mercredi 11 mai 2016

Critique 883 : BRUNO BRAZIL, TOMES 8 & 9 - ORAGE AUX ALEOUTIENNES & QUITTE OU DOUBLE POUR ALAK 6, de Greg et William Vance


BRUNO BRAZIL : ORAGE AUX ALEOUTIENNES est le huitième tome de la série, écrit par Greg (sous le pseudonyme de Louis Albert) et dessiné par William Vance, publié en 1976 par les Editions du Lombard.
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Le colonel "L" apprend par le général Ryan que le commando "caïman" est déclassé suite à la mort en mission d'un de ses membres (voir tome 7 : Des caïmans dans la rizière), au profit de l'équipe des "Congo Williams" du colonel "4".
Néanmoins, Bruno Brazil, qui vit désormais en couple avec Gina Loudéac et leur fils adoptif Maï, a une nouvelle mission : appréhender "Chop Suez" Dillon, trafiquant d'êtres humains dans la région des Aléoutiennes (chaînes d'îles volcaniques au Sud de la mer de Béring reliant la presqu'île de l'Alaska et du Kamtchaka).
Sur place, se trouvent déjà, infiltrés dans la bande du malfrat, Tony "Nomade" (une nouvelle recrue du commando) et "Whip" Rafale, que viennent rejoindre "Gaucho" Moralés et Bruno. Ces deux derniers découvrent à bord d'un cargo transportant des immigrés asiatiques la véritable nature des exactions de Dillon : les passagers sont destinés à y être exécutés et leurs cadavres à servir à cacher de la drogue...
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BRUNO BRAZIL : QUITTE OU DOUBLE POUR ALAK 6 est le neuvième tome de la série, écrit par Greg (sous le pseudonyme de Louis Albert) et dessiné par William Vance, publié en 1977 par les Editions du Lombard.
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Trois savants à la tête du service "Amarante" sont tués : ils étaient responsables du projet "Myxine", concernant un nouveau modèle de missile. Mais pour assurer leurs arrières, les autorités ont eu l'idée d'implanter, à son insu, dans le cerveau d'un certain John Saxon des données relatives à cette arme avant de le relâcher dans la nature.
A présent, il faut lui remettre la main dessus avant ceux qui ont tué les savants et le colonel "L" confie cette mission au commando "caïman" qui part à Madagascar. Sur place, les agents de choc sont pourtant déjà attendus par leurs ennemis qui kidnappent "Texas" Bronco et Saxon quand celui-ci est localisé.
Bruno et Billy Brazil, "Gaucho" Moralés, "Whip" Rafale et Tony "Nomade" partent à la poursuite des ravisseurs et de leurs otages, précipitant la mission dans une terrible issue qui, si elle permet la sauvegarde du projet "Myxine", aura de lourdes conséquences pour l'équipe...

Il s'agit là des deux derniers longs récits complets de 48 pages de la série : les tomes 10 (Dossier Bruno Brazil et La Fin ?...) ne contiendront que des histoires courtes, antérieurs au tome 1, et les premières planches de ce qui devait constituer le véritable dixième épisode, jamais achevé.

Fidèle à son inspiration, Greg raconte deux aventures très noires s'inscrivant à la fois dans le registre de l'aventure et de l'espionnage : Orage aux Aléoutiennes aborde la traite d'êtres humains et expose une affaire particulièrement sordide à laquelle est jointe du trafic de drogue. Cela s'inspire pourtant de faits réels mais le scénariste, comme toujours dans cette série, n'a pas su s'en contenter et gâche un peu cette idée forte, mais sans doute trop noire pour une publication dans le journal de "Tintin".

Ce qui m'a frappé en relisant Bruno Brazil, c'est la mauvaise gestion de l'équipe : Greg sait inventer et camper des caractères mémorables et pittoresques mais peine à tous bien les exploiter. Ici, Billy Brazil et "Texas" Bronco sont inutiles et d'ailleurs inutilisés alors qu'une nouvelle recrue intègre les commando "caïman". Ce nouveau membre est d'ailleurs passablement grotesque : son nom est ridicule (Tony "Nomade", son look caricatural et invraisemblable au possible (un hippie aux cheveux longs qui trimballe une guitare partout, instrument qui lui sert à jouer de la musique mais aussi de mitraillette et de chargée de fumigènes !). Pourquoi créer cet agent quand deux autres dans la bande sont déjà disponibles ?

Par ailleurs, le méchant "Chop-Suez" Dillon ne convainc pas longtemps en chef de trafiquants, manquant de charisme... Et Bruno Brazil, désormais marié et père de famille, reprend du service sans que son rôle de leader soit bien évident. Seul "Gaucho" Moralés, mémorable grande gueule latino, reste sympathique, avec des réactions touchantes, alors que "Whip" Rafale fait de la figuration dans une intrigue au rythme paresseux.

En revanche, Quitte ou double pour Alak 6 (où vous apprendrez la signification authentique de ce curieux mot "Alak") se distingue par son dénouement très radical et noir. Le plot est totalement loufoque, avec ce John Saxon qui s'enivre en détenant sans le savoir des secrets d'Etat décisifs, mais le prologue est vraiment explosif, intense et, si entretemps, les rebondissements sont encore une fois abracadabrantesques (le commando prenant comme couverture l'identité d'un groupe de pop !... Très discret et crédible...), le dénouement est saisissant avec le sort tragique de plusieurs héros. Ce fut un grand choc lorsque je lus cette aventure pour la première fois dans ma jeunesse et il faut reconnaître que ça fonctionne encore.

Par contre, ce qui ne fonctionne pas/plus pour moi, ce sont le dessins de Vance qui, mises à part ses superbes couvertures (auxquelles les rééditions ne rendent pas justice) et quelques planches au découpage assez audacieux (dans lesquelles l'artiste prouve qu'il est plus doué et minutieux pour représenter les buildings et les voitures que les personnages), livre une mise en images médiocres.

On voit déjà que le dessinateur abuse de vues de profil, ses héros masculins se ressemblent tous (au point parfois d'être difficilement identifiables), les angles de vue manquent de dynamisme, et la colorisation très psychédélique de Petra a très mal vieilli. 

Je ne suis pas très motivé pour lire les deux albums restants, donc je pense m'en tenir là avec cette série, dont j'avais un souvenir trop flatteur alors qu'elle est très inégale. 

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