mardi 5 février 2013

Critique 374 : THE SHADE #4, de James Robinson et Darwyn Cooke


The Shade : Family Ties (Part III) est le 4ème épisode de la mini-série créée et écrite par James Robinson, et dessiné par Darwyn Cooke, publié en Mars 2012 par DC Comics.


 "Ahh, Opal City in 1944. Was there ever such
an exciting and wonderful place ?"

The Shade, l'autre protecteur (avec Starman) d'Opal City, revient sur un épisode de son passé, révélant par là-même un secret sur sa famille. En 1944, inquiet de la menace nazie, le héros équivoque soutire à un indic, Nathan Dayne, des informations sur Darnell Caldecott, un inventeur-entrepreneur anglais établi en Amérique et qui veut lutter auprès des alliés en Europe.
Alors que Caldecott accepte de se cacher pour échapper à un assassinat, sa femme, Grace, est enlevée. The Shade fait appel au Vigilante, un justicier masqué, pour la retrouver. Mais c'est un piège ourdi par l'épouse de l'industriel qui veut hériter de sa fortune, quitte à devenir la complice des nazis.
Heureusement pour Caldecott, the Shade tient à le sauver pour des raisons personnelles et peut compter sur un autre partenaire dans la place...
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Le personnage de the Shade était un des (sinon le) seconds rôles les plus attractifs de la série Starman, écrite par James Robinson : cet individu ambigü, aux pouvoirs magiques, oeuvrait littéralement dans l'ombre, aidant Jack Knight (et avant lui son père, Ted), tout en dissimulant nombre d'informations sur les tenants et aboutissants des ennemis d'Opal City.
Son apparence même le distinguait du tout-venant : il ressemblait à un dandy inquiétant dans son costume noir, coiffé d'un haut-de-forme, et manipulant une canne. 
Néanmoins, ses origines demeuraient un mystère et son charme provenait aussi beaucoup de ce qu'on ignorait  à son sujet. Aussi, en entreprenant de lever un peu le voile sur lui avec une mini-série en 12 épisodes lancée fin 2011, James Robinson prenait un risque certain, celui d'amoindrir le charisme de son personnage.
Plusieurs graphistes, aux styles tous très différents et forts (comme Cully Hamner, Jill Thompson, Frazer Irving ou Javier Pulido), ont accompagné Robinson dans son projet (que DC l'a laissé mener à son terme, malgré des ventes décevantes). Sa collaboration au 4ème épisode avec Darwyn Cooke promettait d'être un des sommets de la série.

Pourquoi the Shade tient-il tant 
à sauver Darnell Caldecott ?

Le résultat tient toutes ses promesses avec ce one-shot, accessible sans avoir lu ce qui a précédé (y compris la série Starman) ou ce qui a suivi. James Robinson nous entraîne dans un récit plein de suspense, au rythme trépidant, à l'atmosphère envoûtante.
Personne ici n'est ce qu'il paraît être, ce que donne à voir chaque personnage surprend en permanence : the Shade est égal à lui-même et il faut attendre les dernières pages pour apprendre pourquoi il tient tant à sauver Caldecott. Avant cela, il a malmené un informateur, eu un complice auprès de l'entrepreneur (sans que ni ce dernier ni le lecteur n'aient pu le deviner), eu recours à un partenaire improbable mais efficace (le Vigilante - un vieux personnage de DC, avec un costume de cowboy, une moto et des méthodes musclés), découvert  le double-jeu de Grace, la femme de l'industriel anglais... Tout ici est masques, coups de théâtre, péripéties, jeu de dupes. Tout est aussi affaire de relations, au propre comme au figuré : relater un épisode du passé, révéler des secrets (de couple, de famille), nouer des relations avec des acolytes inattendus, dénouer un complot... Tout va très vite et en même temps il y a une densité dans l'histoire, une succession de situations : l'équilibre entre cette vitesse de narration et le nombre de rebondissements est magistral.
Robinson est vraiment à son meilleur niveau avec cet univers, ces personnages qu'il affectionne et anime enexpert. La voix-off rappelle aussi le langage appliqué dont l'auteur est capable et qui correspond parfaitement à son héros.
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Et Darwyn Cooke ? Hé bien, sans surprise, il produit des planches sensationnelles, sans donner, c'est là le plus fort, l'impression de forcer son talent. Pour l'occasion, il refait équipe avec J. Bone, son encreur sur sa reprise de The Spirit.
Comme s'il avait toujours dessiné cette série, Cooke s'empare des personnages, des décors, reconstitue l'époque, avec une économie qui ne cède jamais rien à la lisibilité et l'efficacité. Son storytelling est d'une fluidité et d'un dynamisme imparables, avec des cadres toujours simples et justes, des effets dosés impeccablement.
C'est impressionnant.
Mentions aussi pour la colorisation de Dave Stewart et le superbe lettrage de Todd Klein.
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J'ignore si, et comment, DC va compiler les douze épisodes de cette série en recueil, mais ce serait une heureuse initiative - que devrait ensuite reprendre en français Urban Comics (avec une réédition, à un prix abordable, de Starman ?).

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