mercredi 24 janvier 2018

UNCANNY AVENGERS (VOLUME III) #18-23, de Gerry Duggan, Pepe Larraz et Kevin Libranda


Voici donc les derniers épisodes d'Uncanny Avengers écrits par Gerry Duggan, et les derniers que je lis et critique : c'est une série que j'ai suivi quasiment sans interruption depuis son lancement (à l'exception de la saga Axis et des premiers épisodes de ce troisième Volume, dessinés par Ryan Stegman et Carlos Pacheco). Le titre va vraisemblablement s'arrêter au Printemps prochain (à la fin du crossover No Surrender, publié actuellement hebdomadairement) pour faire place à une refonte de la franchise "Avengers", mais avant cela Jim Zub, Kim Jacinto et Sean Izaakse ont produit des épisodes dont les previews ne m'ont pas convaincu de persister. En avant donc pour ce dernier round disponible dans le recueil Red Skull, regroupant les numéros 18 à 23.
  

Crâne Rouge, toujours en possession des pouvoirs télépathiques de feu Charles Xavier, passe à l'offensive pour détruire l'équipe "Unité" des Uncanny Avengers maintenant que Captain America ne la soutient plus. Il manipule mentalement Quicksilver pour capturer successivement le Dr. Voodoo, Synapse, et la Torche Humaine. Assaillie par un cauchemar récurrent, Rogue se confie à Deadpool et Cable lorsque la Guêpe les appelle à l'aide. Quicksilver attaque le trio et neutralise Cable. Rogue part à sa poursuite en confiant une mission à Deadpool, imperméable à l'emprise psychique de Crâne Rouge à cause de sa folie...


Quicksilver traque Deadpool pendant que Crâne Rouge s'amuse à torturer mentalement les héros capturés dans le manoir des Avengers. Lorsqu'il s'en prend à Cable pourtant, celui-ci préfère effacer son esprit plutôt que d'être le jouet du nazi. Contrarié, ce dernier envoie la Guêpe, la Torche Humaine, Synapse et le Dr. Voodoo dans les rues de New York pour y tuer autant de civils et de héros que possible.
   

Deadpool s'est réfugié dans le sanctuaire de Dr. Strange mais hélas ! ce dernier est absent. Toutefois Wong accepte de l'aider et a appelé en renfort Spider-Man. A eux trois, ils résistent vaillamment aux Uncanny Avengers sous l'emprise de Crâne Rouge. Deadpool réussit à pénétrer dans le manoir des Avengers de manière spectaculaire pour y affronter leur adversaire mais Rogue lui tombe dessus et le passe à tabac.


Heureusement, Deadpool a suivi les ordres de Rogue la dernière fois qu'ils se sont vus et a récupéré le casque de Magnéto dont il la coiffe. Aussitôt, l'emprise mentale de Crâne Rouge cesse de l'atteindre et elle peut le neutraliser. Les autres Uncanny Avengers sont à leur tour libérés et vont porter secours à Deadpool mal en point après la raclée qu'il a reçue tandis que Rogue emmène Crâne Rouge inconscient jusqu'au Fauve...


Hank McCoy extrait la partie télépathique du cerveau de Charles Xavier de Crâne Rouge mais Captain America vient la réclamer, expliquant que cela représente une menace pour la sécurité nationale. Rogue ne l'entend pas ainsi et s'envole avec la Torche Humaine qu'elle charge de brûler le résidu encéphalique. Captain America embarque Crâne Rouge, laissant les Uncanny Avengers fêter leur victoire. Pour s'excuser de l'avoir tabassé et le remercier de son aide, Rogue embrasse Deadpool : l'effet est tel qu'elle libère de l'énergie ionique, ce qui permet à Wonder Man de se re-matérialiser !


Le Fauve retrouve avec joie son ami Simon Williams et tente d'expliquer comment il a pu revenir. Deadpool doit néanmoins lui expliquer qu'il est ruiné car sa fortune d'acteur servait à financer l'équipe. Synapse parvient à réveiller Cable mais il repart voyager dans le temps après l'avoir remercier et lui avoir promise qu'elle est digne d'une grande héroïne avec un destin glorieux. Le Dr. Voodoo salue la Guêpe, la Torche Humaine, Synapse et Rogue pour retourner à la Nouvelle-Orléans où son frère, Jericho Drumm, a été repéré : ses amis proposent de l'aider à le maîtriser. Pas de repos pour les braves !

Laisser l'endroit en bon état, telle semble avoir été la résolution adoptée par Gerry Duggan à l'heure de terminer son run, tout de même conséquent (presque deux ans), sur la série lancée par Rick Remender. Pour cela, évidemment, il fallait boucler le dossier concernant Crâne Rouge dont la menace a plané sur tout le titre depuis son commencement (le tout premier arc l'opposait directement à l'équipe après qu'il se soit fait implanter les pouvoirs télépathiques de feu Charles Xavier, au lendemain de sa mort durant la saga globale Avengers vs. X-Men - ça date !).

En six chapitres survitaminés, l'affrontement tient toutes ses promesses et le scénariste le raconte avec toute la verve dont il a su faire preuve auparavant. On reconnaît tout de même son favoritisme pour Deadpool, dont le rôle est déterminant, et dont il a écrit de nombreux épisodes pour sa série dédiée, mais même si on n'est pas client (comme c'est mon cas) du mercenaire à la grande gueule, son utilisation reste supportable.

Néanmoins, le mariage de la bouffonnerie et de l'action à fond les ballons produit un mélange détonant, déroutant : d'un côté, rien de tout ce qui se passe ne semble si sérieux que c'est supposé l'être et c'est tout de même un peu problématique quand, de l'autre, on voit la puissance psychique dont use Crâne Rouge et la violence que déploie Rogue déploie sous son emprise (elle éventre carrément Deadpool !). C'est la limite du style de Duggan qui veut divertir tout en affichant un goût prononcé pour la brutalité : l'énormité de certains moments (comme lorsque Spider-Man balance Deadpool dans le manoir des Avengers) fait basculer l'histoire dans une quasi-farce, une parodie appuyée, et l'instant d'après, on assiste, médusé, à un déferlement de coups ordonné par un nazi dément et doté de pouvoirs mentaux effrayants. C'est un peu dérangeant...

... D'autant qu'à la fin, tout le monde redevient copain, sans rancune, et que les questions de responsabilité, de regrets, de remords, n'embarrassent pas les héros, continuant à s'auto-vanner (Johnny Storm constatant avec dépit qu'il a fait partie des FF pour échouer chez les Uncanny Avengers ou le Dr. Voodoo déplorant de devoir composer avec l'excentricité de Deadpool). De la même manière, le fameux baiser qu'échange Rogue avec le mercenaire cinglé est totalement artificiel, sans lendemain, et ne sert qu'à ramener Wonder Man, porté disparu depuis... Uncanny Avengers (Volume 1) #14 ! (Il avait donné toute son énergie ionique pour que Scarlet Witch puisse lancer un sort protégeant les mutants des jumeaux Apocalypse et créé la Planète X.)

Heureusement, la série dispose d'artistes plus inspirés, même si on regrette que Pepe Larraz n'ait pu réaliser les dessins de l'intégralité de cet arc. Il est suppléé sur deux épisodes par Kevin Libranda, dont le style est assez similaire au sien, tout en énergie, mais sans avoir la même texture (la faute à un encrage trop fin et des finitions un peu légères). L'espagnol, lui, possède une plus grande maturité et quand il est aux commandes, les scènes s'enchaînent avec un dynamisme ahurissant, les personnages sont plus expressifs, le découpage a un rythme effréné. Bien que Larraz ne soit plus réellement une révélation, on sourira en apprenant que Marvel vient de le nommer comme un de ses Young Guns, tradition qui met en avant des artistes supposés incarner le renouveau graphique de l'éditeur (il est honoré au même titre que Marco Checchetto - pas non plus exactement un nouveau venu - , Javier Garron, Russell Dauterman et Mike Del Mundo).

On quitte donc les Uncanny Avengers avec une pointe de nostalgie, malgré des réserves sur le traitement appliqué par leur scénariste, qui n'a jamais réussi à atteindre le niveau de Remender (ni chercher d'ailleurs à creuser ses thèmes). Cette série qui fut le navire amiral de l'ère "Marvel Now !" est devenu un titre de plus dans une franchise qui a désormais besoin d'être repensée, à l'image de son éditeur en pleine crise éditoriale et à l'image écornée. 

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