vendredi 29 avril 2016

Critique 877 : THE LOSERS, de Sylvain White


THE LOSERS est un film réalisé par Sylvain White, sorti en salles en 2010.
Le scénario est écrit par Peter Berg et James Vanderbilt, adapté de la bande dessinée de Andy Diggle et Jock, d'après les personnages créés par Robert Kanigher, publiée par DC Comics. La photographie est signée Scott Kevan. La musique est composée par John Ottman.
Dans les rôles principaux, on trouve : Zoe Saldana (Aïsha), Jeffrey Dean Morgan (Clay), Idris Elba (Roque), Chris Evans (Jensen), Columbus Short (Pooch), Oscar Jaenada (Cougar), Jason Patric (Max).
*
*
Clay dirige un commando de quatre membres, tous experts dans leur domaine : son second est Roque, qui manie les armes blanches ; Jensen est un informaticien ; Pooch est un pilote ; et Cougar un sniper. Envoyés en Bolivie pour y neutraliser un narco-trafiquant, les Losers découvrent que leur cible se sert d'enfants pour ses coupables activités.
La villa du malfrat devant être bombardée durant l'opération, Clay tente de sauver les enfants avant cela. Il croit y être arrivé après les avoir conduits dans l'hélicoptère qui devait évacuer le commando mais l'appareil est pulvérisé par un missile.
Désormais considérés comme morts en mission, l'équipe s'interroge sur la suite à donner aux événements : certains des membres n'aspirent qu'à refaire leur vie tranquillement (comme Roque et Cougar), d'autres aimeraient retrouver leur famille (comme Pooch, dont la femme est enceinte), d'autres veulent connaître l'identité et le mobile de celui qui a voulu leur mort (comme Clay et Jensen).
Clay s'oppose ainsi à Roque lorsqu'il repère une belle jeune femme qui semble les suivre. Une fois seul, il est abordé par celle qui se prénomme Aïsha et qui connaît l'homme qui a ordonné l'exécution des Losers : un certain Max, qu'elle souhaite aussi éliminer.
Clay et Aïsha
(Jeffrey Dean Morgan et Zoe Saldana)

Malgré la méfiance qu'elle inspire à l'équipe, les hommes décident de suivre la jeune femme qui les rapatrie discrètement en Amérique du Nord. Ensemble ils tendent un piège à Max, bien qu'il bénéficie d'un service de protection digne du président des Etats-Unis.
De gauche à droite : Aïsha, Jensen, Clay, Pooch, Roque et Cougar
(Zoe Saldana, Chris Evans, Jeffrey Dean Morgan, Columbus Short
et Oscar Jaenada)

Mais le traquenard aboutit à un résultat inattendu : en fait, le commando met la main non pas sur Max mais sur disque dur contenant d'importantes données sur ses affaires.
De son côté, bien entendu, le malfrat, qui négocie en vérité l'acquisition d'armes de destruction massive qu'il veut revendre au gouvernement, lance son lieutenant aux trousses des Losers.  
à droite : Max
(Jason Patric)

Après avoir réussi à "cracker" le disque dur de Max, Jensen découvre qu'un des contrats de Max impliquait le narco-trafiquant que le commando a affronté en Bolivie et qui était en réalité le père d'Aïsha. Elle s'enfuit avant que les Losers aient pu l'interroger à ce sujet, mais les hommes de Clay sont résolus à s'en prendre à Max en allant à sa rencontre : il doit justement recevoir ses armes sur les docks.
Ce qu'ignore Clay, c'est qu'un de ses partenaires est un traître ayant pactisé avec l'ennemi. Mais Aïsha est aussi au rendez-vous et, pour regagner la confiance des Losers, est prête à leur pardonner d'avoir tué son père...

Cette adaptation de la série limitée écrite par Andy Diggle et dessinée par Jock (dont l'affiche reproduit le style et qui a participé à la conception du générique de fin), publiée dans la collection Vertigo par DC Comics, a été un échec immérité lors de sa sortie en salles en 2003 : le film a en effet pâti de passer après la version cinématographique de la série télé L'Agence tout-risque de Joe Carnahan, dont le sujet était similaire. Pourtant, le long métrage de Sylvain White mérite d'être reconsidéré, je l'ai même trouvé bien meilleur.

A l'origine, The Losers était un comic-book créé par Robert Kanigher dans les années 70, que Diggle a avoué n'avoir jamais lu : le scénariste était séduit par le titre et la possibilité d'en user pour une saga mêlant action à grand spectacle et récit d'espionnage. Il en tirera une série limitée d'une trentaine d'épisodes de 2003 à 2006 (d'abord traduite par Panini Comics et désormais disponible en deux gros volumes chez Urban Comics en vf).

Ci-dessus : la bande dessinée originale créée par Robert Kanigher
dans les années 70.
Ci-dessus : la version de Andy Diggle et Jock
dans les années 2000.

Le scénario de Peter Berg (lui-même acteur et réalisateur) et James Vanderbilt parvient à synthétiser l'oeuvre avec une densité remarquable : le film dure une centaine de minutes, très rythmée, et l'intrigue mixe intelligemment des scènes d'action toniques et un complot bien ficelé, avec des personnages suffisamment complexes. Un des meilleurs rebondissements tient à la révélation de l'identité du traître au sein des Losers, à la fois surprenant et évident lorsqu'on repense aux interventions du personnage avant cela.

Animer un groupe de personnages aussi typés peut être un piège redoutable, mais là encore, le résultat est positif : certes, tous sont de parfaits clichés, réduits à une fonction précise, mais leurs relations sont suffisamment dynamiques, ménageant tension et humour, pour être satisfaisantes. Par ailleurs, l'héroïne est dotée d'une personnalité riche, avec un secret certes classique mais bien amené, et son rôle est vraiment un pivot narratif.

Là où j'ai eu un peu plus de mal, c'est avec la réalisation : Sylvain White a du mal à monter des plans qui durent plus de dix secondes, ce qui en fait un clone déplaisant du déjà insupportable Michael Bay. La photographie, à l'esthétique très publicitaire (avec une lumière souvent surexposée), souligne cette proximité stylistique. Parfois, ça fonctionne sur certaines scènes (le prologue, très efficace, par exemple) ; parfois, ça réduit le film à un produit qui manque de personnalité (là ou Joe Carnahan rattrapait l'aspect convenu de L'agence tout-risque avec une nervosité plus viscérale).

En revanche, la distribution est bluffante, chaque acteur semblant sortir tout droit des pages du comic-book. En première place, Zoe Saldana est époustouflante : sa beauté torride conjuguée à sa crédibilité dans le registre de l'action font de sa Aïsha une héroïne ambiguë à souhait. 
Face à elle, Jeffrey Dean Morgan impose sa virilité avec naturel en la nuançant d'une lassitude bienvenue. Idris Elba est fabuleusement charismatique et Chris Evans excellent en geek dont les techniques de drague sont pathétiques.
On notera que Saldana, Morgan, Elba et Evans sont habitués à incarner des héros de BD puisqu'ils ont respectivement été vus depuis dans Les gardiens de la galaxie, Watchmen, Thor et Captain America : un vrai casting pour fans de super-héros !
Jason Patric campe également un méchant avec une présence épatante.

Ces "Perdants" ont raté leur conquête du box office à la suite d'une programmation malheureuse, mais méritent qu'on leur donne une seconde chance, comme D17 l'a permise en diffusant le film hier soir.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire