lundi 25 juillet 2011

Critique 247 : POWER GIRL - A NEW BEGINNING, de Justin Gray, Jimmy Palmiotti et Amanda Conner

Power Girl : A New Beginning rassemble les 6 premiers épisodes de la série écrite par Justin Gray et Jimmy Palmiotti et illustrée par Amanda Conner, publiée en 2009 par DC Comics.
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Ce recueil comporte deux story arcs de trois épisodes chacun :

- #1-2-3 : A New Beginning -Unleashing The Beast - Gorilla Warfare. Dans cette première histoire, Karen Starr alias Power Girl s'installe à New York pour y diriger son entreprise StarrWare et recrute ses collaborateurs, des scientifiques. Tout semble bien parti pour la chef de la JSA... Jusqu'à ce que le gorille blanc intelligent, Ultra-Humanite, arrache littéralement Manhattan de terre et piège la super-héroïne dans le corps de laquelle il veut transplanter son cerveau. Avec l'aide de son amie Terra, Power Girl va s'employer à contrecarrer le plan du vilain tandis que la JSA s'emploie en ville à ramener le calme.

- #4-5-6 : Girls' Night Out - Space Girls Gone Wild, pt 1 + 2. Après avoir affronté Ultra-Humanite, PeeGee espère bien profiter du retour au calme et se met en quête d'un appartement. Mais une nouvelle fois elle part au feu : trois princesses extra-terrestres atterrissent en plein Prospect Park, bientôt suivies par leur châperon qui doit les ramener chez leur père, l'Empereur de la planète Vega-7. Pour ne rien arranger, un paparazzi a surpris Karen Starr alors qu'elle s'habillait pour combattre les visiteuses de l'espace...
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En 2009, après que Geoff Johns et Amanda Conner l'aient mis une première fois à l'honneur dans les pages de la série JSA Classified (parmi les prologues à la saga Infinite Crisis), Power Girl a droit à sa propre série, cette fois co-écrite par Justin Gray et Jimmy Palmiotti (déjà associés sur des titres comme Jonah Hex ou Uncle Sam and the Freedom Fighters).
Le résultat est un véritable ovni dans la production des comics DC (et super-héroïques en général) : pendant un an et douze épisodes (dont les six premiers sont réunis dans A New Beginning), les deux auteurs et la fidèle Amanda Conner (qui est aussi Mme Palmiotti à la ville) vont réaliser une série déconnante, à contre-courant de la tendance réaliste majoritaire.
Le personnage de Power Girl prête, il est vrai, à la plaisanterie : elle représente l'archétype de la blonde à forte poitrine et synthétise les clichés des super-héroïnes de DC (unique survivante d'une race extraterrestre, cousine d'une version alternative de Superman, à mi-chemin entre la bimbo intrépide et la femme de tête arrogante). Pourtant, dans la série JSA (et son relaunch, Justice Society of America), Geoff Johns en donne une interprétation plus sérieuse, jusqu'à en faire la chairwoman de l'équipe.
Les intrigues concoctées par Gray et Palmiotti sont délirantes à souhait, à la (dé)mesure des vilains que rencontre l'héroïne et de leurs mobiles (un gorille intelligent qui veut s'emparer de l'enveloppe charnelle de PeeGee, des jet-setteuses aliens qui veulent semer leur garde du corps). L'humour déployé par les auteurs peut s'apprécier à divers degrés, comme une parodie (le cliché de la blonde à gros seins contre des menaces débiles), une sitcom (la tentative d'une super-héroïne d'avoir une vie normale et ses relations avec sa sidekick), ou une comédie transgressive (sur la concupiscence que suscite une héroïne dont les affrontements avec ses adversaires tournent également autour du sexe - l'attirance du gorille Ultra-Humanite, le lien supposèment homosexuelle qui l'unit à Terra, le regard que portent sur elle tous les hommes).
Au rire déclenché par le grotesque des situations, il faut aussi ajouter des gags plus subtils comme ceux avec le chat de Karen, des saynètes irrésistibles auxquelles il faut être attentif car elles se déroulent souvent en arrière-plan.
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L'atout-maître de la série reste cependant Amanda Conner, artiste rare (plus productive pour signer des couvertures que des planches), qui confère au projet une touche unique. Remarquée par le comic-book The Pro, une satire très salace des super-héros (écrite par Garth Ennis), Conner est une personnalité à part, spécialisée dans le "good girl art", un mix de pin-ups outrageusement sexys et d'humour trash, qui peut être interprêté comme une forme de féminisme décontracté.
Elle excelle dans la représentation des mimiques et ses personnages ont, comme Stuart Immonen ou Kevin Maguire, une plasticité faciale irrésistible : ses planches ne sont jamais meilleures que lorsqu'elles sont découpées simplement, avec des valeurs de plan qui sont aussi efficaces au premier qu'au second niveau (l'artiste élabore minutieusement ses pages avec de nombreux petits croquis jusqu'à la version finale).
Ses scènes d'action sont peut-être moins dynamiques mais la lecture est très efficace, embellie par la colorisation de Paul Mounts qui profite de l'encrage volontairement léger de Conner.
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Tout ça donne fortement envie de se plonger dans le second volume du trio, prometteusement intitulée Aliens and Apes. Mais A New Beginning s'apprécie déjà comme un album dont le contenu atypique (agrémenté de variant covers - dont deux superbes par Adam Hughes) constitue une expérience rafraîchissante.

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