liés à la saga globale Secret Empire, je ne sais pas si je vais m'infliger ça (et la suite)...   

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