mardi 16 février 2016

Critique 817 : ALDEBARAN, L'INTEGRALE 1/2, de Leo


ALDEBARAN, L'INTEGRALE 1/2 rassemble en un seul volume les deux premiers tomes du premier cycle de la série Les Mondes d'Aldébaran, écrits et dessinés par Leo, publié en 2008 par Dargaud.
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ALDEBARAN : LA CATASTROPHE est le premier tome du premier cycle de la série Les Mondes d'Aldébaran, écrit et dessiné par Leo, publié en 1994 par Dargaud.
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2179, sur la planète d'Aldébaran, colonie terrienne. Kim rencontre Driss, un océanologue, qui étudie les manifestations d'une étrange créature marine, la Matrisse.
De son côté, Marc fait la connaissance de Gwen, une journaliste à la recherche de Driss. Ce dernier part pour Felton et Kim communique sa destination à Gwen par l'intermédiaire de Marc, qui offre à la reporter de l'escorter.
La Mantrisse détruit le village natal de Kim et Marc : cet acte est interprété par Driss comme le début de "la catastrophe" et il entraîne les deux jeunes gens et Gwen jusqu'à Alvarado. Là-bas, l'océanologue avoue à la journaliste qu'il se sait traqué par la police.
Marc décide de continuer, seul, pour rallier Port Simon puis Anatolie et Kim le suit, sans avertir Driss et Gwen. En route, les deux jeunes croise Pad, un vieil homme qui leur propose d'être leur guide jusqu'à Port Simon. Mais, à la nuit tombée, il s'enfuit en volant le véhicule de Marc.
Marc et Kim atteignent Port Simon où le jeune homme, sans papiers, est arrêté par la police et interrogé par Loomis, qui recherche Driss et sait qu'il a été en contact avec lui à cause de Pad. Marc est jeté en cellule...
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ALDEBARAN : LA BLONDE est le deuxième tome du premier cycle de la série Les Mondes d'Aldébaran, écrit et dessiné par Leo, publié en 1995 par Dargaud.
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Libéré, Marc retrouve par hasard Pad qui, pour s'excuser de l'avoir dénoncé, lui propose un engagement à bord de l'Aramis, en partance pour Anatolie. Ils embarquent avec Kim, mais le capitaine leur confie des corvées à bord pour payer leur voyage.
La traversée devient encore plus difficile pour Marc quand il est harcelé sexuellement par la femme du capitaine, qui les surprend. Kim s'enfuit avec Marc à bord d'un canot de sauvetage et regagne la terre.
Sur la route, ils rencontrent José, un musicien, qui va lui aussi à Anatolie. Il drague Kim puis trouve, pour tous les trois, un emploi dans une plantation.
Avec l'argent qu'ils ont gagné durant un mois, Marc et Kim reprennent leur périple, direction Jaudira. Là, le jeune homme assiste à l'arrestation d'une femme blonde qu'il aide à fuir avec la complicité de Kim à bord d'une caravelle.
La fugitive explique qu'elle est l'épouse de Driss et qu'ils refusent que le gouvernement totalitaire d'Aldébaran contrôle la Mantrisse. Ils dorment à la belle étoile, mais au matin, à leur réveil, la police les encercle. Kim réussit une nouvelle fois à s'échapper mais Marc et Kim sont envoyés en prison...

22 ans après le début de sa parution, relire Aldébaran permet de vérifier que cette oeuvre a bien vieilli et demeure une lecture agréable, exotique, palpitante.

La série des Mondes d'Aldébaran s'est bien développé depuis et compte, à ce jour, quatre cycles : Aldébaran, Bételgeuse, Antarés et Survivants (de cinq albums chacun, sauf pour le dernier, qui en a six). L'intégralité du cycle composant la saga d'Aldébaran a été rassemblé en deux volumes par Dargaud en 2008 (les deux premiers tomes) et 2011 (les trois derniers tomes). Une sorte de consécration pour son auteur, le brésilien Leo, dont le parcours personnel a été aussi périlleux que ses héros.

Luiz Eduardo de Oliveira est né en 1944 à Rio de Janeiro. Il suivra des études d'ingénieur après un passage à l'université et une activité militante à Gauche en 1968. La dictature militaire au Brésil le contraint à s'exiler au Chili en 72 puis en Argentine en 73. Il revient clandestinement au pays en 74 et y dessine pour des publicités. Mais sa situation est précaire et il quitte le continent pour rejoindre la France en 1981 dans l'espoir de vivre de son art. Malheureusement, à cette époque, l'édition connaît une grave crise.

Il collabore à partir de 83 pour "L'Echo des Savanes" puis, en 1985, pour "Pilote". L'année suivante, il dessine des scénarios de Jean-Claude Forest (le créateur de Barbarella) et des histoires vraies dans les revues "Okapi" et "Astrapi". En 1988, c'est la rencontre décisive avec Rodolphe qui deviendra son partenaire régulier jusqu'à aujourd'hui pour les séries Trent, Kenya, Namibia.

En 93, Dargaud lui donne sa chance et Leo crée Aldébaran dont il signe scénario, dessins et couleurs. Cette épopée de science-fiction est un succès critique et public, dont le propos et le traitement tranche avec les codes du genre.

Le monde décrit dès ces deux premiers tomes se réfère clairement au régime totalitaire qu'a connu et fui l'auteur dans le Brésil des années 60 puis le Chili des années 70. Transposé sur une planète lointaine, colonisée par les humains, et où les océans recouvrent la majeure partie du globe, le récit est une efficace métaphore politique derrière une succession d'aventures fantastiques.

Les couples formés par Marc et Driss, livrés à eux-mêmes après l'anéantissement de leur village natal, répond à celui de Driss et Alexa, chercheurs étudiant l'énigmatique Mantrisse et formant une paire plus expérimenté. L'histoire prend des airs de conte initiatique avec son lot d'épreuves qui rendent les héros sympathiques. Mais les seconds rôles sont également soignés, comme l'ambigu Pad (fripouille évidente mais attachante) ou l'inquiétant chef de la police, Loomis.

Ce qui distingue cependant Aldébaran, c'est le fabuleux bestiaire que la série met en scène : Leo a de l'imagination, certes, mais surtout une précision maniaque pour représenter des créatures à la fois fascinantes et terrifiantes. Cela deviendra sa marque de fabrique : cette planète ainsi décrite et peuplée est très crédible.

La narration est dense : le premier tome se déroule sur cinq jours, le deuxième sur sept, mais les protagonistes traversent une multitude d'événements qui ne leur laisse, pas plus qu'au lecteur, le temps de respirer.

Visuellement, Leo s'inscrit dans un registre réaliste : son trait est sobre, épuré, mais méticuleux. Cela fait merveille pour camper des décors variés, majoritairement en extérieur, et des engins, aux designs évocateurs et inspirés.

En revanche, ses personnages, bien qu'expressifs, souffrent d'une raideur un peu déplorable et semblent modelés de façon trop semblable. Dessinateur solide et inventif, Leo ne parviendra cependant jamais à s'assouplir.

Mais cette faiblesse est nuancée par son talent de coloriste, avec une palette éclatante, qui magnifie les paysages et les ambiances.

Suite et fin de ce premier cycle dans la prochaine Intégrale, qui confirme toutes les qualités et défauts de ce titre prenant mais graphiquement inégal. 

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