dimanche 15 octobre 2017

HAWKEYE #11, de Kelly Thompson et Leonardo Romero


Pour cet avant-dernier numéro avant que la série ne s'aligne sur la nouvelle bannière "Marvel Legacy", Kelly Thompson et Leonardo Romero concluent le deuxième acte des aventures de Hawkeye Katie Bishop.


Madame Masque a transféré son esprit dans un clone de Kate Bishop et a passé la nuit à intriguer les amis de l'héroïne par son comportement insolent et désinvolte de manière à ruiner subtilement sa réputation.



Détenue dans le repaire de Mme Masque, Kate Bishop réussit à quitter sa cellule et a découvert que dans celle qui voisinait la sienne croupissait son père, Derek, complice de son ennemie qui lui a fourni en échange un clone rajeuni. Kate l'interroge pour savoir s'il est responsable de la disparition de sa mère et en a la confirmation. Elle quitte alors l'endroit en corrigeant les sbires de Mme Masque.


Lorsque Kate retrouve sa Némésis, les deux femmes s'affrontent devant les amis de la première, médusés. Le combat se poursuit jusque sur les hauteurs de Mulholland Drive où se dressent les lettres de Hollywood.


Mais alors qu'elle a pris l'avantage sur son adversaire, Kate choisit de l'épargner car elle comprend que cela ne résoudra pas la colère qu'elle ressent envers son père et, surtout, que Masque sait peut-être où se trouve sa mère. L'inspectrice Sanchez tire alors sur Mme Masque, mais la police échoue à la retrouver ensuite dans les parages.


Réconfortée par ses amis, qui nient avoir eu des ennuis à cause d'elle, Kate rentre chez elle et se fixe alors sa mission la plus importante : retrouver sa mère.

Même si l'épisode se termine avec Madame Masque en cavale (et donc toujours potentiellement nuisible, d'autant plus qu'elle a désormais l'apparence de Kate Bishop), ce 11ème numéro de la série acte la fin de son deuxième acte.

Hawkeye a appris beaucoup de choses dernièrement en affrontant son ennemie et en retrouvant son père : d'une part, elle a eu la confirmation qu'en se basant à Los Angeles elle serait au bon endroit pour s'émanciper en tant qu'héroïne (quand bien même son bilan comme détective privée est mitigé, mais au moins ne dépend-elle plus d'un groupe - comme les Young Avengers - ou d'un mentor/partenaire - comme Clint Barton), et d'autre part pour découvrir la vérité sur la disparition de sa mère (et la responsabilité supposée - depuis vérifiée - de son père dans cette affaire).

A la fin de ce chapitre 11, Kate a gagné des amis fidèles (et peut-être même un amant), la complicité d'une alliée dans la police (Sanchez, même si leur relation est électrique, chacune ayant la langue bien pendue), et une vraie mission, un objectif personnel (retrouver sa mère dont elle a été séparée et dont elle n'a plus de nouvelles). D'un geste hautement symbolique, elle enlève du tableau des photos et notes de personnes ciblées (en relation avec ses précédentes investigations professionnelles - comme Clint Barton l'avait fait dans le run de Fraction/Aja) pour ne plus y coller qu'un post-it avec la mention laconique : "Mom" ("Maman").

11 épisodes donc pour établir le personnage, la faire évoluer au gré d'aventures parfois loufoques, lui attribuer une ennemie attitrée (Mme Masque - avec laquelle le contentieux dure depuis Hawkeye #4-5, époque Fraction), et ceci fait (et presque réglé) imposer Kate Bishop comme non pas une "lady Hawkeye" ou une "Hawkeye girl" (bref, un ersatz féminin de Clint Barton) mais bien Hawkeye tout court, détentrice du titre et de la série consacrée.

L'affirmation de cette identité doit aussi beaucoup à Leonardo Romero qui (en dehors de l'intérim de Michael Walsh durant deux épisodes) a prouvé sa fiabilité à dessiner une ongoing série et sa capacité à lui donner une identité visuelle. 

Tout comme Kate, l'artiste a imposé ses gimmicks avec élégance et assurance : sa manière de découper ses doubles-pages est devenue une sorte de signature, et de son trait épuré mais tonique, il se joue de cette figure de style avec inventivité. Ses compositions sont soignées, ses plans bien remplis, ses décors soignés, ses personnages expressifs et mémorables. On a là un graphiste complet qui, derrière un coup de crayon apparemment élémentaire, donne à lire au lecteur et, surtout, complète excellemment les scripts de Kelly Thompson. Ce qui s'appelle bien se trouver car la réussite authentique d'une BD se fonde toujours sur la justesse de l'association d'un auteur et d'un artiste, jamais l'un plus (ou moins) que l'autre (on me reproche souvent d'être un brin professoral en répétant cela, mais c'est une conviction qui, je le crois, se vérifie toujours : les bonnes BD, celles qu'on apprécie sur la durée et qui nous restent en mémoire positivement, sont celles produites par un scénariste et un dessinateur d'égale valeur).

Prochaine étape, en Novembre, avec Wolverine/ Laura Kinney en guest, avant, en Décembre, l'arrivée de Clint Barton à Los Angeles (en vue d'une transformation de la série alors axée sur leur duo ?). 

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