lundi 19 octobre 2015

Critique 730 : L'HOMME QUI N'AIMAIT PAS LES ARMES A FEU, TOME 3 - LE MYSTERE DE LA FEMME ARAIGNEE, de Wilfrid Lupano et Paul Salomone


L'HOMME QUI N'AIMAIT PAS LES ARMES A FEU : LE MYSTERE DE LA FEMME ARAIGNEE est le troisième tome de la série, écrit par Wilfrid Lupano et dessiné par Paul Salomone, publié en 2014 par Delcourt.
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Tim Bishop découvre le vieil indien Jack blessé dans le désert où l'a laissé Margot de Garine, profitant qu'il se reposait pour lui fausser compagnie. Il en profite pour raconter au bagagiste son passé et dans quelles circonstances il est revenu sur la terre de ses ancêtres.
Les deux hommes sont recueillis par William, un esclave affranchi, qui s'est installé dans la réserve navajo avec une veuve indienne et sa fille où les retrouvent bientôt Byron Peck et Knut Hoggaard.
Cependant, Margot a trouvé refuge chez des religieuses qui évangélisent impitoyablement de jeunes indiennes. Elle s'attache à l'une d'elles, rebaptisée Lucille, qui est prise en grippe par la mère supérieure et qui lui inflige une nouvelle cruelle punition.
Un détachement militaire arrive pour convoyer Margot, non pour la protéger mais parce qu'elle figure sur un avis de recherche - imprimé par Peck. Quand l'avocat apprend où est son épouse, il se rend sur place avec Hoggaard. Ils sont aussitôt arrêtés par les hommes du colonel Keats, embobiné par Margot.
Cette dernière repart en train pour Washington, après avoir récupéré Lucille à qui elle avait confiée les lettres de James Madison tandis que Byron et Knut sont conduits au pénitencier de Holbrook. Simultanément, Margot est victime d'un braquage, commis par Jack, William et Celle-qui-court, tandis que Hoggaard s'évade en laissant derrière lui Peck.

Pour ce troisième tome, Wilfrid Lupano a cessé ses adresses politiques un brin démagogiques pour se contenter de raconter la suite de son histoire - dont le terme est prévu pour le tome 4 (dont la date de sortie n'est pas encore connue).

La lecture de ce nouvel album m'a laissé un sentiment mitigé : le divertissement reste plaisant mais scénario commence à perdre de son efficacité. Le principal défaut de cet épisode est que Lupano a choisi d'enrichir sa distribution avec de nouveaux seconds rôles, amenés à être encore là pour le quatrième chapitre : c'est ainsi qu'on fait connaissance avec l'ancien esclave William, Celle-qui-court, Lucille. Le scénariste les dote d'un background solide (quoique sans originalité), mais ce sont autant de nouveaux personnages à animer, qui alourdissent plus qu'elles n'enrichissent l'intrigue, avec quelques effets répétitifs voyants à la clé (Margot perd une nouvelle fois les lettres de Madison dans une attaque de train...).

La réunion de tous les personnages, à l'exception de Margot qui demeure insaisissable (avec beaucoup plus de chance que de génie tactique désormais - la façon dont elle "retourne" le colonel Keats, grâce à la complicité de l'épouse et la fille de celui-ci, est particulièrement notable), est orchestrée trop providentiellement pour qu'on ne tique pas : Tim Bishop tombe miraculeusement sur Jack blessé en plein désert navajo, Byron et Knut arrivent sortis de nulle part chez William où sont Tim et Jack, Byron retrouve la piste de Margot par un extraordinaire du coup du sort après avoir invoqué la femme araignée... Tout ça manque beaucoup de subtilité, on a le sentiment que Lupano ne savait pas trop comment rassembler les personnages qu'il avait dispersés  - et la fin de ce tome 3 relance cela.

Malgré ces réserves, L'homme qui n'aimait pas les armes à feu continue de séduire, mais davantage pour le rythme soutenu de sa relation que pour la fluidité de sa mécanique et la singularité de ces protagonistes (il serait, par exemple, bienvenu d'écrire le passé de Margot qui, en définitive, se résume à une garce dont on devine qu'elle a subi, comme Lucille, une éducation très stricte, sans que cela suffise à justifier son attitude si vénale maintenant). 

Paul Salomone a assuré dans une interview au site "ligne claire" que le dénouement de la série se produira bien dans le quatrième volume et qu'il sera à la fois étonnant et clair, mais la tâche ne sera pas aisé pour Wilfrid Lupano. 

Le scénariste pourra néanmoins s'appuyer sur son dessinateur qui livre une prestation toujours aussi solide : certes, je reste toujours mesuré sur son encrage, auquel je reproche encore un manque de nuances, et je trouve que certains décors sont moins détaillés qu'auparavant, mais, en revanche, ses pages sont toujours aussi dynamiques, avec des personnages à l'expressivité épatante.

Le soin apporté aux costumes, en particulier pour Margot, et l'énergie qui se dégage des scènes d'action comme le découpage bien dosé pour les scènes plus calmes sont remarquables. 

La série stagne, voire régresse un peu, mais j'espère que la fin sera à la hauteur. Ce western est inégal mais pourvu de qualités indéniables qui incitent à l'indulgence et maintiennent l'intérêt.
(Toujours pour le plaisir, ci-dessous, la quatrième de couverture du livre avec encore un beau portrait de la terrible Margot :)   

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