dimanche 2 juin 2013

Critique 398 : NEW AVENGERS (VOL. 2) #24-30 - AVENGERS VS X-MEN, de Brian Michael Bendis, Mike Deodato et Will Conrad









The New Avengers : Avengers vs X-Men est le 6ème story-arc du volume 2 de la série écrite par Brian Michael Bendis, rassemblant les épisodes 24 à 30, publiés par Marvel Comics de Juin à Novembre 2012. Les dessins sont signés par Mike Deodato (#24-30) avec Will Conrad (#24-25).
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Jessica Jones retourne au manoir des Vengeurs avec son bébé, encore bouleversée par les menaces de mort proférées par Norman Osborn, même si celui-ci a été arrêté. Elle confie à Luke Cage qu'elle ne peut plus élever leur fille dans un environnement aussi dangereux et lui demande de partir avec elles. Mais Luke lui répond qu'ils ne seront de toute façon jamais en sécurité nulle part à cause de leur situation au sein des Nouveaux Vengeurs.
Leur conversation est interrompue par l'arrivée de Captain America qui leur explique que le Phénix se dirige vers la Terre et menace de la détruire. Le chef des Vengeurs redoute un conflit avec les X-Men, qui n'envisage pas l'évènement comme un danger.
C'en est trop pour Jessica qui boucle ses valises et quitte le manoir alors que Luke part pour l'île d'Utopia, au large de San Francisco, repaire des X-Men dirigés par Cyclope. Rapidement, sur place, la situation dégénère...
Plusieurs siècles auparavant, le Yu-Ti Nu-An fait le même rêve récurrent d'une jeune fille aux cheveux roux associée à un dragon et un Phénix. Des années aprés, il découvre que cette jeune fille s'appelle Fongji et vit dans les rues de la cité céleste de K'un-L'un. Il la confie aux soins de l'Iron Fist de l'époque pour qu'il l'entraîne.
A présent, alors que Lei Kung lit ce compte-rendu, Nu-An lui révèle que le Phénix est de retour et qu'il doit en avertir l'Iron Fist actuel. Autrefois, Nu-An demanda l'aide de Léonard de Vinci en le faisant venir à K'un-L'un pour préparer le retour du Phénix et protéger la Terre contre lui. Fongji fut soumis à un entraînement intensif au cours duquel ses pouvoirs pour juguler la force du Phénix se manifestèrent. Nu-An Lui ordonna alors de combattre le dragon Shao-Lao suivant le rituel du sacre de l'Iron Fist. Fongji passa cet examen avec succès et devint une Iron Fist, peu de temps avant que de Vinci prophétisa le retour du Phénix sur Terre. Fongji était désormais capable de contrôler cette force sans être corrompu par elle, mais elle sentit aussi que la Terre n'était pas encore prête pour les changements que pourrait produire sur elle le Phénix.
Aujourd'hui, l'actuel Iron Fist, Danny Rand, raconte l'histoire de Fongji à Hope Summers et la confie aux soins de l'actuel Yu-Ti, dont les visions lui indiquent que la jeune fille doit être entraînée par Spider-Man. Le Tisseur enseigne à Hope son fameux adage selon lequel "de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités" et l'incite à réfléchir sur ce que signifierait pour elle de devenir le nouvel hôte du Phénix.
Cependant, lors d'un affrontement sur la Lune contre les Vengeurs, Cyclope, Emma Frost, Colossus, Magie et Namor ont été frappés par la force du Phénix et se partagent désormais sa puissance. Grâce à ce pouvoir, ils réforment profondément l'ordre mondial, n'hésitant pas à mater les résistants par la force. C'est ainsi qu'ils incarcèrent plusieurs Vengeurs. Luke Cage, Spider-Woman et Hawkeye tentent de s'évader et malmènent plusieurs mutants, puis quittent l'île d'Utopia - mais ils découvrent ensuite que tout cela n'est qu'un mirage, une manipulation mentale de leurs geôliers.
Pendant ce temps, Captain America organise une réunion entre les Illuminati dans l'intention de raisonner Namor, l'un des Cinq Phénix. Le Professeur Charles Xavier ressent télépathiquement les émotions de chacun des Illuminati, qui se reprochent tous de n'avoir pas maîtrisé les évènements. Reed Richards pense que les cinq Phénix ne font peut-être pas tant de mal que ça à la Terre. Le Dr Strange et Iron Man, impatients, pensent que Namor ne va pas venir au rendez-vous. Et quand le Prince des Mers apparaît enfin, seul Captain America est encore là pour lui parler - hélas ! Namor refuse toute négociation, malgré l'amitié et l'estime qu'il porte au chef des Vengeurs et leur passé commun.
La force du Phénix rend progressivement fou ses cinq hôtes, qui tombent sous les coups des Vengeurs réunis. Cyclope hérite de toute la puissance de l'entité, tue le Professeur Xavier, avant d'être vaincu à son tour grâce aux interventions conjugées de Hope et de la Sorcière Rouge.
Après la défaite de Cyclope, une partie des Nouveaux Vengeurs transfèrent Emma Frost en prison, lorsque leur véhicule est attaqué par un groupe d'anti-mutants résolu à tuer la prisonnière. Les agresseurs sont facilement neutralisés mais ce combat a fait réfléchir de manière déterminante Luke Cage. Daredevil a compris, comme il l'explique aux renforts sur place, que son ami a choisi de quitter les Vengeurs...
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Suivre les épisodes d'une série qui est annexée à une saga évènementielle comme Marvel en propose une par an désormais est un exercice qui est souvent ennuyeux, rarement enthousiasmant. Lorsque Brian Michael Bendis était à la fois l'auteur de New Avengers et de l'event annuel, il a su généralement tirer profit de la situation pour que la série n'en souffre pas trop.
Avengers vs X-Men a eu ceci de particulier que c'était une saga à la fois très longue (12 épisodes, publiés sur 6 mois) et écrite collégialement par les "architectes" de Marvel (Bendis, Jason Aaron, Jonathan Hickman, Matt Fraction et Ed Brubaker - ce dernier étant sur le départ). Le résultat, pour ce que j'en ai lu, s'est avéré un hit commercial mais une lecture très inégale, qui confirment qu'il vaut mieux un event moyen mais rédigé par un seul homme qu'un best-seller partagé par plusieurs - affaire d'unité stylistique.
Pour ma part, ces sagas ont fini par me lasser, même si j'en aimé quelques-unes (comme House of M, Civil War ou Fear Itself). Trop fréquentes, elles usent les auteurs et les artistes (pas moins de trois se sont relayés sur AvX), et cassent le rythme de parution des séries qu'elles annexent. Mais leurs succès commerciaux leur assurent un bel avenir.


Ces épisodes soulignent la difficulté de raconter quelque chose qui soit, en soi, intéressant, tout en collant aux grandes lignes de la saga principale. Les tie-in d'un event sont un peu comme des scènes coupées dans l'event lui-même, censées nous faire mieux comprendre l'importance des enjeux, mettre en valeur certains personnages sur lesquels on n'a pas le temps de s'attacher dans la saga.
De ces points de vue, New Avengers #24-30 n'ont rien de honteux : on y apprend quelques éléments supplémentaires intéressants, des liens sont établis entre plusieurs faits, se référant à des points exhumés dans d'obscurs titres Marvel (comme la connexion entre le Phénix et Iron Fist).

Mais, ensuite, sorti de cet aspect "instructif", cela fonctionne-t-il en tant que récit ? Est-ce divertissant ? La ligne narrative est-elle efficace et fluide ? A ces questions, la réponse est non.
Bendis a choisi de développer une partie spécifique de la saga en narrant la première fois que la force du Phénix et le passé de la cité céleste de K'un L'un (et donc la mythologie d'Iron Fist). Ce mélange curieux mais original entre le fantastique cosmique et le mysticisme kung-fu a du mal à passionner le lecteur (et même le fan de cosmique ou de kung-fu ou des New Avengers - si vous ne faîtes partie d'aucun des trois, vous vous ennuierez encore plus, et donc, passez votre chemin). Il s'agit d'énoncer de manière prophétique qu'une fille rousse (en l'occurrence Hope Summers aujourd'hui, Fongji hier) est la clé de l'histoire.
Le temps passé à cette partie de l'histoire peine à éveiller l'intérêt, cela traîne en longueur et produit même des moments forcés un peu absurdes (l'exemple le plus évident survient lorsque Spider-Man est désigné comme celui qui doit entraîner Hope).
Bendis n'évite pas non plus le piège, classique, prévisible, de la répétition lorsqu'il se penche sur le cas de Wolverine à un moment : bien sûr, le personnage est directement concerné par la saga puisqu'il est à la fois un X-man et un Vengeur, qu'on veut savoir quel camp il va suivre (et pourquoi), mais cela est également traité par Jason Aaron dans la série Wolverine & the X-Men.

En revanche, deux séquences relèvent le niveau de ce (trop long) arc :

- D'abord, il y a la réunion des Illuminati - Reed Richards, T'Challa, Pr Xavier, Dr. Strange, Iron Man  et Namor. Ce dernier est un des cinq mutants à avoir reçu une partie des pouvoirs du Phénix et, déjà que le bonhomme a toujours été un électron libre, son cas est encore plus épineux à présent qu'il est corrompu par cette puissance. Le dialogue entre Captain America et le Prince des Mers, autrefois alliés, amis, est un beau moment, brillamment écrit. Avant cela, les reproches adressés au Pr X pour ne pas avoir su anticiper la dérive de Cyclope (son fils spirituel) - et par extension des mutants qui lui sont restés fidèles - humanise un personnage qui a été beaucoup chargé au fil des ans (et dont le sort final dans la saga sera déterminant pour la refonte des séries Marvel).
Même si Bendis prête quelques plaisanteries un peu faciles à Tony Stark (ce qui est déplacé dans un tel contexte et ressemble grossièrement à une volonté de coller davantage à l'interprétation de Robert Downey Jr dans les films consacrés à Iron Man), la rupture consommée entre Cap et Namor et la charge contre Xavier possèdent une certaine force.

- Meilleure encore est la partie centrée sur Hawkeye, Spider-Woman et Luke Cage, qui ont été capturés et emprisonnés par les X-Men sur l'île d'Utopia. Leur tentative désespérée d'évasion, le suspense que cela génère, et le dénouement cruel de cette séquence est vraiment ce que Bendis réussit de mieux dans tout l'arc. Sans doute parce qu'il s'attache à juste quelques personnages, avec une situation dramatique forte, une ambiance sombre.

C'est tout de même bien peu. Dommage. Dommage pour la série, dommage pour le procédé - annexer des séries aux events, soit, mais sur autant d'épisodes, c'est indigeste.
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Les dessins sont assurés par Mike Deodato, seul sur 5 des 7 épisodes, et secondé par Will Conrad sur deux autres. L'artiste s'acquitte fort bien de sa tâche, même si, parfois, son traitement des décors trahit trop l'emploi de traitements informatiques (c'est particulièrement et déplaisamment remarquable dans les épisodes à K'un L'un avec De Vinci). Par contre, quand il doit illustrer des scènes aux atmosphères plus ténébreuses et tendues, comme celles de la prison d'Utopia, son style fait merveille et contribue à la réussite de l'ensemble, bonifiant encore le script.
Will Conrad n'assiste Deodato que sur quelques planches à chaque fois qu'il est crédité : on note quelques différences dans le trait, mais sans que cela ne gêne la lecture.
La colorisation de Rain Breredo est par contre excellente de bout en bout et démontre à quel point il a une influence sur le ton de ces épisodes.
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Brian Bendis prépare désormais sa sortie : son dernier arc sur la série (et sur la franchise "Avengers") va boucler la boucle avec le premier de ce deuxième volume - souvenez-vous, Daniel Drumm, le frère de Jericho, avait promis de se venger des Nouveaux Vengeurs. Suite et fin, donc, bientôt...

1 commentaire:

  1. Vraiment une série qui va grandement me manquer après les remaniements de Marvel Now :
    -La relation Luke Cage/Jessica Jones
    -Le côté Avengers version Marvel Knights
    -La sous branche Illuminati.
    Je suivais tout ceci depuis le tout début de la série mais New Avengers sans Luke Cage ni Bendis je le redis "à quoi bon !" je ne suivrai pas le relaunch confié à Hickman.
    PS : moi qui ai lu la série Immortal Iron-fist j'ai adoré cette "fusion" Phénix/Iron Fist sans compter que les dessins sont à couper le souffle ;)

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