lundi 21 juillet 2014

Critique 482 : SPIROU ET FANTASIO, TOME 35 - QUI ARRÊTERA CYANURE ?, de Tome et Janry


SPIROU ET FANTASIO : QUI ARRÊTERA CYANURE ? est le 35ème tome de la série, écrit par Tome et dessiné par Janry, publié en 1985 par Dupuis.
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Fantasio ramène, mécontent, un appareil photo au magasin où il l'a acheté et exige d'être remboursé. Le directeur intervient et lui en offre un autre en échange.
Spirou découvre l'engin : il s'agit d'un robot qui prend effectivement des photos mais aussi s'enfuit aussitôt. Les deux héros et Spip le prennent en chasse jusqu'à ce qu'il leur échappe en montant dans un car partant pour Champignac-en-Cambrousse.
Le robot gagne la gare désaffectée de la bourgade où Spirou et Fantasio découvrent une jeune femme ligotée, un sac sur la tête. Libérée, elle leur fausse à son tour compagnie. Aussitôt après, Caténaire, l'ancien chef de gare, surgit, catastrophé et il explique pourquoi aux deux héros : ils viennent de libérer Cyanure, une androïde qu'il a créée et qui a développée un caractère très agressif contre les humains !

Les débuts du run de Tome et Janry (il s'agit de leur troisième album, après Virus et Aventure en Australie) sont, il faut bien le reconnaître, avec le recul, inégaux. Il faudra en vérité attendre les deux épisodes suivants (L'horloger de la comète et Le réveil du Z) pour que la série (re)décolle et aligne les réussites.

Qui arrêtera Cyanure ? n'est pas un bon opus : son point de départ a mal vieilli, comme toutes les histoires qui comportent trop de références à l'époque de leur conception. On y paie encore en francs, et le thème de la robotique (malveillante) renvoie à une période qui fait un peu ricaner les habitués des ordinateurs portables et autres tablettes et smartphones d'aujourd'hui.
Le scénario n'est d'ailleurs pas bien épais et se contente d'étirer sur 44 pages une course-poursuite contre cette fameuse Cyanure, dont la silhouette inspirée par Marilyn Monroe, mais au caractère sanguin, dispense des scènes d'action peu palpitantes. Le dénouement du récit est aussi vite expédié que son début (même si la toute dernière image laissait la porte ouverte à une suite, qui n'est jamais venue - Cyanure ayant sombré dans les limbes où finissent bien des personnages secondaires de la bande dessinée).
Même les dialogues, qui fourniront par la suite le piment des aventures de Spirou et Fantasio écrites par Tome, avec son goût des calembours bien connu, n'ont pas (pas encore) cette saveur humoristique qui accompagnait si bien le feu nourri des rebondissements et la caractérisation bien sentie de l'auteur.
C'est vite lu, certes, mais vite oublié aussi car tout simplement pas mémorable.

Au dessin, Janry maîtrise déjà bien les deux héros, et quelques figures familières comme le maire de Champignac, Duplumier, Dupilon. Mais Cyanure, qui a pourtant pour modèle une des actrices les plus attrayantes de l'histoire du 7ème art, n'est pas très aboutie : c'est en fait un curieux choix de l'avoir aussi nettement typée car cela n'ajoute rien au personnage et au récit, c'est juste une furie bien roulée, alors qu'elle aurait pu être encore plus dangereuse et intéressante en jouant sur son potentiel de séduction couplé à sa nature belliqueuse.
Le découpage est très nerveux, les compositions soignées, mais on sent bien que Janry ne tourne pas encore à plein régime : comme son scénariste, il semble encore en rodage, prêt à lâcher les chevaux, mais ne disposant pas de l'histoire qui le lui permet.

On peut zapper ce 35ème tome, même si connaître cette phase de l'apprentissage de Tome et Janry éclaire ensuite sur les épisodes autrement plus efficaces qu'ils signeront. 

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