lundi 5 mai 2014

Critique 438 : SPIROU ET FANTASIO, TOME 53 - DANS LES GRIFFES DE LA VIPERE, de Fabien Vehlmann et Yoann

LES AVENTURES DE SPIROU ET FANTASIO : DANS LES GRIFFES DE LA VIPERE est le 53ème tome de la série, écrit par Fabien Vehlmann et dessiné par Yoann (avec les designs de Fred Blanchard), publié en 2013 par Dupuis.
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Le "Journal de Spirou" est poursuivi en justice par des parents de jeunes lecteurs qui accusent l'hebdomadaire de mettre leurs enfants en danger parce qu'ils rejouent les aventures du groom. Condamné à verser des dommages et intérêts, c'est la ruine assurée. Mais Spirou rencontre Gil Coeur-Vaillant, le détective-explorateur, idole de sa jeunesse, qui lui offre son aide. Il s'agit de signer un contrat avec le fonds d'investissement "Viper Corporation" qui paiera l'amende contre quelques services.
Hélas ! C'est un piège et Spirou et ses amis sont désormais les jouets d'un affairiste...

On prend les mêmes et on recommence... Pour leur troisième épisode, le duo Vehlmann-Yoann affiche un bilan mitigé (un premier effort sympathique, un deuxième moins bon). Que penser de ce Dans les Griffes de la Vipère ?

C'est un bon cru, du niveau de leur premier album. Fabien Vehlmann a choisi de gommer l'aspect humoristique pour se diriger dans le registre plus classique (prudent ?) de l'aventure saupoudrée d'un zeste satire sur l'alter-mondialisme. A coups de procès, de condamnation, de manipulations financières, de chasse à l'homme, de collaborationnisme, jusqu'à la fin ouverte (avec la réapparition d'un méchant de l'ère Tome & Janry), l'intrigue file à toute allure et ce rythme soutenu rend la lecture en vérité plus digeste et distrayante (même si le public le plus jeune ne saisira peut-être pas toutes les nuances critiques du scénario  qui le représente les lecteurs comme des indics en herbe).

Vehlmann emploie un dispositif similaire à ses deux précédents épisodes : très vite, Spirou se retrouve enfermé dans un lieu (après la jungle de Champignac-en-Cambrousse et la station lunaire, c'est cette fois une île, propriété d'un milliardaire) puis ensuite, c'est une longue course-poursuite, jusqu'à une résolution providentielle (un peu trop d'ailleurs, mais ça passe. Attention quand même à ne pas systématiser ce procédé...).
Trois tomes, à chaque fois la même construction, ce n'est certes pas très original, mais Spirou renoue avec l'aventure, le dépaysement ; ce mouvement lui redonne de la fraîcheur et du suspense, de la légèreté et de l'action.
C'est au détriment de l'humour et, en cela, Vehlmann n'est pas encore parvenu à reproduire le savant mélange que réussissait si bien certains de ses prédécesseurs (comme Tome ou Franquin).  Sans doute faut-il voir dans cette histoire un premier tournant : le scénariste est plus à l'aise avec le côté bondissant du héros qu'avec ses éléments comiques. Clairement, ici, désormais, le groom-reporter est la vedette de la série et Fantasio passe au second plan : ce sera intéressant de voir si, dans l'avenir, ce positionnement sera conservé ou si leurs nouvelles aventures rééquilibreront leur duo...

Après avoir employé le Comte de Champignac et Zorglub, Vehlmann convoque cette fois Seccotine. son rôle a évolué, passant de la craquante journaliste avec laquelle se chamaillait Fantasio et qui troublait Spirou à un second rôle d'abord complice des ennemis du héros puis qui le regrette puis dont on découvre finalement qu'elle est de mèche avec un autre méchant. Cela aussi demandera à être précisé, mais ce serait dommage que Seccotine ne revienne pas vite.

La prestation de Yoann au dessin est bien meilleure que dans le tome précédent : il réussit mieux à représenter Spirou, Fantasio et Spip, mais il est encore gauche avec Seccotine (même si c'est la première fois qu'il l'anime).
Les méchants sont encore une fois traités sur une monde semi-cartoony : c'est inégal (plus abouti avec Gil Coeur-Vaillant que pour le patron de Viper, qui n'a pas un physique aussi mémorable que les meilleurs ennemis de Spirou).
La petite Ninon est craquante.
Les designs de Fred Blanchard (qui ont dû principalement concerner les décors de l'île Marmelade) sont eux aussi en net progrés (même si, à vrai dire, on se demande pourquoi Yoann ne créé par lui-même ces éléments).

Le résultat est donc plutôt encourageant : ce n'est pas encore la panacée mais il y a du mieux, incontestablement. Le prochain tome est annoncé comme un pur récit d'aventures, inspiré par Indiana Jones, avec la jungle, des temples maudits, etc. Programme alléchant, qui, espérons-le, verra pour de bon les auteurs définir la tonalité de leur run (en attendant le retour attendu du Marsupilami, que Dupuis a récupéré et qui sera la vedette du tome 55...). 

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