mercredi 2 août 2017

FARGO (Saison 2) (FX)


Après avoir suivi la jubilatoire saison 3 de Fargo, j'ai trouvé le temps de regarder la saison 2 (et la saison 1 est en bonne place, je ne l'oublie pas). Noah Hawley y affirme déjà son sens de la narration incroyable, exploitant l'univers des frères Coen mais avec une intrigue originale et toujours aussi folle.
Peggy et Ed Blumquist (Kirsten Dunst et Jess Plemons)

L'action se situe cette fois en 1979, à Sioux Falls. Peggy Blumquist renverse accidentellement avec sa voiture, un soir en rentrant chez elle, Lye Gerhardt et le conduit, blessé, chez elle. Lorsque son mari, Ed, boucher, découvre l'homme, il se défend lorsqu'il est agressé et le tue. Peggy convainc Ed de ne pas se dénoncer à la police mais de se débarrasser du corps et de couvrir toutes les traces qui pourraient éveiller les soupçons de la police.
Dodd et Bear Gerhardt (Jeffrey Donovan et Angus Sampson)

Ce qu'ignorent les Blumquist, c'est que la victime venait de tuer une juge fédérale et les employés d'un dinner pour le compte de sa famille, qui a la main haute sur divers trafics illégaux dans la région. Les Gerhardt traversent effectivement une crise car le Syndicat de la Pègre vient de leur envoyer des représentants de Kansas City, ne tolérant plus ce management à l'ancienne et exigeant la reprise en main du territoire et de leurs affaires. 
Simone Gerhardt et Mike Milligan (Rachel Keller et Bokeem Woodbine)

Les Gerhardt se résolvent à entrer en guerre contre Kansas City, mais Dodd et Bear, les deux frères ennemis, ne s'entendent pas sur la méthode pour éloigner ou éliminer leurs adversaires. Ils ignorent surtout qu'un traître se cache dans leur rang puisque Simone, la fille aînée de Dodd, est la maîtresse de Mike Milligan, le porte-flingue de Kansas City qui la protège contre des informations sur les intentions et manoeuvres de sa famille. 
Le shérif Hank Larsson (Ted Danson)

Pendant ce temps, le shérif Hank Larsson et son gendre et adjoint Lou Solverson, dont l'épouse souffre d'un cancer, enquêtent sur la tuerie du dinner et remontent la piste jusqu'aux Blumquist, désormais dans la ligne de mire des Gerhardt, dont un des sbires, un indien, a découvert le rôle dans la disparition de Lye. 
Le shérif adjoint Lou Solverson (Patrick Wilson)

Les Blumquist s'en sortiront-ils malgré tout ? Qui des Gerhardt ou de Kansas City remportera la guerre des gangs ? Réponses au terme d'une intrigue aussi tortueuse qu'implacable.

Fargo est vraiment une série exceptionnelle. Ces dix épisodes, d'une densité ahurissante, forment un mini-feuilleton passionnant, qui nécessite du spectateur de bien s'accrocher mais qui est en même temps si parfaitement écrite qu'on en suit le déroulement avec une fabuleuse fluidité.

Ce prodige tient d'abord à la construction de la production : Noah Hawley, le showrunner, bâtit son édifice selon un principe simple - le spectateur a toujours un coup d'avance sur les protagonistes. Ce mécanisme, inspiré par le suspense selon Hitchcock, tient constamment en haleine parce qu'on a toujours l'espoir que les personnages les plus attachants s'en sortent tout en sachant la dangerosité de leurs ennemis et la menace qui les dépasse, dont ils prennent progressivement conscience sans pourtant la réaliser complètement.

Ensuite, malgré la noirceur de l'ensemble (les Gerhardt s'entretuent, les trahisons s'accumulent, le sang coule, la mort est omniprésente), la série possède cet humour à froid irrésistible, correspondant au décor enneigé de la région où se situe l'action. Mélange de fatalisme et d'ironie, l'équilibre est tenu miraculeusement au gré de rebondissements absurdes, spectaculaires ou intimistes. Plus l'histoire avance, plus les liens entre les personnages se multiplient, plus l'enjeu se resserre, et il faut beaucoup de distanciation aux héros (aux authentiques good guys) pour absorber les événements.

La réalisation, sobre mais juste, efficace, au rythme ciselé, sert le propos à la perfection, on ne s'ennuie jamais bien que le rythme soit tranquille, presque débonnaire, comme engourdi - à l'image des personnages dans ce Dakota hivernal.

Enfin le casting est une fois de plus de premier ordre : on retiendra bien entendu la présence d'acteurs renommés comme Kirsten Dunst (sensationnelle en épouse que les catastrophes endurées illuminent jusqu'à la folie) ou Patrick Wilson (dont le jeu sobre et le physique de gendre idéal sert idéalement son rôle de flic pragmatique et d'époux indéfectible) et Ted Danson (formidable en shérif old school et cool), mais il ne faut pas mésestimer les prestations impeccables de Jess Plemons (en boucher dépassé), Jeffrey Donovan et Angus Sampson (Abel et Caïn chez les ploucs), Bokeem Woodbine (excellent en flingueur ambitieux) ou Rachel Keller (la muse sensuelle de Hawley, qui tient un des premiers rôles dans la vertigineuse série Legion).

Qualifier Fargo de chef d'oeuvre n'est pas usurpé. Vous voilà prévenus !  

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