jeudi 22 octobre 2015

Critique 733 : THORGAL, TOMES 24 & 25 - ARACHNEA & LE MAL BLEU, de Jean Van Hamme et Grzegor Rosinski


THORGAL : ARACHNEA est le vingt-quatrième tome de la série, écrit par Jean Van Hamme et dessiné par Grzegor Rosinski, publié en 1999 par les Editions du Lombard.
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Alors qu'ils étaient mer, une tempête sépare Aaricia, Jolan, Darek et Lehla de Thorgal et Louve, les deux groupes étant dans des barques.
Le père et sa fille échouent sur les récifs d'une plage où ils découvrent le cadavre d'un jeune homme. Epuisés, ils s'endorment mais sont réveillés par une multitude d'araignées, à laquelle ils échappent en se réfugiant dans une grotte en hauteur. Mais Louve s'y aventure et Thorgal ne peut la récupérer.
Le viking gagne le sommet de la falaise où il croise bientôt un jeune vigneron qui le prend pour un démon mais accepte de le conduire jusqu'à sa ville, Arachnapolis. Là, Thorgal est livré au prêtre-roi Dracon qui ne tarde pas à le sacrifier à la déesse Arachnea en le jettant dans une fosse.
Pendant ce temps, Louve a rencontré une vieille femme qui lui raconte comment elle a aussi été envoyé dans ce royaume inférieur, parce que son père a refusé sa liaison avec un jeune paysan, Eliocle.
Thorgal lui trouve dans les profondeurs Maïka, fiancée du jeune homme dont le cadavre se trouvait sur la plage. Avec elle, il aboutit jusqu'au repaire d'Arachnea où Louve libère d'une urne funéraire l'esprit d'Eliocle, permettant ainsi sa réunion avec Serena, la fille de Dracon, mais aussi la fin de la malédiction sur le royaume de ce dernier.
Aaricia et les enfants abordent alors sur cette île où Thorgal et Louve les accueillent.
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THORGAL : LE MAL BLEU est le vingt-cinquième tome de la série, écrit par Jean Van Hamme et dessiné par Grzegor Rosinski, publié en 1999 par les Editions du Lombard.
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Thorgal, Aaricia et leurs enfants quittent le royaume de Notre Terre en laissant derrière eux Darek et sa soeur Lehla, à laquelle Jolan confie son chien Muff.
La famille aborde de nouveaux rivages quand elle découvre dans une barque le cadavre d'un homme. Jolan est mordu par un rat avant que des pirates nains ne surgissent et attaquent. Thorgal mène sa barque dans un passage où il croise bientôt le navire du prince Zarkaj qui les secoure et les conduit jusqu'à son palais.
Zarkaj s'éprend d'Aaricia qui le repousse avant qu'il ne découvre qu'elle est atteinte du mal bleu. Le prince envoie aussitôt tous ses invités dans le labyrinthe, une carrière où agonisent tous les indigènes malades. L'état de Jolan s'aggrave mais Thorgal ne s'y résigne pas et décide de partir chercher le mage Armenos dont lui a parlé un des bannis.
Durant son périple, le viking fait la connaissance de Zajkar, frère jumeau de Zarkaj, et ami des pirates nains, qui accepte de le conduire jusque chez Armenos. Mais ce dernier a été capturé par le prince.
Thorgal réussit avec son allié à le libérer et ramène un antidote au mal bleu. Les deux frères acceptent de régner ensemble tandis que Jolan, Aaricia et les bannis se rétablissent.

Sur ces deux nouveaux épisodes, l'un est aussi dispensable que l'autre est réussi, mais il faut admettre que l'essoufflement de la série est de plus en plus évident. Jean Van Hamme est un conteur efficace mais qui montre ses limites en recyclant des motifs sans aboutir à un résultat aussi puissant qu'auparavant.

Arachnea n'est pas seulement un récit faible, c'est une aventure médiocre, qui mélange des éléments fantastiques et épiques en échouant à les rendre intenses ou suffisamment amples. Le décor évoque la Grèce Antique, en particulier l'île de Crète, ce qui signifie que Thorgal et sa famille ont quand même fait un sacré chemin depuis leur exil du Northland, sans qu'on ait pourtant pu apprécier leurs escales intermédiaires : ce flou géographique, qui conférait un mystère envoûtant à la série, a fini par se retourner contre elle à mesure que son héros avec femme et enfants se sont éloignés de chez eux, après en avoir été bannis ou entraînés au gré de multiples péripéties. 

Mais, même sans pouvoir situer précisément l'histoire, cela pourrait rester agréable. Or, cette intrigue basée sur un culte dont l'origine évoque tout à la fois le destin de Pompéi et une énième malédiction totémique (en l'occurrence l'araignée, insecte répugnant à souhait) est une vraie bouillie, menée sur un rythme mollasson, avec des rebondissements téléphonés, une caractérisation bâclée. Encore une fois, Thorgal est séparé de sa femme et de son fils, et Louve n'est pas traitée avec autant de soin que son frère (bien que Van Hamme ait insisté auparavant sur le fait qu'elle soit également doté d'un pouvoir surprenant - communiquer avec animaux).

Tous les (mauvais) clichés de la série défilent dans cet album : rivage hostile, fanatisme religieux, complot, entrailles souterraines dangereuses, grottes menaçantes, méchant roi, princesse maudite, monstre... C'est probablement le pire des tomes depuis le début de la série.

Le Mal bleu n'est, convenons-en, pas d'une qualité extraordinaire non plus, mais il est tout de même bien mieux construit, à défaut d'être plus inspiré. Van Hamme opte pour une construction atypique - Jolan est le narrateur et une bonne partie de l'action s'inscrit dans un flash-back - et multiple encore une fois les obstacles comme autant de moyens pour souligner (comme si c'était encore nécessaire) la bravoure et la pugnacité de Thorgal. 

Le scénariste retrouve sa verve dans ce récit de pure aventure, dans un cadre exotique aux ambiances variées, peuplé de figures archétypales (le prince fourbe et peureux, son frère jumeau et sympathique, le mage qui est un providentiel deus ex machina), et on déplore qu'il n'ait pas préféré développer cette histoire sur deux tomes car cela aurait fluidifié quelques péripéties et évité un dénouement un peu expéditif. Mais au moins observe-t-on un retour aux basiques bienvenu.

Comme souvent en bande dessinée, quand les scripts sont inégaux, le dessin semble contaminé et la prestation de Rosinski est elle-même en deçà de ce à quoi il nous a souvent habitué. 

Pour le tome 24, ses planches sont banales, son découpage sans imagination : les effets (notamment dans les jeux d'ombres et de lumière) dans lesquels il excelle sont absents ou trop rares. On ne le sent pas très concerné, guère passionné par ce qu'il doit mettre en image.

En revanche, il renoue avec sa forme pour le tome 25 car il a davantage de "biscuit" : disposant de décors riches (le palais, le labyrinthe, la jungle, la montagne), il en donne des représentations spectaculaires. Mieux même : il ose des effets de découpage ingénieux et élégants (comme à la page 25), qui rappellent ses efforts antérieurs (voir le tome 6, La Chute de Brek Zarith, ou 9, Les Archers, avec des cascades de cases accompagnant le mouvement périlleux du héros).

Décevants, même si Le Mal bleu est convaincant, cette paire d'albums ne figurent pas dans le top de la série. Début du déclin ? Ou passage à vide provisoire ? 

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