lundi 8 mars 2010

Critique 135 : UMBRELLA ACADEMY 2 - DALLAS, de Gerard Way et Gabriel Bã



Umbrella Academy 2 : Dallas rassemble les six nouveaux épisodes de la série, faisant directement suite à Apocalyse Suite, plus un court récit extrait de Dark Horse Presents 12, tous écrits par Gerard Way et illustrés par Gabriel Bã, publiés en 2008-2009 par Dark Horse.
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Juste après l’Apocalypse avortée de l'orchestre Verdammten, dont Vanya Hargreeves était devenue l'instrument une fois transformée en White Violin, et au cours de laquelle leur mentor Pogo a trouvé la mort, les cinq autres enfants adoptifs du Monocle ont le moral dans les chaussettes.
Rumeur a perdu sa voix, Spaceboy devient obèse avachi devant la télé, Séance tente d'oublier le drame dans diverses frivolités. Mais Kraken, lui, enquête sur les voyages temporels de Numéro 5, traqué par une mystérieuse organisation, la Tempus Aeternalis - dont la mission consiste à "corriger" des "anomalies" historiques...
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Après un premier opus particulièrement réussi et prometteur, récompensé d'un Eisner Award, le retour d'Umbrella Academy était attendu avec un mélange d'excitation et d'appréhension. Ses auteurs allaient-ils transformer l'essai ?
Ne faisons pas durer le suspense et répondons tout de suite affirmativement à cette interrogation, en ajoutant même que ce deuxième tome est peut-être encore plus abouti et délirant que le précédent.
Gerard Way a certes improvisé, avouant dans la postface de l'album n'avoir qu'une vague idée de scénario, mais cela l'a libéré. Sa famille de super héros (7 êtres extraordinaires nés le même jour et pris en charge par un excentrique savant richissime dans le but de sauver le monde) présentée, le chanteur de My Chemical Romance s'est surpassé dans l'extravagance en développant des éléments comme les monstres mécaniques, les extra-terrestres, les voyages dans le temps, et autres créatures et inventions du même acabit.
La folie assumée et totale du récit est irrésistible et le rythme effrénée ne laisse pas le loisir de se questionner sur l'aspect "too much" de l'entreprise. On finit cette lecture avec le même sentiment qu'à la fin du tome 1, en ne sachant pas plus que l'auteur comment, la prochaine fois, il pourra aller encore plus loin, faire si fort. Mais cette incertitude fait partie intégrante du charme foutraque de la série.
Alors que La Suite Apocalyptique reposait sur une alternance de séquences au passé et au présent et sur les retrouvailles du groupe de héros à l'âge adulte, Dallas se concentre davantage sur le personnage énigmatique de Numéro 5 et les conséquences de ses actions sur la véritable Histoire de l'humanité au XXème siècle.
En dévoilant la véritable nature de ce protagoniste au corps d'enfant mais aux capacités de génie et de tueur imbattable, la dynamique de l'équipe est redéfinie : d'abord sous le choc de la perte de leur ami, le singe Pogo, elle se rassemble une nouvelle fois mais traversée par des tensions encore plus vives et transformée physiquement et psychologiquement.
Way maltraite ses créatures de manière si radicale que cela provoque plus le rire que la plainte, comme lorsqu'il fait de l'orgueilleux Spaceboy un dépressif bouffi par la junk-food ou de Séance une espèce de fashionista ahuri. Les blessures qu'il a infligées aux autres académiciens les ont dôtés d'unn caractère encore plus prononcé, comme Rumeur et Kraken dont la curiosité vis-à-vis de N°5 sert de véritable moteur à l'intrigue.
C'est de la caractérisation sauvage, à la hussarde, mixée à un sens de la narration plutôt remuant, mais je défie quiconque de s'ennuyer avec ces procédés !
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Si les expérimentations scénaristiques pourront déconcerter, en revanche, le dessin de Gabriel Bá devrait mettre tout le monde d'accord tant l'artiste argentin s'est une nouvelle fois surpassé.
Grâce un découpage ultra-dynamique et des inventions graphiques à la fois simples et efficaces (comme ce passage au paradis, ou la représentation du Vietnam), il donne une énergie fabuleuse au récit, s'émancipant de ses influences "Mignolesques".
Ce n'est plus une révèlation mais la confirmation d'un des talents les plus singuliers, sans lequel cette BD n'aurait assurèment pas le même charme.
Il faut aussi saluer la contribution de Dave Stewart dont la palette de couleurs vives convient idèalement à ce projet et à la personnalité de ses auteurs.
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Prévue pour former une vaste fresque, Umbrella Academy a encore bien des merveilles et bizarreries à proposer : souhaitons à Way et Bà de rester aussi inspirés après ces deux premiers volets de belle facture.

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