vendredi 1 avril 2016

Critique 857 : SPIDER-WOMAN, VOLUME 2 - NEW DUDS, de Dennis Hopeless, Javier Rodriguez et Natacha Bustos


SPIDER-WOMAN : NEW DUDS rassemble les épisodes 5 à 10 de la série, écrits par Dennis Hopeless et dessinés par Javier Rodriguez (#5-9) et Natacha Bustos (#10), publiés en 2015 par Marvel Comics.
Ces épisodes ont lieu avant la saga Secret Wars, au terme de laquelle la série a été relancée (avec la même équipe artistique).
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- New Duds (#5-9) (Scénario de Dennis Hopeless, dessins de Javier Rodriguez). Jessica Drew vient de quitter les Avengers et a ouvert une agence d'enquêtes privées. Elle a aussi changé son costume de super-héroïne. Elle aspire à mener un combat plus modeste en agissant dans les rues de New York. 
C'est ainsi qu'elle est abordée par le reporter du "Daily Bugle", Ben Urich, pour qu'elle l'aide à enquêter sur la disparition de plusieurs épouses de super-vilains de seconde zone. En usurpant l'identité de l'un d'eux, elle est kidnappée et découvre qui se cache derrière toute cette surprenante affaire....  

- New Duds : Secret Wars (#10) (Scénario de Denis Hopeless, dessins de Natacha Bustos). Désormais secondée par Ben Urich et Roger Gocking alias le Porc-Epic (lié sa précédente affaire), Jessica Drew s'emploie à résoudre quelques nouveaux dossiers auxquels s'intéresse le journaliste.
Ils gagnent Dodge City où les habitants leur réservent un accueil musclé. Le shérif dirige de sombres expérimentations sur le bétail qui contamine la population. Mais à peine ce problème résolu, Spider-Woman voit Black Widow lui commander de réintégrer les Avengers car la Terre est de nouveau menacée par un danger d'ordre cosmique...

Inutile, précisons-le tout de suite, de vous infliger l'achat et la lecture du Volume 1 de ces nouvelles aventures de Spider-Woman pour comprendre ces cinq épisodes, les derniers avant le relaunch de la série après le crossover Secret Wars. Vous n'aurez surtout pas à subir les illustrations grotesques de Greg Land (pour qui toutes les héroïnes sont des clones de playmates et dont le style ne peut plaire qu'à des gens atteints de sévères troubles oculaires).

La version que donne Dennis Hopeless de Jessica Drew s'inscrit dans la veine du Hawkeye de Fraction et Aja, bien qu'avec beaucoup moins d'ambition et de brio, à la manière du Ant-Man de Spencer et Rosanas. Il s'agit donc d'une représentation street-level hero avec une bonne dose d'auto-dérision, et avec une approche visuelle moins spectaculaire que rusée. C'est la raison qui a motivé mon achat, alors que je ne lis guère plus de super-héros depuis un moment, en attendant des jours meilleurs (qu'offriront sans doute Black Widow de Waid-Samnee ou Moon Knight de Lemire-Smallwood, dès que leurs premiers recueils seront disponibles).

Hopeless, contre toute attente (parce qu'il ne m'avait pas convaincu auparavant) se révèle habile dans son approche : il fait de Spider-Woman une jeune femme récitant, en voix-off, ses motivations pour revenir à une existence plus modeste. Il y a de la malice dans le procédé, mais bienvenue, au service d'une narration fluide et tonique. 

Il manque bien sûr une certaine sophistication pour que la production dépasse le divertissement sympathique, cela reste aussi inoffensif que la Batgirl de Fletcher-Stewart-Tarr chez DC, à laquelle on ne peut pas ne pas penser quand on considère le relooking de Spider-Woman, avec un costume plus fonctionnel que sexy. Mais ça ne manque pas de charme : Jessica Drew (dont Brian Bendis voulut corriger la carrière il y a quelques années, à deux reprises, d'abord en l'envisageant comme l'héroïne d'Alias puis lors d'une mini-série dessinée par Alex Maleev) est décrite comme quelqu'un de volontaire, lucide aussi, et ses nouvelles missions sont suffisamment bien conçues pour accrocher le lecteur. 

Javier Rodriguez est un choix judicieux pour la dessiner (il a l'habitude des personnages féminins depuis sa série Lolita HR, écrite par Delphine Rieu) : il ne l'érotise pas à outrance, s'amuse intelligemment avec son nouveau costume (qu'il a lui-même designé). De même, il est à l'aise avec la galerie des seconds rôles composée de méchants volontiers ridicules mais qu'il rend attachant et de ce bon vieux Ben Urich, qu'on ne voyait plus depuis longtemps dans les pages de Daredevil (dommage que Mark Waid ne l'ait jamais utilisé).

Rodriguez soigne les décors, assez pour que cela soit remarquable dans un comic-book mensuel (où ces éléments sont le plus souvent expédiés, faute de temps), et même si son graphisme n'a pas la maturité de ses collègues espagnols (Marcos Martin et Javier Pulido, dont il a été longtemps le coloriste), son trait a une notable élégance et une vraie expressivité.

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et, devant s'aligner sur la saga Secret Wars de 2015, par Jonathan Hickman et Esad Ribic, Hopeless expédie le second récit en devant y intégrer des éléments du crossover. C'est d'autant plus stupide que, après cette énième event, la série est repartie sur les mêmes bases, avec le même artiste. 

Le graphisme s'en ressent aussi même si Natacha Bustos, venue suppléer Rodriguez, s'en tire sans démériter, mais cette dessinatrice ne possède pas (pas encore ?) les mêmes nuances dans le trait et la même inventivité dans le découpage et les compositions. 

Hopeless mixe des motifs issus de plusieurs genres dont la greffe prend mal avec son intention de départ (western, épouvante, parodie) : on sent que la contrainte de coller à Secret Wars ne l'a pas motivé et même l'a un peu coupé dans son élan. Dommage. 

Néanmoins, cette nouvelle Spider-Woman est bien sympathique et mérite qu'on surveille sa nouvelle vie. Paninicomics a eu la bonne idée de traduire ces cinq épisodes dans la revue trimestrielle "Spider-Man Universe" n°1, sortie en Mars : il faut souhaiter que les prochains chapitres auront la même diffusion dans quelques mois.

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