samedi 6 mars 2010

Critiques 134 : REVUES VF MARS 2010

X-MEN 158 :

- X-Men 512 : Les origines de l'espèce.
Je n'avais pas prévu d'acheter cette revue, n'en étant pas par ailleurs un lecteur régulier. Et puis, après l'avoir feuilleter, j'en ai fait l'acquisition, séduit par ce que j'y avais vu.
En premier lieu : cet épisode "king-size" des X-Men.
Matt Fraction a consacré au Club-X, la formation rassemblée par le Fauve pour remédier à l'extinction des mutants, ce long chapitre après les avoir traité en parallèle de la série régulière depuis quelque temps. Les voilà à pied d'oeuvre après avoir élaboré un plan qui consiste à aller dans le passé pour enquêter sur la naissance de la race mutante moderne. Leur cible est plus précisèment les parents du Dr Nemesis, basés à San Francisco en 1906.
L'attrait initial de cet épisode a été visuel : Yanick Paquette et Karl Story, le duo qui m'avait régalé sur la mini-série Terra Obscura (spin-off du Tom Strong d'Alan Moore), signent presqu'une quarantaine de planches magnifiques, comme les X-Men en mériteraient plus fréquemment (faute de quoi, on a droit à Greg Land, et trop rarement à Terry Dodson...).
La qualité des décors est bluffante, reconstituant le San Francisco du début du XXème siècle avec des éléments empruntés au "steampunk" (cet espèce de "rétro-futurisme" dont La ligue des gentlemen extraordinaires est le plus bel exemple récent).
Mais la beauté des personnages féminins est également toujours au rendez-vous avec Paquette, aussi à l'aise avec son casting masculin (en particulier avec le Fauve, Archangel ou le Dr Takiguchi).
L'encrage est d'un niveau exemplaire, à la mesure de ce qu'on peut attendre de celui qui a travaillé avec Chris Sprouse, et la colorisation de Justin Ponsor est somptueuse.
Narrativement, Fraction, qui a réussi à me faire lâcher Iron Man (bien "aidé" par Salvador Larroca), démontre sa déconcertante faculté à écrire des histoires bien plus inspirées quand il s'occupe des mutants.
La caractérisation des personnages, le rythme du récit, l'humour sous-jacent, évoquent parfois le meilleur d'un Warren Ellis. C'est un vrai régal.
Il faut espérer que l'auteur sera aussi brillant quand il sera aux commandes de Thor (qu'il va reprendre avec Pasqual Ferry - une nouvelle enthousiasmante).
- X-Men Legacy 225 : Le repli.
Le titre animé par Mike Carey m'est vraiment étranger et on l'entame avec méfiance, vu les critiques qu'il a récolté.
Pourtant, même en prenant le train en marche, cet épisode n'est pas déplaisant : on y voit un Charles Xavier, désormais écarté de ses élèves, déjouant avec efficacité la sécurité et les théories d'Exodus et ses Acolytes, engagés dans une croisade pro-mutants.
J'ai apprécié le traitement du Pr X abordé sous son meilleur angle, celui d'un redoutable stratège, capable de trouver la parade face à des adversaires supérieurs en nombre et en puissance. Ce personnage gagnerait à être utilisé plus souvent comme ceci pour avoir une place de premier choix dans le Marvelverse, au-delà de la communauté des mutants (comme Brian Bendis s'en était servi dans ses Illuminati).
Graphiquement, le travail du français Phil Briones est efficace à défaut d'être toujours impeccable : en s'encrant lui-même, son dessin reste inégal mais son découpage nerveux compense. C'est agréable à défaut d'être vraiment très bon ou même beau.
- New Mutants (vol.4) 1 : Le retour de la Légion (1).
Après plusieurs tentatives de relances, l'équipe originale des Nouveaux Mutants créée par Chris Claremont et Bob McLeod, qui fit les beaux jours de Titans (surtout lors d'épisodes mémorables illustrés par Bill Sienkewicz), renaît sous l'impulsion du talenteux Zeb Wells et du prometteur Diogenes Neves.
Il ne s'agit cependant que d'une introduction, à la fois frustrante et excitante, mais la recomposition du groupe est au coeur de l'intrigue puisqu'Ilyana Raspoutine (la soeur de Colossus) réapparaît et que deux autres membres sont portés disparus.
Ce (nouveau) début est réussi : Wells confirme tout le bien qu'a laissé voir sa mini-série Dark Reign : Elektra. Son écriture fluide et soutenue embarque le lecteur sans problème, avec uune équipe dont le rassemblement donne lieu à des scènes courtes mais intenses et énigmatiques, parfois empreintes d'humour. Les dernières pages donnent une irrésistible envie d'en savoir plus (même si je vais certainement attendre un tpb).
Diogenes Neves réalise de forts belles planches : sa manière de croquer les personnages, élégante et expressive, fait penser parfois à Olivier Coipel, et il soigne ses décors. Le découpage est simple, directe, très appréciable.
L'encrage fin de Cam Smith et Ed Tadeo et les couleurs de John Rauch contribuent également à la réussite esthétique de l'épisode.
Bilan : allez-y en confiance, c'est un numéro de belle facture.
MARVEL ICONS 59 :


- Iron Man 13 : Dans la ligne de mire (6).
Feuilleter cet épisode m'a suffi : je n'en peux plus de ces planches mochissimes et je ne compte pas sur un sursaut scénaristique pour rendre l'histoire plus intéressante.

J'ai donc décidé de zappper cette purge. Et donc de la critiquer.

- Les Nouveaux Vengeurs 53 : Bas les masques (3).
Enfin débarrassé de Bachalo, la lecture de nouveau chapitre consacré à la recherche du nouveau Sorcier Suprême est beaucoup plus agréable.

L'équipe arrive à la Nouvelle-Orléans où Madame Masque la reçoit à coups de bazooka. Là où se trouve la méchante au visage de métal, the Hood n'est pas loin : nous l'avions vu surgir chez Daimon Hellstrom, le Fils de Satan à la fin du précédent épisode, et leur affrontement va tenir ses promesses.
Pourtant, l'oeil d'Agamotto semble avoir choisi un autre successeur au Dr Strange...

Ce numéro est très réussi : Brian Bendis imprime un rythme soutenu à l'action et livre quelques dialogues vraiment drôles, où Spidey tient la vedette (un échange savoureux avec Luke Cage après que son épouse ait avoué avoir craqué sur lui au lycée, ou ce passage avec Ms Marvel et Mme Masque menaçant une otage : "Je compte jusqu'à trois. - Moi aussi, je compte jusqu'à trois. - Et si on comptait tous jusqu'à cent ?").
Le rôle de chaque Vengeur est bien défini, avec un Wolverine pressé d'en découdre, Spider-Woman soucieuse d'être efficace, Ronin et Mockingbird forcés de rester en retrait (en attendant de trouver où poser le quinjet), Cage ruant dans les brancards, ou "Bucky Cap" ("Ne m'appelle pas Bucky Cap !" répond-il au tisseur) n'hésitant pas à faire feu.
Cet arc qui a démarré mollement s'emballe de manière prometteuse.

Graphiquement, Billy Tan rend également une très bonne copie, très à l'aise dans les scènes de combat qu'il découpe avec vivacité et lisibilité.
-Captain America (vol. 5) 49 : La fille du temps.
Ed Brubaker prend du champ avec son héros pour s'intéresser à un personnage qui avait un peu disparu : Sharon Carter. Et le scénariste fait de cette parenthèse un fort bon épisode.

Hantée par son implication dans la mort de Steve Rogers, la relation compliquée avec ses parents disparus, et la passé en général, elle découvre surtout qu'elle était enceinte lors de sa captivité et est assaillie par d'inquiètants cauchemars avec Crâne Rouge et Arnim Zola.

Le scénariste excelle à transcrire le malaise qui saisit son héroïne, limitant au strict minimum les apparitions du seul personnage costumé dans son entourage (Sam Wilson, le Faucon). Des scènes courtes mais sutiles donnent au récit un tempo soutenu sans sacrifier la finesse avec laquelle l'ambiance est développée.

Visuellement, Luke Ross fournit de superbes pages - sans doute ses meilleures depuis son arrivée sur la série. L'encrage élégant de Rick Magyar et la colorisation irréprochable de Frank d'Armata confèrent à l'épisode une vraie classe.

- Fantastic Four 566 : Le maître de Fatalis (1).
L'épilogue du dyptique écossais suggérait par une ellipse que l'existence des FF avait connu de violents soubresauts et ce nouvel arc va nous éclairer à leur sujet.

Mark Millar lance, avec son énergie coûtumière, plusieurs pistes intriguantes : un Gardien d'une dimension parallèle est retrouvé sauvagement tué et Red et Jane se penchent sur l'affaire qui a certainement un lien avec l'arrivée en Latvérie des maîtres de Fatalis, le Marquis de la Mort et le Nouvel Apprenti, visiblement mécontent de leur disciple.
Pendant ce temps, Ben Grimm répond impulsivement aux provocations de l'ex-fiancé de sa dulcinée, dont les motifs d'affection semblent soudain plus troubles et fragiles...

Le début de ce nouveau récit est prenant, davantage grâce à la menace redoutable que représentent les maîtres de Fatalis (dont on a eu précédemment un aperçu de la puissance) que, il faut bien le dire, à cause des déboires sentimentaux de la Chose.
Millar met en place un danger suffisamment conséquent pour qu'on s'interroge sur la façon dont nos héros vont y faire face.

C'est l'occasion pour Bryan Hitch de produire des pages, pleines et doubles, impressionnantes, restituant tout à fait l'importance de ce qui va se jouer dans la suite. Le dessinateur a parfois été inégal depuis son arrivée sur le titre mais il retrouve sa pleine (dé)mesure et c'est prometteur.

Bilan des courses : un numéro très recommandable !
WOLVERINE 194 :

- Old Man Logan (Conclusion).
La fin de l'odyssée de Mark Millar et Steve McNiven est enfin publiée en vf, après trois mois d'interruption, dûs aux retards de la série aux Etats-Unis. Mais j'ai envie de dire que ça valait le coup d'attendre car pour ceux qui comme moi ont apprécié les 7 chapitres précédents, ce 8ème remplit son contrat.

Après avoir accompagné Clint Barton à travers une Amérique futuriste dominée par les super-vilains, Logan est revenu précipitamment chez lui pour découvrir que le gang Hulk a exterminé sa famille. Cinquante ans après s'ête juré de ne plus sortir les griffes, Wolverine renaît, résolu à faire payer les assassins de sa femme et enfants.

Millar boucle la boucle en mettant en scène un duel apocalyptique entre deux personnages qui s'étaient déjà rencontrés en se battant. Les énigmes du récit ayant été dévoilées - ce qe transportait Hawkeye, l'identité de son client, pourquoi Logan s'était retiré - , c'est l'heure des réglements de comptes.
Durant 35 pages, le scénariste nous propose un affrontement dément et barbare, sanguinolent à l'extrème, à la croisée des comics super-héroïques, du western, de l'épouvante, mais aussi de la parodie et du grand-guignol.
Si l'on n'accepte pas ces partis-pris, et que plus généralement on est allergique au style outrancier et farceur de Millar, ou qu'on a l'estomac fragile, mieux vaut passer son chemin : cela évitera les lamentations habituelles des détracteurs de l'auteur, se plaignant sans cesse de sa communication tapageuse et de ses histoires bravaches aux dialogues à la fois expéditifs et provocateurs.
En revanche, si l'on a envie d'une virée dans le grand Huit, à la fois absurde, régressif mais assumé, crépusculaire et monstrueusement beau, alors ce Giant-Size Old Man Logan est fait pour vous. Ce sont des pages comme on n'en lit que peu dans une vie de fan de comics, un spectacle ahurissant, qui flirtent avec les limites d'un genre et qui vous laissent un sentiment curieux de sidération et d'incrédulité.

Je ne crois pas, pour ma part, qu'on puisse produire un tel projet, suscitant des réactions aussi épidermiques, et être un scénariste nul, réductible à du tintamarre publicitaire. Millar me fait davantage penser à un gamin facétieux qui torture les jouets d'une grande compagnie et fait tourner en bourrique les geeks.
Par ailleurs, l'homme a montré son goût des extrèmes - et un talent indéniable - comme lorsqu'il signe un récit aux antipodes de ce run sur Wolverine avec 1985.
Concepteur roublard et cynique qui privilégie ce qui lui rapporte (ses creator-owned l'enrichissent plus que ses commandes pour Marvel) ou Dr Jekyll & Mr Hyde aux commandes de son propre univers polychrome ? Millar est peut-être d'abord un agitateur d'idées qui en en dérangeant certains révèle la complexité de son job et de son média.

Il sait aussi s'entourer de fabuleux artistes, qui doivent quand même trouver quelques qualités à ses scripts. Steve McNiven est devenu son partenaire emblématique et avec Old Man Logan, il a franchi un palier dans la virtuosité qu'on n'avait que soupçonner dans l'event Civil War.
Cet ultime épisode de la saga est l'occasion de lire des planches hallucinantes et hallucinées par un dessinateur qui consacre visiblement un temps fou à chaque image : le texte, économe, laisse tout le loisir pour s'attarder de longs moments aux détails incroyables qu'il y met et qui donne à ses cases l'apparence de gravures baroques.
Sans McNiven, cet opéra de feu et de sang n'aurait assurèment pas le même impact - et cela laisse entrevoir de grandes choses pour Nemesis, son prochain projet avec Millar.
L'artiste est méritant mais il est aussi soutenu par des complices fameux, comme Dexter Vines dont l'encrage est prodigieux ou Morry Hollowell dont la colorisation est sublime. Prenez le temps de considérer le tout dernier plan, une splash-page iconique et renversante.

Cela n'engage que moi mais cet Old Man Logan restera comme un grand moment.

- Wolverine : Graves répercussions.
Le magazine se clôt par ce mini-épisode... Qui est aussi dispensable que différent de celui annoncé au sommaire.

Ecrit par un Todd Dezago transparent et mal dessiné par l'ignoble Steve Kurth, on ne voit pas bien à quoi il peut servir sinon à faire que la revue compte bien ses 48 pages. Mais Panini peut nous épargner ce genre de bonus, on ne leur en voudra pas.

Je n'ai pas prévu beaucoup d'achats en kiosque ce mois-ci, mais ce numéro de Wolverine a de quoi combler le manque.

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