Black Widow : The Name Of The Rose rassemble les épisodes 1 à 5 de la série écrite par Marjorie Liu et dessinée par Daniel Acuña, ainsi que son prologue, Coppelia, issu de l'anthologie Enter The Heroic Age, écrit par Kelly Sue DeConnick et dessiné par Jamie McKelvie, publiés en 2010 par Marvel Comics.
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Lorsqu'on est, comme Natasha Romanoff, une très belle femme, une espionne (d'abord pour la Russie puis les Etats-Unis) et une super-héroïne (membre des Vengeurs), on accumule les raisons d'avoir de sérieux ennuis. Son passé tortueux et lointain lui a valu de nombreux ennemis, même si, après avoir été la maîtresse de justiciers comme Hawkeye, Daredevil, Hercule, elle vit aujourd'hui une belle histoire d'amour avec Bucky Barnes (le nouveau Captain America).
Mais lorsqu'elle reçoit une rose noire, la Veuve Noire comprend qu'on cherche à nouveau à lui nuire - et elle a raison : elle est gravement blessée, on lui dérobe de précieux renseignements (pourtant soigneusement cachés), elle est publiquement discréditée et bientôt recherchée par les autorités. Elle ne peut que compter sur quelques amis (certains connus comme Wolverine ou Tony Stark, d'autres moins comme Black Rose) et doit affronter de redoutables rivales (comme Elektra ou Lady Bullseye) pour découvrir qui lui en veut et pourquoi, au terme d'un long et douloureux voyage...
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Mine de rien, la Veuve Noire est une des plus anciennes héroïnes de Marvel, avec la Femme Invisible et la Guêpe, puisqu'elle est apparue en 1964 dans les pages de Tales of Suspense #52 (où se déroulaient les aventures de Iron Man). Elle n'a cependant pas été créée par Stan Lee mais par un certain N. Korok, de son vrai nom Don Rico (il écrivait sous un pseudonyme car il signait chez d'autres éditeurs des romans). A la fin du présent recueil, John Rett Thomas a rédigé une biographie bienvenue de l'héroïne, et dans le n° 63 du magazine Comic Box, un article de Xavier Fournier expliquait à quel point les scénaristes de la Maison des Idées n'avaient pendant longtemps pas vraiment su quoi faire de ce personnage.
Aujourd'hui, Black Widow figure dans deux séries à succès, comme second rôle récurrent dans Captain America et membre des Vengeurs Secrets, toutes deux écrites par Ed Brubaker. A l'occasion du passage du "Dark Reign" à l' "Heroic Age", Marvel a voulu donner à nouveau à l'héroïne sa propre série en en confiant la réalisation à une équipe créative prometteuse : la romancière Marjorie Liu au scénario et l'artiste espagnol Daniel Acuña au dessin. Cet album rassemble l'intégralité de leur collaboration, cinq épisodes, mais le titre n'a pas survécu longtemps à leur départ et a été rapidement annulé comme d'autres séries (re)lancées au même moment (Atlas, Hawkeye and Mockingbird, Thor the mighty avenger).
The name of the Rose se présente davantage comme un récit d'espionnage que comme une histoire super-héroïque, et c'est peut-être ce qui explique son échec (bien que dans un marché en crise et où, hors des franchises "Avengers"-"X-Men", ou "Spider-Man", toutes les nouveautés se plantent). C'est regrettable car cela signifie que le lectorat ne donne pas sa chance à des projets alternatifs et néanmoins accessibles, et surtout que la présence d'une bonne scénariste et d'un bon dessinateur ne garantit pas la viabilité d'une série.
Marjorie Liu accomplit un remarquable travail sur ce personnage, même si c'est un peu au détriment de l'intrigue : en effet, le script est efficace mais le choix de l'adversaire et son mobile manque de piment, Imus Champion n'étant pas vraiment un méchant assez connu (le même reproche peut d'ailleurs être adressé à Hawkeye and Mockingbird de Jim McCann et David Lopez ou Atlas de Jeff Parker et Gabriel Hardman, qui s'adressent plus à des connaisseurs qu'à des nouveaux venus). Cependant, l'écrivain réussit brillamment les séquences précédant la chute, ponctuant chaque épisode de face-à-face tendus, aux dialogues piquants (mention pour la scène dans le train avec Lady Bullseye). Liu parvient également à ponctuer l'enquête de la Veuve Noire de belles bagarres (contre Elektra ou Imus Champion). Bref, on ne s'ennuie pas une seconde et Natasha Romanoff possède une vraie voix, qui prouve qu'elle est une héroïne capable de rivaliser en charisme avec Captain America ou Wolverine.
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La partie graphique est donc l'oeuvre de Daniel Acuña, un artiste souvent balloté de série en série par Marvel, et qui a eu là l'occasion de s'exprimer sur une durée plus conséquente. Son style, fondée sur la colorisation directe, avec une palette chromatique vive, le distingue de la majorité des dessinateurs "au trait" et au réalisme classique. Mais il faut reconnaître que l'espagnol est particulièrement à son avantage avec l'héroïne, à laquelle il donne de la classe et du tempérament.
Acuña soigne également les décors, urbains ou bucoliques, et les ambiances, majoritairement nocturnes, sans noyer son dessin sous une masse de détails inutiles : c'est clair, dynamique, élégant. Un vrai régal, atypique mais accrocheur.
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Comme d'habitude, les éditions "Premiere" de Marvel sont parfaitement "packagées" : couverture dure avec une jaquette en papier glacé comme les pages intérieures, l'intérieur compte de jolis bonus - variant covers à foison, et l'épisode introductif extrait de l'anthologie Enter the Heroic Age, écrit par Kelly DeConnick et dessiné par Jamie McKelvie (intitulé Coppélia, d'un intérêt toutefois anecdotique).
Un bel album pour cinq épisodes très séduisants - c'est vraiment dommage que Liu (ayant préféré se consacrer à d'autres projets) et Acuña n'aient pas rencontré le succès que méritaient leurs efforts.
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