vendredi 15 décembre 2023

THE IMMORTAL THOR #5, de Al Ewing et Martin Coccolo


Ce cinquième épisode de The Immortal Thor conclut le premier arc de la série écrite par Al Ewing et dessinée par Martin Coccolo. Et c'est un vrai kif ! Ce run est parti sur les chapeaux de roues et en cinq numéros il s'est déjà passé énormément de choses. Le scénariste et son artiste ont redonné tout son lustre au dieu du tonnerre et ce n'est sûrement pas prêt de s'arrêter.


Face à Toranos, Thor, Loki, Jane la Valkyrie, Beta Ray Bill et Tornade déchaînent leurs forces augmentées par Mjolnir. Mais la bataille semble perdue quand le géant s'empare du marteau enchanté. Sauf que Thor a retenu les leçons de Loki et emploie alors la ruse pour faire la décision...


Bon sang ! Al Ewing est vraiment fort ! Même si le scénariste avance sans tambour ni trompettes, il se trompe rarement et construit à l'intérieur de l'univers Marvel une oeuvre des plus intelligentes et des plus efficaces. En la matière, c'est devenu un auteur sur qui on peut compter.


De tous ses projets, The Immortal Thor est sans doute actuellement le plus ambitieux car non seulement il se mesure à son propre run sur Immortal Hulk mais aussi parce qu'il passe après Donny Cates qui n'a pas franchement brillé pour animer le dieu du tonnerre (quand bien même, sur la fin, il n'a pas été en mesure d'achever dignement son run).


Pourtant, Ewing avance avec l'assurance des conteurs qui savent où ils vont et qui ont quelque chose à dire, un vrai projet. Dans ce domaine, il n'y a guère, chez Marvel, que Jonathan Hickman à qui il peut être comparé pour ce sens de l'anticipation mais aussi pour la maîtrise dont il fait preuve.

Sans vouloir en rajouter et être méchant, lorsqu'on a lu ce premier arc de The Immortal Thor, on voit la différence entre quelqu'un qui ne se contente pas de gagner du temps parce qu'il n'a pas l'air de savoir quoi raconter et comme Jeremy Adams sur Green Lantern et Ewing qui s'empare d'une série avec un plan solide et des épisodes bien remplis.

L'intrigue qui a vu Thor affronter Toranos n'est pas finie, c'est certain on entendra à nouveau parler d'autres titans de cette envergure. Le scénariste ne le cache pas : son intention n'est pas de revenir sur ce qu'a écrit avant lui Jason Aaron par exemple mais de traiter de front le Thor souverain et de lui opposer des problèmes dignes de son rang de nouveau Père-de-tout.

Dans cette optique, on saisit mieux pourquoi il a démarré aussi fort avec un adversaire aussi puissant. Ce qui ne veut pas dire qu'on va obligatoirement vers une surenchère divine, comme le suggèrent les fins de l'épisode précédent et de celui-ci, voyant le retour de deux anciens ennemis classiques de Thor.

Tout le talent de Ewing est de s'inscrire à la fois dans une tradition, de respecter un héritage, tout en faisant évoluer le héros, en l'éprouvant à hauteur de ce qu'il est devenu et sur lequel il ne compte donc pas revenir. En ce sens, son run poursuit ce que Aaron et même Cates ont apporté, mais à sa manière, sans servilité. L'utilisation du Corps des Thors illustre tout ça parfaitement, convoquant des seconds rôles qui ont une familiarité avec Thor et qui peuvent donc légitimement apparaître dans sa série.

Mais Ewing est aussi très fort dans sa manière de lier ses séries sans que le lecteur qui ne les suit pas toutes ne soit pas handicapé. Des mentions discrètes sont faites à X-Men Red (via Tornade et la guerre qui se déroule actuellement sur Arakko, positionnant dans le temps la série) mais aussi à Avengers Inc. (via le retour d'un des ennemis classiques). Tout reste compréhensible si on n'a pas lu l'une ou l'autre et en même temps cela tisse des liens entre les différents titres par le jeu de dettes que Thor a envers Tornade ou Jane la Valkyrie. C'est brillant.

Ewing a aussi la chance pour cette relance de Thor de profiter du talent émergeant de Martin Coccolo. L'artiste fait forte impression par sa rigueur dont il fait preuve, alignant cinq épisodes de haut vol. Son sens du grand spectacle ne trahit pas un seul instant le fait qu'il a finalement peu d'expérience à ce niveau. 

Mais surtout, comme son scénariste, il a su tirer profit à la fois de sa fraîcheur et de ses références. Il est impossible en admirant ses planches, colorisées magistralement par Matthew Wilson, de ne pas y voir du Olivier Coipel. Thor, sous le crayon de Coccolo, renoue avec le côté taurin qu'avait donné le français au dieu du tonnerre, plus force de la nature que body-builder. Mais cette influence n'est jamais écrasante car Coccolo a ses propres qualités, avec sans doute une exigence plus affirmé que son prédécesseur pour les décors.

Le découpage rend justice avec brio à la démonstration de force que met en scène cette bataille dont la démesure a quelque chose d'à la fois terrifiant et de magnifique, comme peut l'être un orage zébré d'éclairs. Je ne vois guère que Daniel Sampere sur Wonder Woman qui m'ait fait une si forte impression récemment en s'appropriant un personnage aussi iconique, sans doute parce que l'un comme l'autre ont un amour visible pour leur héros. Et du talent à revendre.

Quoiqu'il en soit, quand The Immortal Thor sera traduit en France, n'hésitez pas à le suivre : c'est éblouissant et jubilatoire. Vite, la suite !

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